Culture

Le 28e SILA referme ses portes sur un bilan record

Plus de 5,6 millions de visiteurs ont foulé les allées du Palais des Expositions durant dix jours d’activités culturelles intenses

Le rideau est tombé samedi soir sur la 28e édition du Salon international du livre d’Alger (SILA), événement culturel majeur qui a mobilisé pendant dix jours un public passionné au Palais des Expositions des Pins-maritimes. Avec plus de 5,6 millions de visiteurs, 1254 maisons d’édition venues de 49 pays et 140 000 titres proposés, cette édition placée sous le signe « Le livre, carrefour des cultures » confirme l’engouement des Algériens pour la lecture et la culture. La ministre de la Culture et des Arts, Malika Bendouda, qui a présidé la cérémonie de clôture à la salle des conférences Assia-Djebar, n’a pas manqué de souligner l’ampleur du succès. « Cette 28e édition du SILA s’est distinguée par une participation exceptionnelle et un contenu intellectuel et culturel riche », a-t-elle déclaré, ajoutant qu’elle a donné « une image reluisante de l’Algérie de la culture, une Algérie qui lit, pense et communique ». Revenant sur l’affluence record, la ministre a estimé que « ce chiffre ne reflète pas seulement le succès de la manifestation mais traduit la soif de savoir et de connaissance de la société toute entière, ainsi que la place de la lecture dans l’esprit de la nation algérienne ». Organisée sous le haut patronage du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, cette édition a accueilli la Mauritanie en tant qu’invité d’honneur. Le commissaire du Salon, Mohamed Iguerb, a relevé un pic d’affluence de 850 000 visiteurs enregistré le 6 novembre, témoignant de l’engouement populaire pour cet événement devenu incontournable dans le paysage culturel national. Jusqu’au dernier jour, les visiteurs ont continué à affluer, profitant des remises allant jusqu’à 40% proposées par de nombreux exposants, a constaté l’APS. 

Un espace de débats

Au-delà de l’aspect commercial, le SILA s’est affirmé comme un espace de réflexion et de débat. Une trentaine d’activités ont marqué cette édition, axées notamment sur la mémoire, l’histoire et l’identité, la littérature et ses symboles, ainsi que la créativité et l’édition à l’ère de l’intelligence artificielle. Des conférences-débat sur les causes de libération et les peuples en lutte, en particulier les peuples palestinien et sahraoui, ont ponctué le programme, mettant également en lumière les crimes de la France coloniale, notamment les massacres du 8 mai 1945. Le Salon a célébré le centenaire de la naissance de l’écrivain et militant anticolonialiste Frantz Fanon, tout en consacrant une conférence à l’Émir Abdelkader. Un colloque international intitulé « L’Algérie dans la civilisation » a réuni une pléiade d’écrivains, d’intellectuels et d’universitaires de renom, algériens et étrangers. Des hommages aux écrivains Rachid Boudjedra et Abdelhamid Benhadouga ont également été rendus lors de cette édition.

Hommages

La journée de clôture a été marquée par une conférence poignante rendant hommage à plusieurs écrivains, journalistes et éditeurs algériens décédés en 2024 et au courant de cette année. Parmi les personnalités honorées figure l’écrivain et polymathe Mohamed Salah Nacer, décédé en août dernier après une carrière prolifique dans les domaines de la fiction, de la poésie, de la critique littéraire, du patrimoine, du journalisme et de l’histoire. Le journaliste et intellectuel Nordine Azzouz, figure emblématique du journalisme disparu en mai dernier, connu pour son intérêt pour les dossiers internationaux, a également été célébré. Le commissariat du salon a aussi rendu hommage au journaliste, romancier et critique de cinéma Djamel Eddine Merdaci, décédé en juillet dernier, dont la disparition a laissé un grand vide dans le paysage médiatique et littéraire. Le poète Abdelmadjid Kaouah, qui comptait à son actif plus de vingt recueils de poésie et avait contribué à la réalisation d’une anthologie sur la poésie algérienne d’expression française, a été honoré, tout comme l’écrivain et romancier Ismail Ghmoukat, décédé en octobre dernier, pour ses contributions importantes dans les domaines du roman et du théâtre. Parmi les autres personnalités commémorées figurent l’écrivain, conteur et traducteur Boudaoud Amier, disparu fin 2024 et connu pour ses nombreuses traductions et recherches littéraires, le poète et journaliste Youcef Merahi, l’écrivaine et poétesse Djoher Amhis, l’écrivaine et intellectuelle Fadila M’rabet, la poétesse Hmama Laamari, l’éditrice Samia Zennadi, ainsi que le romancier et journaliste Abdelaziz Benmahdjoub, connu sous le nom de « Habib Ayoub », également chercheur en sociologie.

La cérémonie de clôture a également été l’occasion de remettre le prix « Mon premier livre » 2025 aux lauréats, en présence de représentants d’instances nationales et du représentant de l’ambassade de la République islamique de Mauritanie en Algérie. Des institutions et établissements culturels ont pris part à ce salon avec différents programmes de rencontres, à l’image du ministère de la Culture et des Arts, l’Assemblée populaire nationale et le Conseil de la nation, l’Office national des droits d’auteur et droits voisins, le Haut conseil de la langue arabe, le Haut-commissariat à l’Amazighité et le Centre national de recherche en sociologie culturelle. Dans son allocution, Malika Bendouda a insisté sur la dimension stratégique de la lecture pour l’avenir du pays. « Le projet de la lecture n’est pas un évènement conjoncturel mais une orientation nationale que nous œuvrons à consacrer à travers une vision ambitieuse et globale visant à faire de la lecture une pratique quotidienne dans la vie des Algériens », a-t-elle affirmé, soulignant que le livre « demeure en tête des priorités du ministère de la Culture et des Arts car les enjeux sont importants et le défi encore plus ». La ministre a également participé au lancement de « La caravane de la connaissance », initiative visant à prolonger l’esprit du SILA au-delà des murs du Palais des Expositions.

Mohand Seghir

admin

admin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *