Le secteur public couvrira 70% des besoins en huile de table : L’État reprend ses billes
C’est une opération qui permettra au secteur public de récupérer des actifs cédés dans le cadre de privatisations qui ont fait couler beaucoup d’encore, mais qui assurera une place prépondérante du secteur public sur le marché et mettre ainsi fin aux situations de monopole et de position dominante qui caractérise ce marché stratégique et orientera aussi une partie de la production vers l’export.
Effectuant une visite à l’unité des huiles alimentaires « El Mahroussa » sise au niveau du Port d’Alger, le ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar, a fixé les objectifs de relance de la production. Cette unité, rappelons-le, était à l’arrêt depuis deux ans. En fait c’est l’usine de production de l’huile Safia appartenant au groupe KouGC, propriété des frères Kouninef, incarcérés depuis pour des faits liés à la corruption. Une unité que ces derniers avaient obtenue dans le cadre des opérations de privatisation menées au milieu des années 2000. Ils avaient alors acquis les usines Cogral et Cogro de l’Entreprise nationale des corps gras. Une entreprise qui couvrait 80% des besoins nationaux en huiles alimentaires avant sa déstructuration, puis sa privatisation.
C’est dans ce contexte que le ministre de l’Industrie annoncé que les capacités de production de cette unité s’élèvent actuellement à 130.000 tonnes/jour. Il a également fait savoir qu’il a donné l’aval à un projet d’augmentation des capacités à 400.000 tonnes/jours, ce qui permettra à cette usine de satisfaire 25% des besoins du marché.
Il est vrai que la relance de cette unité de production, à l’arrêt depuis 2019, intervient dans le cadre de la récupération des biens saisis par la Justice dans le cadre du traitement des affaires liées à la corruption et au détournement des deniers de l’État. Elle intervient également dans le sillage de la cession de l’unité Safia suite à une décision rendue par le CPE et qui a sanctionné les travaux de sa 171e session, tenue le 3 novembre en cours. La relance des activités de cette usine intervient dans une démarche plus globale qui vise l’objectif d’assurer l’autosuffisance en huiles alimentaires. Ainsi elle vient se greffer à la relance des activités de l’usine de trituration des graines oléagineuses et de production d’huile de table « Koutama » de Jijel. Une unité qui appartenait également au groupe KouGC et qui a été cédée à Madar Holding dans le cadre d’un processus similaire. Selon les précisions du département de l’Industrie, la relance de cette unité, en association avec des partenaires étrangers et qui doit entrer en service dans un délai de 14 mois permettra à la faveur d’une coordination avec l’usine « El Mahroussa » de parvenir à une satisfaction de 65 à 70% des besoins nationaux. L’Algérie pourra grâce à ces unités de production (publiques et privées) réaliser l’autosuffisance à l’horizon 2023, voire exporter cette matière. La démarche est également assise sur une véritable stratégie agro-industrielle intégrée qui prévoit la production locale de la matière première. C’est ainsi que le département de l’Agriculture et du Développement rural a mis en place les mécanismes à même de favoriser la culture de graines oléagineuses, notamment via le développement de l’agriculture saharienne. Un process qui donne déjà des résultats avec un développement expansif de la culture de colza et qui commence déjà à approvisionner des producteurs privés d’huile de table dont le groupe « La Belle », en l’occurrence. Il s’agit aussi de développer la culture de soja pour assurer les approvisionnements de l’unité de trituration de Jijel.
Samira Ghrib