Alors que l’Algérie plaide pour une solution interlibyenne : « Des forces étrangères pour l’approfondissement de la crise libyenne »
« La réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Algérie, de la Tunisie et de la Libye, vendredi à Tunis est une démarche positive dans l’optique de parvenir à une solution à la crise libyenne », a estimé hier l’expert des questions stratégiques internationales, Rachid Allouche. Invité à s’exprimer sur les ondes de la radio algérienne, l’expert a expliqué que « la rencontre a été l’occasion de réaffirmer la nécessité de trouver une solution via le dialogue interlibyen impliquant toutes les parties du conflit pour une issue consensuelle et négociée ». M. Allouche fera remarquer que « la réunion a également réitéré la volonté des trois pays d’éviter l’intervention de toute partie externe ou pays étranger ou toute autre organisation régionale ou internationale pour imposer des solutions non conformes aux intérêts du peuple libyen ». Pour l’expert des questions stratégiques internationales, « l’Organisation des Nations Unies est une partie qui accompagne et qui soutient le dialogue interlibyen mais qui ne peut pas imposer son tutorat et produire des solutions qui ne requièrent pas l’assentiment toutes les tendances politiques, des représentants des tribus libyennes, des villes et des formations armées réparties sur tout le territoire libyen ». Aussi, sans citer son nom, M. Allouche accuse « un pays, aidé par des États de la région, veut investir dans la feuille de la solution au conflit libyen pour servir ses intérêts au détriment du peuple libyen en pratiquant la politique des polarisations et en suscitant des divisions ». Une démarche, ajoute l’expert, basée sur « l’accompagnement et le renforcement du rôle de ses alliés à l’intérieur de la Libye via notamment sa tentative d’imposer le gouvernement Fethi Bachagha à la place du gouvernement d’union nationale nommé suite à des concertations tenues dans la capitale tunisienne ».
Hélas, explique M. Allouche, « les positions de certains pays pourraient saper le processus politique visant à restaurer la stabilité dans le pays ». Des positions qui annoncent malheureusement, ajoute-t-il, l’émergence d’autres nouvelles alliances et renforcer ainsi les divisions déjà existantes depuis 2014. « Pire encore, certains pays arabes tentent de lier la crise libyenne avec le conflit ukrainien faisant naître de nouvelles entraves à la solution interlibyenne », indique l’expert des questions stratégiques internationales qui citera, dans ce sens, l’exemple de la demande des Etats-Unis à la Russie « de retirer ses combattants de la Libye dont le nombre se situe entre 1000 et 1 500 ». Une demande qui omet, fait-il remarquer, de signaler les mercenaires issus d’autres nationalités et dont le nombre est évalué par l’Organisation des Nations Unis à plus de 22 milles combattants. Cette approche apparait ainsi comme une volonté de transférer en partie le conflit entre l’Occident et la Russie vers d’autres terrains dont le terrain libyen frontalier de l’Algérie.
Akli Amor