Les Marocains promettent un week-end de manifestations : Au royaume de la corruption !
La corruption systémique qui ronge tout le royaume ne laisse plus personne indifférent tant les tentacules de cette pieuvre géante ont ankylosé la vie des Marocains.
Au Maroc, les manifestations se suivent et ne se ressemblent pas. Chaque battue de pavé raisonne à sa façon pour dénoncer tantôt l’injustice, un autre la normalisation avec l’entité sioniste et la visite de responsables israéliens. Les Marocains crient aussi leur désarroi et descendent régulièrement dans la rue pour dénoncer la cherté de la vie et l’inflation galopante. Cependant la corruption systémique qui ronge tout le royaume ne laisse plus personne indifférent tant les tentacules de cette pieuvre géante ont ankylosé la vie des Marocains. Et les appels à manifester trouvent un écho au sein de la population, de plus en plus appauvrie et réduite à la misère pendant que s’enrichissent les hommes du système mis en place par le Makhzen. Ainsi et loin de s’arrêter en si bon chemin, les sujets de sa majesté se rebellent et décident de battre le pavé pour se faire entendre. Ils promettent de descendre dans la rue samedi et dimanche prochains pour dénoncer, cette fois-ci, la corruption endémique qui ronge le pays de Mohamed VI et les restrictions des libertés imposées par la sécurité de Hammouchi. Quant au palais de Salé ou celui de « dar el-makhzen », à Rabat, les murs semblent si isolés contre tous cris ou plainte en provenance de la rue. « Ce sera la manifestation de tous les Marocains, sans exception », rappelle l’Association marocaine de protection des deniers publics qui convie les Marocains à prendre massivement part à cette protestation prévue samedi prochain devant le Parlement, à Rabat, pour dénoncer la corruption qui gangrène le Maroc et exiger la fin de l’impunité. Ceux qui se définissent comme les « protecteurs de l’argent public » estiment que le phénomène de corruption et des pots-de-vin a atteint différentes sphères de la société marocaine et alertent contre ce véritable « danger qui nécessite l’élaboration d’une stratégie nationale de lutte contre ces pratiques ». Pour cela, ils plaident en faveur d’« un système juridique complet pour prévenir la corruption, les pots-de-vin, le pillage de l’argent public et l’impunité » et de « criminaliser l’enrichissement illicite et les conflits d’intérêt et de ne pas confier des responsabilités publiques à des personnes soupçonnées de corruption ». Le royaume chérifien, souvent épinglé par Transparency Maroc pour corruption touchant tous les secteurs de la société y compris les Forces royales armées, subirait annuellement un préjudice qui représenterait, selon un rapport de la Banque mondiale, quelque 40 milliards de dirhams. Le cas du premier ministre marocain, Aziz Akhannouch, illustre le conflit d’intérêts et le télescopage de certains hommes politiques proches du palais royal. Ce n’est un secret pour personne, le chef de l’Exécutif du Makhzen est en même temps l’un des magnats de l’énergie au Maroc grâce à sa société de distribution de carburants, de lubrifiants et de bonbonnes de gaz « Afriquia » qui est une filiale du Holding « Akwa Group » dont le premier ministre est le principal. Il lui est reproché entre autres d’avoir œuvré pour une hausse des prix du carburants au Maroc pour servir ses propres intérêts. Il lui est également reproché la fermeture de l’unique raffinerie du Maroc, la raffinerie « Samir ». Une raffinerie qui a induit la perte de pas moins de plusieurs milliers emplois en plus d’alimenter le déficit commercial du Maroc, ce que de nombreux politiques au Maroc ont qualifié de « crime économique grave ».
Ali Hami El-dinne, du Secrétariat général du parti de la Justice et Développement, avait indiqué sur sa page Facebook que « les conflits d’intérêts et la corruption chez la classe politique marocaine constituent une véritable menace pour la stabilité du pays et la paix sociale ». Et d’ajouter que « le problème majeur dont souffre le Maroc actuellement est le phénomène de la corruption. Celle-ci est désormais structurée et a des formations politiques qui la défendent à des niveaux supérieurs et dans divers domaines. Cette situation expose le pays à la crise économique mondiale et à ses fluctuations soudaines, en particulier dans le domaine des hydrocarbures ». A l’étranger, le scandale Marocgate et l’enquête Belge menée à la suite du scandale sur l’implication du Maroc dans la création et l’alimentation de réseaux de corruption au sein du Parlement européen a clairement démontré que la corruption est dans l’ADN du régime du Makhzen. L’affaire n’a toujours pas livré ses secrets si ce n’est quelques bribes d’informations jaillissant ici et là dont l’accusation portée par José Bové, ancien eurodéputé écologiste à l’encontre du premier ministre marocain Aziz Akhannouch qui aurait tenté de le corrompre lors de négociation sur un accord de libre-échange, ou encore les éléments dévoilés lors de l’enquête belge qui a démontré l’implication des responsables au services secrets marocains et même à très haut niveau au sein du palais royal dans la création d’un réseau de corruption avec la complicité de parlementaires européens, notamment au sein du groupe socialiste du PE.
Azzedine Belferag