Pandora Papers : Le Makhzen au cœur d’un nouveau scandale
Après l’affaires Pegasus, le Makhzen marocain est de nouveau au cœur du scandale. Une nouvelle enquête du Consortium international des journalistes des investigations, PandoraPapers, a levé le voile sur la manière dont 35 dirigeants et 336 responsables politiques de 91 pays ont eu recours à des montages financiers pour dissimuler des fortunes amassées, souvent sur le dos des contribuables, dans des paradis fiscaux. Et le Makhzen figure, encore une fois, au cœur de l’enquête. Les documents consultés par l’ICIJ font apparaître le nom de la sœur de Mohamed VI, Hasnaa El Alaoui propriétaire d’une société écran qui a acquis une maison à 11 millions de dollars dans un quartier huppé de Londres, situé près du palais de Kensington.La princesse aurait effectué cet achat en 2002 en recourant aux fonds de la famille royale marocaine via une société-écran dans les îles Vierges britanniques, Oumaila Ltd. Et d’ajouter que la sœur du monarque des sociétés immobilières et des fonds d’investissements au Maroc et est également connue comme la présidente de la Fondation Mohammed VI pour la protection de l’environnement. Une affaire qui confirme d’ailleurs le degré de compromission du Makhzen marocain et de la richesse insolente de la famille royale au détriment du peuple marocain. Il est utile de rappeler dans ce contexte que le roi du Maroc est l’un des monarques les plus riches du monde avec une fortune personnelle qui était estimée par le magazine Forbesà 5,7 milliards de dollars.
Une richesse insolente au regard des conditions socio-économiques vécues par les Marocains. D’ailleurs,une récente enquête du media en ligne sud africain NewFrame a mis en avant « la faim inapparente au Maroc ». »Alors que les statistiques officielles suggèrent que ce n’est pas un problème majeur dans ce pays d’Afrique du Nord, la faim est réelle sur le terrain, masquée par un manque de données fiables et la stigmatisation sociale », écrit NewFrame dans cette enquête intitulée « la faim dissimulée au Maroc ». »La faim est très présente dans l’imaginaire marocain, autant qu’elle existe dans la réalité », écrit NewFrame relevant que, » tout au long de l’histoire, le peuple marocain a souffert de sécheresses cycliques, de marginalisation et d’exclusion, ainsi que du vol systémique de ses richesses et de ses récoltes par le Makhzen ». Battant en brèche les statistiques de l’ONU et de l’indice mondial de la faim selon lesquelles « la faim n’est pas une préoccupation majeure dans le pays », l’enquête assure que « les militants au Maroc attribuent ce qu’ils appellent une sous-estimation substantielle au manque de volonté du gouvernement de rendre compte avec précision de la situation, rendue possible par le contrôle du système monarchique ».S’appuyant sur plusieurs témoignages, le média sud-africain cite la ville de Casablanca comme exemple de cette pauvreté multidimensionnelle qui prévaut au Maroc.Malgré son statut de principal pôle économique du pays, « d’énormes inégalités sociales affligent sa population de 3,7 millions d’habitants, de nombreuses personnes souffrant encore sous le poids de la faim, qui s’est aggravée avec la pandémie de Covid-19 », explique le média, évoquant une contradiction totale avec la propagande du régime et ses médias.L’auteur cite également l’exemple des « mikhala », les éboueurs ou ramasseurs d’ordures qui vivent de la collecte des ordures et des restes de nourriturePar ailleurs, la sévérité de la faim est une opportunité pour les politiciens: les affamés sont mobilisés en tant qu’électeurs et utilisés pour créer une fausse légitimité pour le régime », constate l’auteur.
Hocine Fadheli