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Soudan : La situation demeure critique au Darfour du Nord

La situation dans l’État soudanais du Darfour du Nord demeure instable après la prise de contrôle d’El Facher par les Forces de soutien rapide le 26 octobre, exposant les civils à des violences systématiques, ont déclaré mardi les responsables humanitaires de l’ONU. Si les affrontements majeurs ont cessé, des combats sporadiques et des activités de drones se poursuivent dans la région, exposant les populations civiles au pillage, au recrutement forcé et à la violence sexuelle, a indiqué le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires. Près de 89.000 personnes ont fui El Facher et ses environs depuis fin octobre, beaucoup d’entre elles arrivant dans la localité de Tawila après avoir marché pendant des jours sous la menace de violences. L’ONU, en collaboration avec des partenaires locaux et des organisations non gouvernementales internationales, fournit à ces déplacés de la nourriture, de l’eau, des installations sanitaires, des soins et un soutien psychosocial, même si les besoins continuent de dépasser les ressources disponibles. Le sous-secrétaire général des Nations unies aux affaires humanitaires, Tom Fletcher, est arrivé mardi à Port-Soudan, dans l’extrême nord-est du pays, où il a rencontré les autorités, les partenaires humanitaires et la communauté diplomatique. Les partenaires humanitaires ont signalé que plus de 12.000 personnes ont cherché refuge dans l’État oriental du Nil Blanc depuis fin octobre, soit une moyenne de 700 personnes par jour. L’OCHA a réaffirmé que les civils doivent être protégés et que les travailleurs humanitaires doivent bénéficier d’un accès sûr et durable pour acheminer l’aide à travers les lignes de front. L’ONU Femmes a pour sa part condamné les violences faites aux femmes soudanaises dans la région d’El Fasher, affirmant que le viol y est utilisé délibérément et systématiquement par les Forces de soutien rapide. L’organisation onusienne a reçu des informations faisant état d’atrocités, notamment des exécutions sommaires et des violences sexuelles, et que des preuves de plus en plus nombreuses montrent que le viol est utilisé délibérément et systématiquement.

Des femmes ont témoigné avoir souffert de la faim, des déplacements forcés, des viols et des bombardements à El Fasher, épicentre de la dernière catastrophe au Soudan, a déclaré Anna Motafati, directrice régionale de l’organisation pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe. Les femmes nous racontent que durant leurs périples éprouvants, chaque pas pour aller chercher de l’eau, ramasser du bois ou faire la queue pour de la nourriture comportait un risque élevé de violences sexuelles, a-t-elle poursuivi. Face à cette situation dramatique, la violence doit cesser et l’accès humanitaire doit être élargi de toute urgence, a insisté la responsable onusienne, affirmant que des milliers de femmes et de filles ont fui la ville face à la détérioration de la situation, se réfugiant dans d’autres régions du Nord-Darfour, notamment à Tawila, à environ 70 kilomètres de là, à Korma et à Mellit.

Par ailleurs, une organisation soudanaise de défense des droits humains a accusé mardi les Forces de soutien rapide d’avoir transféré des centaines de civils détenus et de soldats capturés d’El-Fasher vers des prisons de Nyala, capitale du Darfour-Sud. L’organisation non gouvernementale Emergency Lawyers a déclaré dans un communiqué que les FSR ont transféré arbitrairement des centaines de civils et de militaires prisonniers d’El-Fasher vers des centres de détention à Nyala après avoir pris le contrôle de la ville, en violation du droit international et des principes de la justice pénale. L’association a ajouté que les prisons détiennent des dizaines de personnes dans des conditions sanitaires et humanitaires déplorables, ce qui a entraîné l’aggravation de nombreux cas et la mort d’autres personnes, victimes de la faim, de mauvais traitements et du manque de soins médicaux. Elle appelle à la libération immédiate des civils et au rejet de tout procès ou accusation, exhortant le Comité international de la Croix-Rouge à remplir son rôle en visitant les centres de détention, en assurant la sécurité des détenus, en garantissant le respect du droit international humanitaire et en fournissant l’assistance juridique et humanitaire nécessaire.

Avec la chute d’El-Fasher, les FSR ont pris le contrôle des cinq États du Darfour, à l’ouest du Soudan sur 18, tandis que l’armée contrôle la majeure partie des 13 autres États du sud, du nord, de l’est et du centre, y compris la capitale, Khartoum. La région du Darfour représente environ un cinquième du territoire soudanais, mais la plupart des 50 millions d’habitants du pays vivent dans des zones contrôlées par l’armée. Depuis le 15 avril 2023, l’armée soudanaise et les FSR sont engagées dans une guerre que les médiations régionales et internationales n’ont pas réussi à résoudre. Ce conflit a fait des milliers de morts et des millions de déplacés.

L.S.

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