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Annaba en proie à la pollution plastique : Entre récupération anarchique et recyclage défaillant

Entre récupération anarchique et recyclage défaillant, les déchets plastiques envahissent de plus en plus la wilaya d’Annaba, transformant l’environnement urbain en dépotoir à ciel ouvert.

Le phénomène de la collecte clandestine du plastique prend de l’ampleur dans la wilaya d’Annaba et demeure un véritable casse-tête environnemental. La récupération du plastique et son recyclage riment avec chaos urbain. La pollution par les déchets plastiques continue d’asphyxier la ville. Si l’Assemblée Populaire Communale peine à gérer ce fléau, l’activité des récupérateurs de déchets, censée être une alternative écologique, contribue paradoxalement à l’aggraver. Malgré l’existence de nombreuses techniques de recyclage des déchets plastiques, notamment les polyéthylènes, polystyrènes, polypropylènes, polychlorure de vinyle ou acrylonitrile butadiène styrène, seuls 2% du plastique collecté sont réellement recyclés en Algérie. Cette faiblesse s’explique par la complexité de l’opération, les matériaux étant souvent mélangés et difficiles à traiter, selon Zohir KH., biochimiste à l’université Badji Mokhtar d’Annaba. Parmi les plastiques recyclables à l’infini, le polytéréphtalate d’éthylène présent dans les bouteilles d’eau est le plus exploité.

Dans la wilaya, plus de 22 entreprises se sont spécialisées dans la récupération et le recyclage des déchets domestiques, notamment les bouteilles en plastique composées principalement de PET. Sur les quelque 540 tonnes de déchets produites chaque jour, seules 50 à 60 tonnes sont récupérées, soit environ 10%, et le plastique recyclé représente à peine 2 à 3%. La moitié de ces entreprises, faute de moyens financiers suffisants, se sont spécialisées uniquement dans la récupération des déchets domestiques et leur exportation vers l’étranger.

Ces entreprises, concentrées à Sidi Amar, El Bouni et Annaba, exportent une grande partie de leurs produits recyclés vers la Tunisie et l’Union européenne. Si cette activité a généré des emplois et des revenus pour des centaines de récupérateurs, elle a également contribué à la détérioration de l’espace urbain. L’intervention de ces unités de transformation reste limitée dans la mesure où l’incivisme des citoyens, ajouté au manque de moyens mis à la disposition des collectivités locales, font que les ordures ménagères et autres déchets s’entassent partout dans la ville, à l’exception du centre-ville et de ses environs immédiats.

Cette situation se vérifie également au niveau des communes avec, en plus, des animaux circulant librement sur les voies principales. Chiens errants, vaches et moutons laissent derrière eux des traînées de déjections, ce qui ajoute à la saleté ambiante qui enveloppe les cités. À cela s’ajoutent les pratiques des collecteurs de plastiques qui fouillent les bacs à ordures et les décharges pour récupérer bouteilles, cartons et autres déchets solides qu’ils revendent ensuite aux entreprises de recyclage.

Cette pratique peu écologique se traduit par des bennes vidées sur les trottoirs, des sacs éventrés et des traînées de déchets organiques abandonnées sur place. Cette situation résulte du manque de moyens mis à la disposition des assemblées communales pour permettre le tri sélectif au niveau des décharges et des bennes à ordures, ce qui complique la tâche des agents communaux et de l’entreprise Annaba Propre.

La récupération des déchets domestiques, initialement conçue comme une solution écologique, révèle ainsi un paradoxe troublant : elle crée des revenus et de l’emploi, mais contribue simultanément à la pollution et à la désorganisation urbaine. La gestion des déchets plastiques pose un véritable problème à Annaba, où l’environnement demeure sérieusement menacé par la prolifération incontrôlée des déchets plastiques.

Sofia Chahine

admin

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