Des objectifs ambitieux fixés pour 2030 : 1,4 million d’emplois dans l’artisanat
Le secteur de l’artisanat emploie directement plus de 1,4 million de personnes et contribue à hauteur de 400 milliards de dinars au PIB national, a révélé dimanche le directeur général de la Chambre nationale de l’artisanat et des métiers (CNAM), Abdelkrim Berki. Des chiffres qui témoignent du poids économique considérable d’un secteur souvent sous-estimé dans l’économie nationale, qui compte aujourd’hui 470 266 artisans et artisanes à travers le pays.
Invité de l’émission « L’invité du jour » de la Chaîne 3 de la Radio algérienne, Abdelkrim Berki a présenté les performances actuelles du secteur tout en affichant des ambitions à la hauteur de son potentiel. « On ne va pas s’en réjouir pour autant, car nous aspirons à mieux », a-t-il déclaré, soulignant que les résultats actuels ne constituent qu’une étape dans le développement de cette filière stratégique pour l’emploi et la création de richesses. La feuille de route de la CNAM, élaborée sous la houlette de la tutelle, fixe des objectifs ambitieux à l’horizon 2030. Le secteur vise à porter le nombre d’artisans à 700 000, soit une augmentation de près de 50% par rapport aux effectifs actuels, et à créer 2 millions de postes d’emploi. Cette croissance devrait s’accompagner d’une contribution renforcée au PIB national, avec un chiffre supérieur à 400 milliards de dinars. Ces objectifs s’inscrivent dans une stratégie de diversification économique et de valorisation du patrimoine culturel algérien, tout en répondant aux défis de l’emploi dans un contexte de transition économique. Le Salon international de l’artisanat traditionnel 2025, qui se tient du 9 au 15 novembre, constitue une vitrine privilégiée pour mesurer la vitalité du secteur. Cette édition, placée sous le thème « L’artisanat traditionnel algérien : héritage, authenticité et créativité artistique », coïncide symboliquement avec la célébration de la Journée nationale de l’artisan. L’événement réunit 334 artisans, dont 264 algériens et 70 artisans étrangers provenant de 12 pays, offrant ainsi une plateforme d’échanges et de promotion tant au niveau national qu’international. Au-delà de la dimension commerciale, le salon se distingue par une approche intégrée associant l’ensemble des acteurs institutionnels gravitant autour de l’artisanat. « Il y aura également la présence des institutions et ministères qui gravitent autour de l’artisanat tels que le ministère de la Formation professionnelle, celui des start-up, de l’Enseignement supérieur, ou encore le ministère de la Formation professionnelle, ainsi que des dispositifs d’aide comme la NESDA et l’ENGEM », a précisé Abdelkrim Berki. Trois journées d’étude sont également programmées en parallèle des activités commerciales, permettant une réflexion approfondie sur les enjeux et perspectives du secteur. La modernisation constitue l’un des axes majeurs de la transformation du secteur. Interrogé sur cette question, le directeur général de la CNAM a mis en avant les progrès réalisés en matière de numérisation. « La numérisation bat son plein dans ce segment », a-t-il affirmé, détaillant les innovations introduites. La digitalisation de la carte d’artisan représente une avancée significative dans la professionnalisation du secteur. « Cette carte, avec un QR code qui permet d’avoir beaucoup d’informations et permet aussi l’exploitation des institutions autres que les nôtres », a-t-il expliqué, soulignant la dimension collaborative de cet outil numérique. Les bénéfices de cette modernisation administrative sont multiples. « Cette carte, digne de ce nom, nous permet également d’avoir une traçabilité et suivre le cursus de notre artisan jusqu’à la retraite. Elle facilite aussi la collecte des statistiques et leurs analyses afin d’avoir des chiffres fiables », a précisé Abdelkrim Berki. Au-delà de l’aspect administratif, cet outil revêt une dimension importante. « Elle nous permet même de prévoir quelles sont les activités qui risquent d’être en difficulté afin de prendre les mesures nécessaires », a-t-il ajouté, illustrant comment la digitalisation permet une gestion prospective du secteur et une anticipation des défis. La modernisation ne se limite toutefois pas aux aspects administratifs. Le responsable de la CNAM a lancé un appel aux artisans pour qu’ils intègrent l’innovation dans leur démarche créative et productive. Il les a exhortés à « apporter une touche de modernité dans leurs produits et dans leur manière de travailler, suivre l’évolution et les envies et les besoins du client pour que leurs produits puissent être visibles et accessibles à l’international ». Cette ouverture sur les marchés extérieurs nécessite cependant un équilibre subtil entre tradition et innovation. « L’artisan doit impérativement garder l’identité, le patrimoine, les mœurs, les traditions et l’identité de son produit, et en même temps ajouter cette touche de design et de modernité qui permet l’accessibilité de son produit surtout au marché international », a préconisé Abdelkrim Berki.
Samir Benisid

