Il a promis de promouvoir un agenda international unificateur : Poutine dénonce la volonté d’hégémonie des Etats-Unis
Le président russe Vladimir Poutine a promis hier de poursuivre sa politique étrangère «souveraine» et dénoncé la volonté d’«hégémonie» américaine avant l’Assemblée générale des Nations unies, marquée cette année par l’offensive de Moscou en Ukraine.
S’il a dépêché son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à New York, aucune allocution de Vladimir Poutine n’est prévue à l’Assemblée générale cette année, dans le contexte de l’intervention russe en Ukraine.Mais en recevant hier à Moscou les lettres de créance d’ambassadeurs étrangers récemment arrivés, le chef de l’État russe a prononcé un discours qui aurait pu avoir sa place à la 77e édition de la grand-messe diplomatique. «Le développement vers la multipolarité se heurte malheureusement à la résistance de ceux qui s’efforcent de garder un rôle hégémonique dans les affaires du monde et de tout contrôler : l’Amérique latine, l’Europe, l’Asie et l’Afrique», a déclaré Vladimir Poutine dans une allusion voilée à Washington. «Il faut bien le dire : ceux qui sont en position d’hégémonie se portent plutôt bien depuis pas mal de temps, mais cela ne peut pas continuer ainsi pour toujours. C’est impossible», a-t-il ajouté. «Nous, la Russie, ne nous écarterons pas de notre trajectoire souveraine. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, nous avons l’intention de davantage promouvoir un agenda international unificateur (…) et contribuer au règlement de graves crises régionales», a ajouté le président russe. «C’est à partir de ces principes que la Russie parlera à l’ouverture de la 77e session de l’Assemblée générale de l’ONU», a ajouté le président russe. Les déclarations de Vladimir Poutine s’inscrivent dans un contexte de crise ouverte entre la Russie et les Occidentaux. Lors d’un sommet régional asiatique la semaine dernière, Vladimir Poutine avait évoqué le «rôle croissant de nouveaux centres de pouvoir», comme la Chine, l’Inde et la Russie.
A propos précisément des Nations Unies, les dirigeants de la planète ont depuis hier commencé justement à se succéder à la tribune de l’Assemblée générale d’une ONU éprouvée par des divisions profondes et dans un monde assiégé par les crises. Pendant près d’une semaine, quelque 150 chefs d’État et de gouvernement du monde entier vont prendre la parole lors de cette grand-messe diplomatique annuelle qui reprend en « présentiel » après deux années perturbées par le Covid-19.Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a été en tout cas au rendez-vous avec un discours d’ouverture de cette 77e Assemblée générale qui n’a pas édulcoré les choses. Il a dressé un tableau réel et axé sur les solutions d’un monde «où les divisions géopolitiques mettent toutes les nations en danger ». «Nous nous réunissons à un moment de grand péril pour le monde», avait souligné Antonio Guterres lundi, énumérant «conflits et catastrophes climatiques», «méfiance et division», «pauvreté, inégalité et discrimination».
Côté dangers et conflits, la guerre en Ukraine sera au cœur de cette semaine diplomatique de haut niveau, avec une intervention mercredi du président ukrainien Volodymyr Zelensky par vidéo et un Conseil de sécurité jeudi au niveau des ministres des Affaires étrangères. Mais les pays du Sud s’agacent de plus en plus que les Occidentaux focalisent leur attention sur l’Ukraine. «Nous ne voulons pas seulement parler de mettre un terme au conflit en Ukraine. Nous voulons que les conflits prennent fin au Tigré, nous voulons que les conflits prennent fin en Syrie, nous voulons que les conflits prennent fin où qu’ils pointent leur nez dans le monde», a ainsi martelé lundi la première ministre de la Barbade Mia Mottley lors d’une journée préliminaire axée sur l’éducation et les objectifs de développement.Pour tenter de répondre aux inquiétudes de certains pays, Américains et Européens ont proposé d’organiser une réunion de haut niveau sur la sécurité alimentaire, conséquence de cette guerre dont souffre toute la planète. Cette réunion qui s’assimile à un marché de dupes sera-t-elle suffisante pour calmer les pays du Sud ? Très peu probable. Elle risque au contraire d’accroître la frustration et la colère des pays du sud.
K. Larbi