Prix des produits alimentaires : Revoir les mécanismes de régulation
L’agro-économiste, Ali Daoudi, explique la hausse des prix sur nos marchés par l’inflation surles produits sur les marchés internationaux.
Les prix sont en train d’augmenter de manière considérable sur les marchés mondiaux depuis le début de l’année 2021. Une tendance qui s’est accélérée vers le mois de mai avant un relatif fléchissement qui n’a pas pu compenser l’augmentation enregistrée, a indiqué hier à la Radio nationale Chaîne 3, l’agro-économiste Ali Daoudi. Celui-ci a d’ailleurs fait le parallèle avec la tendance haussière des prix enregistrée en 2011. L’expert expliquera que cette hausse est due à plusieurs paramètres dont notamment la hausse de la demande suite à la reprise de l’économie mondiale en Chine, aux États-Unis et en Europe. Les niveaux d’inflation très hauts dans plusieurs pays comme les États-Unis et l’Europe est également en partie derrière cette tendance haussière en plus de l’augmentation des prix de l’énergie qui est un facteur de production très important notamment les produits alimentaires.
Les accidents climatiques et leur incidence notamment sur la production des céréales dans les plus importantes zones de production comme la Russie, l’Amérique latine et les États-Unis ont été aussi à l’origine de ces hausses enclenchées au début de l’année en cours, a précisé l’intervenant, qui a aussi évoqué les hausses constatées sur les marchés mondiaux notamment le maïs avec une augmentation de 60%, 28% pour les produits laitiers et 124% pour les huiles, expliquant que ces hausses vont se répercuter sur les transformateurs et par voie de conséquences sur le consommateur. Les intrants agricoles en hausse, ajoute M. Daoudi, sont un autre mécanisme par lequel le marché mondial va nous impacter par leur importation qui va se répercuter sur les prix à la production puis à la consommation.
Parallèlement à la dévaluation du dinar qui a perdu 5% de sa valeur durant la période de septembre 2020 et septembre 2021 qui a aussi impacté les prix, l’agro-économiste a évoqué la hausse connue par les transports de marchandises. Tous ces facteurs vont ainsi avoir un impact direct sur les produits importés et un impact indirect sur les produits agricoles frais produits localement. Ce qui explique ce qu’on voit actuellement sur les marchés nationaux.
Comme premier impact de cette hausse, l’agro-économiste citera notamment la pression que connaissent certains produits « refuges » tels que le lait en sachet dont le prix de 25 dinars n’a pas augmenté d’où la forte demande des citoyens qui orientent leur consommation vers ce genre de produits dont les prix sont plafonnés. Faisant remarquer que les prix administrés sur les céréales orientés vers la fabrication du pain, l’expert a préconisé de revoir cette méthode administrative qui a montré ses limites en faisant gagner le spéculateur au détriment de l’Etat et du citoyen.
Par ailleurs, pour éviter de vivre des situations similaires, M. Daoudi recommande de revoir les mécanismes de régulation notamment les céréales vendues à un prix contrôlé par l’Etat qui le subventionne mais qui n’est pas réellement contrôlé à la vente. Ce mécanisme, affirme l’intervenant, ne marche plus d’où la nécessité de laisser le marché libre tout en continuant à subventionner un ou deux produits nécessaires au soutien des agriculteurs éleveurs. Pour améliorer les marchés, les autorités de régulation devront à l’avenir continuer à produire des règles de jeu claires pour donner pour donner de la visibilité aux investisseurs qui évitent de prendre des risques à cause de l’angoisse des grandes fluctuations des prix, a également préconisé M. Daoudi qui a appelé à réduire les taxes sur les produits importés comme le maïs, le soja et les autres semences.
Enfin, l’agro-économiste a qualifié d’ « irréaliste » la décision du ministère du Commerce de permettre aux agriculteurs de recourir à la vente directe, estimant qu’il est inconcevable et illogique de dire à quelqu’un qui possède 50 hectares de pomme de terre de vendre lui-même sa production. Il faudra plutôt, recommande-t-il, permettre l’émergence de gros distributeurs qui pourront réduire les coûts et jouer un rôle de régulateur. Pour l’instant, conclut l’expert, le producteur travaille à tâtonnement sans pouvoir parvenir à trouver l’équilibre entre la demande et l’offre.
Kamel Nait Ameur