Khalifa Haftar agite la menace du séparatisme : La Libye face au spectre de la division
Le spectre de la division plane sur la Libye, en crise perpétuelle depuis le renversement puis l’assassinat par les Occidentaux il y a plus d’une dizaine d’années de Mouammar El Gueddafi.
La crainte de voir l’ex-Jamahiriya être morcelée en plusieurs entités n’a en effet jamais été aussi grande. Et les graines de la division sont semées cette fois par le seigneur de guerre libyen Khalifa Haftar.L’ancien officier félon a affirmé au début de la semaine que la poursuite de l’impasse à Tripoli pourrait conduire l’Est qu’il contrôle à gérer ses affaires et ses institutions de manière autonome, en se dotant d’une feuille de route indépendante et séparée de la capitale. Cette sortie s’explique par le fait que l’opinion majoritaire en Libye refuse de voir des militaires en fonction se porter candidats à des postes politiques. Or, il rêve d’un destin national. Il n’a d’ailleurs pas hésité à bombarder Tripoli pour essayer de s’emparer du pouvoir par la force.
Lors d’un discours devant ses partisans dans la ville d’Ajdabiya, Haftar a ainsi critiqué avec véhémence les « craintifs » qui veulent empêcher les militaires de participer au processus électoral. « Leurs bulletins de vote resteront vides et les urnes de leurs concurrents militaires seront pleines de voix », a-t-il déclaré, notant que son critère à accepter est de permettre à n’importe qui de se présenter comme candidat aux élections. « C’est au peuple de choisir !», a-t-il martelé. « (…) Les solutions conventionnelles imaginées par les politiciens se sont révélées être une perte de temps et d’efforts », a-t-il poursuivi selon l’agence italienne Nova.news qui rapporte l’information.Les menaces du chef de l’auto-proclamée Armée nationale libyenne (ANL) interviennent à un moment où il est question d’une possible rencontre entre les présidents de la Chambre des représentants et du Conseil d’Etat libyens, respectivement Aguila Saleh et Khaled al Mishri. Celle-ci est présentée comme décisive dans la mesure où il sera question pour les deux responsables de discuter du règlement de la crise et de s’entendre sur la relance du processus électoral.
Les pourparlers entre les deux dirigeants politiques – qui devaient initialement se tenir ces derniers jours d’abord au Caire, en Égypte, puis à Zintan, dans l’ouest de la Libye – n’ont pas encore eu lieu pour des « raisons logiques » non précisées, comme l’ont souligné l’envoyé des Nations unies au Libye, Abdoulaye Bathily. L’agence de presse russe Spoutink a néanmoins rapporté que le sommet pourrait se tenir jeudi à Ghadamès. Le conseil municipal de la ville libyenne a cependant démenti une telle éventualité. « A ce jour nous n’avons reçu aucune lettre concernant une rencontre entre le président du Parlement, le président du Conseil d’Etat et la mission onusienne. Nous n’avons aucune information à ce sujet. Dans tous les cas, la municipalité accueille tous ceux qui travaillent pour amener la Libye et les Libyens à la sécurité et à la paix », a déclaré à la presse un responsable municipal.
Il est à rappeler que les belligérants libyens se sont pratiquement entendus sur ce que doit être la base constitutionnelle qui doit permettre de tenir des élections législatives et présidentielle, cela à l’exception de certains points concernant par exemple sur les critères pour se présenter à la présidence. Selon diverses sources libyennes, il y aurait encore des désaccords sur l’interdiction de la double nationalité et le rôle de l’armée. Et c’est ce qui semble déranger Khalifa Haftar qui veut apparemment se mettre au cœur du pouvoir politique en Libye.
A signaler que le chef du gouvernement d’union nationale, Abdelhamid-Dbeibah, a déclaré au début de la semaine qu’il n’y avait pas d’autre issue pour les Libyens que d’aller vers la rédaction d’une constitution qui satisfasse tout le monde et d’aller aux élections générales, soulignant qu’il accepterait les résultats du scrutin. « Nous n’avons pas d’autre choix que d’établir une constitution, peu importe le nombre d’années qu’il faudra, sur laquelle tous les Libyens, à l’est, à l’ouest et au sud, seront d’accord », a-t-il martelé. De son côté, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Libye, Abdoulaye Bathily, a invité samedi dernier « les acteurs politiques à accélérer les discussions sur la voie à suivre dans le processus politique et à créer les conditions d’élections libres et équitables ».
Khider Larbi