« La pensée d’Aït Ahmed », un essai de Jugurtha Abbou : Son parcours, ses combats, ses positions…
« Cet essai traite de la pensée de Hocine Aït Ahmed. Dès son entame, nous savions que sa réalisation n’allait pas être facile. Parler d’un homme de cette trempe n’est guère une sinécure ». C’est par ces mots que Jugurtha Abbou a entamé son essai « La pensée d’Aït Ahmed face aux tragédies algériennes », à paraître cette semaine aux éditions Tafat.
Un exercice effectivement difficile auquel s’est risqué Jugurtha Abbou, spécialiste en psychologie sociale et auteur déjà d’un roman, d’un recueil de poésie et d’un précédent essai. Une personnalité historique et politique de la trempe de Hocine Ait Ahmed, décédé le 23 décembre 2015, n’est pas facile à cerner, tant son parcours a été jalonné d’événements importants. Le livre évoque, entre autres, la prise de conscience du chef historique du Front des forces socialistes (FFS) « par rapport à la lutte pour la libération du pays du colonialisme français, entre autre, après les événements du 8 mai 45 », ce qu’ « il a fait à l’international (la diplomatie au service de la révolution) » et « son combat, après l’indépendance, pour la liberté et la démocratie ». « Si L’hocine, tel qu’appelé par de nombreux sympathisants, a été un militant, d’abord en faveur de l’indépendance du pays, puis en faveur d’un système démocratique, un Etat de droit et une justice sociale », a écrit d’emblé Jugurtha Abbou, qui fut, à un certain moment, membre du Conseil national puis secrétaire national à la communication au sein de ce même parti politique. « De Taqqa, son village natal à la commune d’Aït Yahia à Rangoon en Birmanie, en 1953, à Bandoeng (Indonésie) en 1955, puis à l’ouverture d’un bureau du FLN à New York, et des décennies plus tard à Rome, pour une offre de paix quand le sang des Algériens coulait à flots, Hocine Aït Ahmed n’a pas cessé de sillonner le monde pour une Algérie libre et pour un peuple souverain. Il a su porter très haut la voix de l’Algérie à travers le monde. Il est le précurseur de la diplomatie algérienne en pleine période coloniale, puis le porte-voix algérien en faveur de la paix, la démocratie et la justice sociale », a écrit l’auteur de l’essai. Celui-ci, indique-t-il, s’est fixé « le but de représenter de façon succincte la vision de Hocine Aït Ahmed et sa pensée politique, économique et identitaire ». « Le lecteur aura à s’enquérir des deux parties essentielles de la vie du militant, l’une concerne la période coloniale et la guerre de libération, ou le maître mot était l’indépendance du pays, tandis que l’autre est consacrée à la période de l’Algérie indépendante. Il en jaillira les faits marquants de son parcours, de ses différentes initiatives et des positions prises à chacune des étapes », a-t-il résumé son livre. Ceci en précisant que « ses positions n’ont pas fait l’unanimité parmi les acteurs politiques et sociaux, principalement la rencontre de Londres et le contrat de Rome, ainsi que sa position par rapport à l’arrêt du processus électoral, ce qui a nécessité un rappel des conjonctures et des motivations qui l’ont poussé à choisir telle ou telle option ». « Dialogue, constance, unité dans l’action, non-violence, lucidité, patriotisme, démocratie, droits de l’Homme… Les mots ne suffisent pas pour retracer presque trois quarts de siècle de militantisme politique acharné. Il est nécessaire d’essayer de s’arrêter sur certains de ses actes les plus symboliques et les plus représentatifs de son action politique, pleins d’enseignements », lit-on dans cet essai. En dernier lieu, Jugurtha Abbou rappelle que « le 23 décembre 2015, Aït Ahmed venait de rendre l’âme et son enterrement aura été à l’image de sa vie, populaire et énorme » et que « des milliers de personnes, toutes générations confondues, l’ont accompagné à sa dernière demeure, à Taqqa n’Aït Yahia, ce lieu qui l’a vu naître ».
Elyas Nour