Rapports de la FAO et du Forum de Davos : L’Algérie peut contribuer à contenir les crises alimentaires
Il est vraisemblablement unanimement admis que beaucoup de choses ont été réalisées en Algérie dans l’objectif d’atteindre la sécurité alimentaire.
Commentant le rapport sur le développement de l’agriculture présenté au Forum de Davos et celui du ministre de l’Agriculture et du Développement rural, l’expert en géopolitique et membre du Conseil Consultatif d’Experts du Forum économique mondial (FEM), le Dr. Arslan Chikhaoui, a estimé que « l’Algérie, connue à travers l’histoire comme le grenier de Rome, va reprendre incontestablement la place qui lui sied ».
Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, avait indiqué, jeudi dernier, lors des travaux de la rencontre Gouvernement-walis, que « le Forum économique de Davos a classé l’Algérie, dans son dernier rapport, parmi les pays leader dans le monde en matière de sécurité alimentaire à travers sa production nationale ». Celui-ci, qui a tenu donc à saluer le document du forum de Davos, publié le 17 janvier dernier, alors que sa réunion annuelle se tenait (du 16 au 20 janvier), a affirmé que ce rapport a rapporté que « la part de la production agricole par habitant a doublé ces deux dernières années, grâce à l’efficacité du modèle agricole adopté par les autorités publics ». L’expert en géopolitique et membre du Conseil Consultatif d’Experts du Forum économique mondial (FEM), le Dr. Arslan Chikhaoui, est allé ainsi dans le même sens. « Il a été largement admis au Forum de Davos que les efforts consentis par l’Algérie à diversifier son économie et à adapter sa gouvernance économique au nouveau contexte, lui donne les atouts au-delà des avantages comparatifs géographiques pour un positionnement stratégique dans ces aires d’intérêt commun », a-t-il déclaré sur place à l’APS. Il a ajouté que « les experts du Forum reconnaissent que l’Algérie dispose du triple levier, énergétique, minier et agricole pour contribuer, à terme, à contenir les crises de l’approvisionnement en énergie, en terres rares (minerais utiles à la technologie) et alimentaire ». « L’Algérie, avec cette triptyque, constituera à terme un Hub régional et sous-régional de stabilité », a-t-il encore déclaré. A cet effet, au sujet de ce rapport du forum de Davos sur l’agriculture, et des données présentées par le ministre algérien, l’expert ajoutera qu’ « il est clair que l’Algérie est en train d’opérer la transformation et la diversification de son économie ». Ce qui fera, enchaîne-t-il, que l’Algérie « connue à travers l’histoire comme le grenier de Rome, va reprendre incontestablement la place qui lui sied ». Mieux encore, estime Chikhaoui, « grâce à ses performances, l’Algérie est en mesure de contribuer de manière très appuyée et conséquente à contenir les crises alimentaires auxquelles le monde en général et l’Afrique en particulier pourraient faire face à l’avenir ». Il est à ce titre utile de rappeler que l’Algérie vise, outre la satisfaction totale du marché algérien, en produits agricoles et céréaliers, la conquête notamment des marchés africains et arabes, notamment à travers le développement de l’agriculture saharienne à fort potentiel. « Le développement de l’agriculture saharienne va également contribuer de manière profonde à développer les marchés de proximité de l’Algérie, notamment ceux de l’Afrique subsaharienne », a d’ailleurs déclaré l’expert algérien qui ajoute qu’avec « le développement intelligent que mène l’Algérie dans le secteur de l’agriculture, par définition, secteur créateur d’emplois, l’objectif d’atteindre les 15 milliards de dollars d’exportation hors hydrocarbures, pourrait être réalisé à terme ».
Lors de son intervention faite jeudi dernier, le ministre de l’Agriculture avait tenu, aussi, à rappeler que « l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), avait classé l’Algérie en première place aux niveaux arabe et africain, pendant trois années exécutives (2020, 2021 et 2022), en termes de concrétisation des objectifs du développement durable des Nations Unies dans le domaine de sécurité alimentaire ». Et pour poursuivre sur cette lancée, Henni a donné des indications sur les multiples projets lancés et mesures prises afin de développer le secteur. IL a cité, à ce titre, le programme mis en place pour « l’aménagement de 100.000 hectares dédiés aux arbres fruitiers (2023-2025), permettant ainsi de valoriser les surfaces non-exploitées notamment dans les steppes et les montagnes ». Il a également évoqué « le plan de réhabilitation et d’élargissement du barrage vert », qui va « insuffler une dynamique économique locale à même d’améliorer les revenus des populations et d’apporter la valeur ajoutée à l’économie nationale ». Un projet qui s’étend, d’après lui, « sur une superficie de 3.5 millions hectares (20 km de largeur et 1500 km de longueur) et touche 13 wilayas, 183 communes et près de 800 localités et 7 millions d’habitants soit 18% de la population » et qui vise à « l’élargissement de la superficie globale à plus de 5.4 millions hectares horizon 2030 ». Il est utile de signaler en dernier que d’après les chiffres de l’exécutif, le secteur de l’agriculture a réalisé durant l’année 2022 « une croissance à deux chiffres (31% en valeur) » et a pu couvrir « 75% du marché ». L’accent a été mis également sur le « développement des cultures stratégiques dans le Sud », avec l’affectation, durant la même année, d' »un portefeuille foncier initial au titre de la concession, pour une superficie de 134000 ha au profit de 140 investisseurs, avec un programme en cours de 97000 ha ». Des efforts qui ont fait que la production de certaines cultures a connu une forte hausse. A titre d’exemple, la production céréalière est passée de 27,6 millions de qx en 2021 à 41 millions de qx en 2022, selon les chiffres du gouvernement. Les légumes secs sont, quant à eux, passé de « 0,9 million qx en 2021 à 1,18 million qx en 2022 pour une valeur de 17 milliards de dinars (+19%) », alors que la production de la pomme de terre a atteint 44,2 millions qx en 2022 pour une valeur de 287 milliards de dinars soit une hausse de 30 %. Des indicateurs qui, selon les prévisions de l’exécutif, pourraient s’améliorer encore dans les toutes prochaines années.
Elyas Nour