Twitter files : Révélations sur les pressions politiques durant la pandémie
Le réseau de l’oiseau bleu «a truqué le débat du Covid». La Maison Blanche a fait pression pour influencer la modération pendant le Covid. Les biais idéologiques des dirigeants du réseau se seraient aussi avérés déterminants. Dans une nouvelle série de révélations publiées le 26 décembre, Elon Musk a encore voulu montrer comment la modération du réseau social a été dénaturée à des fins politiques, cette fois durant la pandémie. Diffusée par l’auteur et journaliste du media The Free Press David Zweig, la nouvelle bordée d’informations dénonce ainsi la triple manipulation du réseau: «censurant de l’information vraie mais qui gênait la politique du gouvernement américain», mais aussi «discréditant des docteurs et autres experts en désaccord», et enfin «supprimant des utilisateurs ordinaires, y compris certains qui avaient pourtant partagé les données mêmes des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC)». Tout commence selon Zweig par les pressions effectuées par l’administration Trump (en l’occurrence par le responsable du numérique à la Maison Blanche Michael Kratsios) sur les entreprises de la tech pour «combattre la désinformation» au début de la pandémie. L’administration Trump aurait ainsi poussé plusieurs entreprises, dont Twitter, Google, Facebook et Microsoft à endiguer les «informations erronées» à propos des ruées dans les supermarchés. Le conseiller aurait tenté là d’enrayer la panique… alors même que cette information était factuelle. Tout semble ensuite s’accélérer avec l’administration Biden, arrivée aux affaires en janvier 2021. L’une de leurs premières demandes de réunion avec les dirigeants de Twitter aurait ainsi porté sur le Covid. Le nouveau gouvernement se serait, selon le journaliste, concentré sur les vaccins et des «comptes antivax» très suivis, notamment celui du romancier et journaliste Alex Berenson, qui sera suspendu définitivement par le réseau social en août 2021. David Zweig concède ainsi que c’est avant tout l’exécutif qui s’avérait «insatisfait» et «très en colère» devant le manque de réactivité des équipes Twitter qui, elles, n’auraient «pas totalement capitulé», «débattant de cas de modération en détail», «avec plus d’égard pour la liberté d’expression que le gouvernement». Reste que Twitter «a bel et bien supprimé les opinions – dont celles de nombreux docteurs et experts scientifiques – qui s’opposaient aux positions officielles de la Maison Blanche», constate Zweig, avant de poursuivre : «Des résultats légitimes et des questions qui auraient élargi le débat public manquèrent ainsi». En tête des travers de la plateforme : la modération de sujets médicaux complexes, effectuée massivement par l’Intelligence artificielle, «impressionnante par sa conception», mais encore «trop grossière pour un travail exigeant une telle nuance», et par des sous-traitants, basés notamment aux Philippines, seulement guidés par des arbres de décisions préparés par les équipes de Twitter. David Zweig pointe aussi la subjectivité des critères de modération, décidés arbitrairement par les dirigeants de la plateforme, elle aussi empreinte «de biais individuels et collectifs», penchant en l’occurrence «lourdement vers les dogmes de l’establishment». Des biais qui auraient inévitablement conduit à qualifier le contenu «dissident mais pourtant légitime» de désinformation, par exemple sur la vaccination des jeunes ou des personnes ayant déjà été malades – une opinion pourtant conforme aux réglementations sanitaires de nombreux autres pays, qui vaudra à un tweet du Professeur de l’école médicale de Harvard Martin Kulldorff d’être étiqueté de «trompeur». Un cas parmi d’innombrables autres, insiste Zweig. Les réponses des services de Twitter aux contestations de leurs décisions de censure exprimaient d’ailleurs en toute transparence leurs objectifs : «Nous prioriserons l’étude et l’étiquetage de contenu qui pourraient conduire à une plus grande exposition ou transmission [du virus]». Y compris relativiser le danger du Covid, ou alerter sur celui des vaccins, souligne le journaliste, au point par exemple de s’interroger sur le danger d’un tweet de Donald Trump, où le Président atteint du virus déclarait «N’ayez pas peur».
R.I.