Les directeurs de l’Onil, de l’Odas et du foncier agricole remerciés : Faire face au défi de la sécurité alimentaire
Le président de la République a instruit le ministre de l’Agriculture, lors du dernier Conseil des ministres, d’élaborer un nouveau plan pour la réorganisation du secteur, pour redéployer les activités agricoles, notamment dans les filières stratégiques et bannir toute forme de bureaucratie. Des orientations qui commencent à produire leurs premiers effets, au regard des changement décidés hier par le premier responsable du secteur.
Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, a mis fin aux fonctions de plusieurs hauts responsables de son secteur. Il s’agit de la Directrice centrale du foncier agricole, du Directeur général de l’Office national interprofessionnel du lait (Onil), ainsi que du directeur général de l’office de développement de l’agriculture industrielle en terres sahariennes (Odas).
Ce mouvement qui vient de toucher le ministère de l’Agriculture est le premier du genre dans les annales de la tutelle en question. De quoi s’agit-il au juste ? Est-ce une manière de répondre à la véritable crise qui touche les trois départements concernés par ledit mouvement « brusque » et inattendu ? S’agit-il d’un recentrage et d’une rectification de la trajectoire dans ce secteur névralgique ?
Il y a de tout dans cette mesure très forte prise par le ministre Mohamed Abdelhafid Henni.
Dans certains secteurs, comme celui du lait, ce recentrage apparaît comme une évidence. Le problème de l’approvisionnement des citoyens en lait subventionné est devenu le casse-tête du citoyen lambda et de l’Exécutif à la fois. Le foncier agricole avait aussi enregistré des entraves pour pouvoir relancer les projets d’investissements inhérents à la production strictement locale surtout les produits de large consommation à l’image du tubercule qui est devenue à son tour un produit dont les prix se sont envolés d’une façon exponentielle y compris durant la période de la primeur. Cette situation avait provoqué des contestations et des mécontentements des citoyens qui ne savaient plus à quel saint se vouer pour pouvoir juguler cette situation de la cherté des produits agricoles essentiels et de la pénurie drastique du lait subventionné. Les ministres de tutelle qui se sont succédés à la tête de ce département n’ont pas résolu le problème de la pomme de terre et celui de la pénurie du sachet du lait subventionné. Cette situation a impacté la scène politique à telle enseigne que les images d’Algériens faisant la queue quotidiennement a suscité l’intérêt des internautes et les réseaux sociaux avec leurs commentaires et manipulations à dessein. Il y aussi tout à attendre du développement de l’agriculture saharienne dont dépend le développement à grande échelle des cultures stratégiques et donc la consolidation de la sécurité alimentaire. Un secteur qui a d’ailleurs été au cœur d’une réunion du Gouvernement au mois de mai dernier et qui a permis de fixer de objectifs revus à la hausse pour l’ODAS que ce soit en ce qui concerne les surfaces à mobiliser au profit des investisseurs et qui devront être augmentées, ou encore pour ce qui est de la création d’un guichet unique et la facilitation de toutes les procédures pour les investisseurs. La décision de limogeage des trois hauts responsables de départements sensibles de la tutelle renseigne sur l’urgence et la nécessité de trouver des solutions rapides aux problèmes du foncier agricole, l’approvisionnement en sachets du lait subventionné et de l’agriculture industrielle en terres sahariennes. La réaction du ministre Mohamed Abdelhafid Henni vise à asseoir une nouvelle stratégie qui relancera le secteur de l’agriculture. C’est ce pari qui est à même de résoudre le problème de la pénurie du lait subventionné et la maîtrise de la production en rapport avec la consommation large pour ne laisser aucune voie aux spéculateurs qui se sont spécialisés dans le stockage des produits de première nécessité dans le but d’enflammer le marché des produits agricoles.
Une politique agricole ferme et audacieuse s’impose pour en finir avec la gestion bureaucratique de ce secteur vital et stratégique qui est le secteur de l’agriculture. La sécurité alimentaire est la matrice essentielle de la sécurité nationale et de la souveraineté du pays. Une question sur laquelle le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a d’ailleurs insisté lors du dernier Conseil des ministres. La crise alimentaire mondiale qui se cristallise sur fond de la guerre qui se déroule en Ukraine est une réponse saillante quant à la question de l’autonomie et l’autosuffisance alimentaire. Ce dernier mouvement entamé par le ministre de l’Agriculture, Mohamed Abdelhafid Henni, doit servir comme opportunité pour se débarrasser de la gestion myope et sans objectifs dans ce secteur névralgique en proie à une crise qui risque d’hypothéquer notre sécurité alimentaire. Il faut opérer in extrémis des réformes structurelles au sein de ce secteur pour pouvoir redémarrer la machine agricole et mettre fin à la sempiternelle problématique de la pénurie et la flambée vertigineuse des produits agricoles de première nécessité et de large consommation.
Rachid Nassouti