Russie-Chine : Xi Jinping et Poutine unis face à l’Occident
Le président chinois Xi Jinping est arrivé hier en Russie pour un sommet avec Vladimir Poutine lors duquel les deux dirigeants discuteront d’un plan chinois pour régler le conflit en Ukraine et s’afficheront unis face à l’Occident.
Xi Jinping a été accueilli par une fanfare à son arrivée vers 10H00 GMT à l’aéroport international Vnoukovo de Moscou, selon les images retransmises par les télévisions russes. Donnant le ton, il a affirmé que sa visite d’Etat de trois jours en Russie donnerait un « nouvel élan » aux relations entre Pékin et Moscou, selon une déclaration publiée par les agences russes après son arrivée. Selon le Kremlin, MM. Xi et Poutine, devaient avoir hier un entretien informel en tête-à-tête avant des négociations plus officielles ce mardi, discuteront notamment du plan proposé le mois dernier par Pékin pour régler le conflit en Ukraine. Forte d’avoir facilité la récente réconciliation diplomatique entre l’Arabie saoudite et l’Iran, la Chine se positionne en médiatrice sur l’Ukraine. Pour Pékin et Moscou, il s’agit surtout d’afficher avec ce sommet la force de leur relation, au moment où les deux pays traversent de vives tensions avec les pays occidentaux. Dans un article publié dans un journal russe, Xi Jinping a présenté sa venue comme un « voyage d’amitié, de coopération et de paix », face à des Occidentaux qui regardent la relation Pékin-Moscou avec méfiance. « J’ai hâte de travailler avec le président Poutine pour adopter ensemble une nouvelle vision » des liens bilatéraux, a écrit notamment M. Xi. Dans un article publié dans un quotidien chinois, M. Poutine a salué « la volonté de la Chine de jouer un rôle constructif » en Ukraine et estime que « les relations russo-chinoises ont atteint le point culminant de leur histoire ». La Chine n’a pas condamné publiquement l’offensive russe et critique les Etats-Unis pour leurs livraisons d’armes à l’Ukraine ainsi que l’Otan pour n’avoir pas pris en compte les préoccupations russes en matière de sécurité. Pékin a toutefois publié fin février un document en 12 points qui appelle à des pourparlers de paix et au respect de l’intégrité territoriale de tous les Etats – y compris, donc, de l’Ukraine. Hier, le Kremlin a accusé les Etats-Unis d’attiser le conflit en Ukraine et d' »inonder » ce pays d’armes. De son côté, l’Ukraine a réitéré ses appels à la Russie pour qu’elle retire ses troupes, estimant que le succès du plan chinois dépendait de « la reddition ou du retrait des forces d’occupation russes du territoire ukrainien ». La position de Pékin sur l’Ukraine est jugée trop tiède par plusieurs pays occidentaux, selon lesquels la Chine soutient de façon tacite la Russie. Les Etats-Unis ont ainsi déjà indiqué qu’ils ne soutiendront pas un nouvel appel chinois au cessez-le-feu lors de la visite de Xi Jinping à Moscou, considérant que cela reviendrait à consolider l’emprise russe sur les territoires conquis en Ukraine. Selon le quotidien américain The Wall Street Journal, Xi Jinping pourrait également s’entretenir avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky une fois rentré en Chine. La visite de M. Xi permet en tout cas à la Russie de montrer qu’elle n’est pas isolée, impression renforcée par le mandat d’arrêt internationale émis vendredi par la CPI contre M. Poutine pour la « déportation illégale » d’enfants ukrainiens. Interrogé sur le sujet, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a appelé lundi la juridiction basée à La Haye (Pays-Bas) à respecter l’immunité des chefs d’Etat. En signe de défiance, M. Poutine s’est rendu ce week-end à Marioupol, ville ukrainienne dévastée par les bombardements russes – sa première visite en zone conquise depuis le début de l’offensive en février 2022. La visite revêt aussi un aspect économique important, la Russie ayant massivement réorienté son économie vers la Chine face aux sanctions occidentales. Selon le Kremlin, MM. Poutine et Xi signeront plusieurs documents, notamment sur la coopération économique russo-chinoise à l’horizon 2030. L’an dernier, trois semaines à peine avant l’entrée des troupes russes en Ukraine, Pékin et Moscou avaient déclaré un partenariat « sans limites ».
Khider L. et agences