Kebbal, entre devoir et ambition collective pour les Verts

À quelques jours du coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations au Maroc, le milieu offensif de l’équipe nationale algérienne Ilan Kebbal s’est longuement confié à Carré, livrant sans détour son état d’esprit, ses émotions liées au maillot des Verts et sa vision d’une compétition qu’il aborde avec lucidité et détermination. Un échange qui révèle un joueur habité par le sens du devoir envers son pays et conscient de l’ampleur de la mission qui attend la sélection nationale. Malgré l’approche imminente du tournoi continental, l’international algérien surprend d’abord par sa capacité à rester concentré sur le présent. « Personnellement, pour le moment, je me concentre en club. Je n’ai pas encore la tête à ça », explique le joueur de 27 ans, refusant de se projeter trop tôt dans l’événement. « Le jour où je serai là-bas avec la tenue et que la compétition va commencer, c’est là où ton cerveau va switcher », ajoute-t-il, convaincu que l’émotion et l’adrénaline viendront naturellement une fois sur le sol marocain, lorsque les choses sérieuses débuteront réellement. Revenant sur ses débuts avec la sélection nationale, Kebbal évoque des souvenirs qui restent gravés dans sa mémoire avec une intensité particulière. La première fois qu’il a porté le maillot national demeure un moment fondateur de sa carrière. « Ça m’a fait une sensation incroyable de rentrer sur le terrain avec le maillot. Le stade était plein, en plus il y avait la qualification à la Coupe du monde », se souvient-il avec émotion. Une fierté immense qu’il a partagée avec ses parents, soulignant l’importance familiale de cet accomplissement. « On est une famille pudique, mais je pense surtout à la fierté pour mes parents », confie-t-il. Pour le milieu offensif, les émotions vécues avec l’équipe nationale sont d’une nature totalement différente de celles ressenties en club. « Le club et le pays, tu ne peux pas les comparer. Tu te bats pour un pays », insiste-t-il avec force. Cette distinction fondamentale structure toute son approche du maillot national et définit l’engagement qu’il met sur le terrain. « Quand tu arrives à Alger, dès que tu atterris de l’avion, tu sais que tu es en mission. Tu te bats pour le peuple », poursuit Kebbal, résumant en quelques mots la responsabilité qui pèse sur les épaules de chaque international algérien. Cette conscience aiguë de représenter tout un peuple forge mentalement le joueur et donne une autre dimension à son engagement, transformant chaque match en un devoir presque sacré.

Le joueur ne cache pas non plus son admiration profonde pour le public algérien, dont le soutien indéfectible constitue une source de motivation permanente. « Tous les stades étaient exceptionnels. Même dans la rue, les gens sont là », souligne-t-il, évoquant cette relation presque familiale, viscérale, qui unit les joueurs aux supporters. « Eux, ils sont là pour nous supporter, mais nous, on se bat pour eux », explique Kebbal, définissant ainsi un contrat moral tacite entre l’équipe et son public, une symbiose qui transcende le simple cadre sportif pour toucher à quelque chose de plus profond, ancré dans l’identité collective.

Concernant les objectifs de l’Algérie pour cette CAN-2025, le discours est clair, ambitieux mais empreint de réalisme. « L’objectif, quand on est l’Algérie, c’est d’aller au bout », affirme-t-il sans détour, tout en reconnaissant la difficulté de la tâche. « On sait que ça sera très difficile. Il y a au moins cinq ou six nations qui jouent la gagne », tempère-t-il, conscient que la concurrence sera féroce. La phase de poules, qui verra les Verts affronter le Soudan, le Burkina Faso et la Guinée équatoriale, n’inspire aucune confiance excessive au milieu offensif. « La CAN, c’est sauvage. Si tu ne mets pas les ingrédients, tu te fais punir », prévient-il, rappelant que la compétition africaine ne pardonne aucune approximation et que chaque match doit être abordé avec le maximum de sérieux et d’engagement.

M.D.