Barrage sur le Nil : Ramtane Lamamra en médiateur
Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, RamtaneLamamra effectue une tournée africaine depuis la semaine dernière. Ainsi et après s’être rendu, en Ethiopie mercredi, au Soudan vendredi, RamtaneLamamra a atterri, samedi au Caire pour une visite de deux jours, au cours de laquelle il a été reçu par le président égyptien, Abdelfattah Essissi. Une tournée au cours de laquelle le chef de la diplomatie algérienne a promu le règlement pacifique des conflits et se pose en médiateur, entre l’Éthiopie, le Soudan et l’Égypte, aux prises dans le cadre du conflit latent induit par la construction par l’Éthiopie d’un ouvrage hydroélectrique géant sur le Nil, et qui risque de se muer en guerre de l’eau.
Il faut dire que les trois pays, sont en désaccord au sujet de la réalisation du Barrage de la renaissance construit par l’Ethiopie près de sa frontière avec le Soudan, sur le Nil Bleu qui rejoint le Nil Blanc dans la capitale Soudanaise, Khartoum. Ce barrage hydroélectrique, pourrait devenir le plus grand du continent africain avec une capacité annoncée de près de 6500 mégawatts. Ce qui est perçu par le Soudan et l’Egypte, comme une réelle menace dont l’irrigation est dépendante du Nil.D’où la médiation voulue par l’Algérie.
En visite en Egypte, le ministre des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger Ramtane Lamamraet son homologue Egyptien Sameh Chokri, ont affirmé « les profondes relations de coopération dans différents domainesqui lient les deux pays, l’Algérie et l’Egypte ainsi que la coordination commune vis-à-vis des diverses questions d’intérêts communs ».
Au cours de la conférence de presse qu’il a animé en marge de la visite qu’il effectue depuis samedi passé en Egypte, Ramtane Lamamra a indiqué que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, l’a chargé au début de sa mission, d’effectuer une tournée à travers « les pays frères et amis » dont la République Arabe d’Egypte au regard des questions posées concernant les relations stratégiques ainsi que d’autres dossiers relatifs au Moyen Orient, le Maghreb et le continent Africain qui sont « sujets à coordination avec l’Etat Egyptien frère ».
A la question de connaitre le contenu de la visite qu’il avait effectuée en Ethiopie puis au Soudan et la vision de l’Algérie à l’égard de « l’impasse » provoquée par la réalisation du barrage de la renaissance, Ramatane Lamamra, réitère la position « stable » de l’Algérie et son souhait « de ne pas voir les relations stratégiques et particulières, entre les deux parties, arabe et africaine, s’exposder à desdangers dont il faudra s’en passer ».Il insistera sur « la nécessité de voir ces pays frères, arriver à des solutions satisfaisantes, pouvant garantir les droits et devoirs de toutes les parties, pour peu que règne la transparence absolue dans cetterelation pour qu’elle soit construite sur des bases solides ».Le chef de file de la diplomatie algérienne a déclaré dans le même ordre d’idée que « le barrage de la renaissance est un sujet mondial pour lequel le Conseil de sécurité de l’ONU s’était réuni », indiquant que « c’est un sujet qui intéresse plusieurs tribunes, vu son importance et qui nécessite une idée globale et des avis à ce sujet ».Il réitère la position de l’Algérie qui « depuis toujours, lorsque les conditions sont réunies et un climat adéquat, elle doit être une partie de la solution dans tous les grandsdossiersqui concernent les paysfrères ».Poursuivant son intervention au sujet de cet épineux dossier mettant en désaccord l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan, Ramtane Lamamra a tenu à rassurer que « nous écoutons et transmettons à nos dirigeants les positions de nos frères des trois pays ».La situation au Liban qui traverse unegrave crise, a été l’autre sujet abordé lorsde cette conférence de presse à travers laquelle, le ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger a rappeléque « l’Algérie était partie prenante des dispositions émises par La Ligue Arabe avec nos frères au Liban, lesquelles étaient couronnées par la signature de l’accord de Taïf (Arabie Saoudite) » et d’ajouter « qu’il y avait une grande interaction entre des éléments du peuple Libanais pour la formation d’un gouvernement pouvant mener ce pays vers un avenir meilleur »L’autre dossier qui a aussisuscité des questions était celui relatif à l’évolution de la situation en Libye qui s’apprête à tenir des élections avant la fin de l’année en cours.Le ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger assure que la scène politique Libyenne connait « une évolution comparativement aux souffrances qu’avait subiauparavant le peuple Libyen », indiquant que « le peuple Libyen a atteint un degré de révolte des cerveaux et de consciencequi peuvent lui indiquer que l’avenir de la Libye appartient au peuple Libyen », précisant que « les pays voisins ont une responsabilité particulière à l’égard de la Libye ».Ramtane Lamamra se dit « confiant » à l’égard du dialogue que mène le Forum Libyen dans la perspective de sortie de crise. Il souhaite aussi que les prochaines élections consolideront la stabilité, la sécurité et la souveraineté Libyenne sur ses territoires, affirmant « que l’Egypte aspire à plus de coopération avec l’Algérie pour le retour à la stabilité en Libye, à travers une rencontre directe entre les pays voisins pour la consolidation de l’Etat Nation de Libye et œuvrer pour les intérêts de son peuple ».Il révèlera par rapport à ce même sujet, « l’existence d’une coordination entre l’Algérie et l’Egypte en plus du dialogue avec d’autres partenaires concernés par la situation en Libye ».
Notons que le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a été reçu hier matin en audience par le Président Abdelfattah Sissi, à qui il a transmis un message de du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, portant sur les relations historiques de fraternité et de solidarité entre les deux pays.L’audience a permis de mettre en relief l’attachement des dirigeants des deux pays à l’approfondissement du partenariat stratégique algéro-égyptien, ainsi que leur détermination commune à œuvrer de concert pour le rétablissement de la paix et de la stabilité dans leur voisinage immédiat et au-delà.En outre, la situation dans le monde arabe et les perspectives d’insuffler une nouvelle dynamique aux mécanismes de l’action arabe commune dans le but de surmonter l’état actuel d’instabilité et de parvenir à un règlement juste et définitif de la question palestinienne ont été abordées à cette occasion.Dans ce contexte, les deux parties entreprennent de travailler étroitement ensemble en vue de réunir les conditions politiques de succès du prochain sommet arabe devant se tenir en Algérie.Les deux parties ont exprimé leur satisfaction quant aux étapes encourageantes franchies par les parties libyennes et ont réitéré leur engagement à soutenir les autorités dans la mise en œuvre du processus politique devant aboutir au succès des élections prévues le 24 décembre de cette année.Dans cette perspective, l’Algérie et l’Egypte conjugueront leurs efforts avec ceux de tous les autres pays limitrophes de la Libye à l’occasion d’une réunion ministérielle, dont la tenue en Algérie est envisagée prochainement.Il a été convenu, en outre, de déployer une action concertée en vue de soutenir le processus de réconciliation en Libye.
Boubekeur Amrani