Risques climatiques : L’Algérie « est l’un des pays les plus exposés »
La vague de chaleur qui affecte le pays depuis plusieurs jours doit imposer une prise de conscience quant à l’importance des risques climatiques auxquels l’Algérie fait face.
Nous vivons actuellement le mois de juillet le plus chaud jamais enregistré. Au-delà des risques immédiats induits par les périodes de canicules, à l’image des incendies, le phénomène reflète la gravité des phénomènes climatiques extrêmes auxquels est soumise l’Algérie et qui impose des défis à prendre en charge notamment en ce qui concerne la persistance et la récurrence des sécheresses, ainsi que la raréfaction des ressources en eau. Dans ce contexte, le président du Club des risques majeurs et directeur de recherche à l’Université des sciences et technologies Houari Boumediene, le Professeur Abdelkrim Chalghoum, a souligné hier lors d’une intervention à la Radio algérienne que « l’Algérie est l’un des pays les plus menacés par les risques climatiques. Il a ainsi souligné que « l’Algérie est frontalement concernée par plusieurs sous-risques : la désertification, la sécheresse, la canicule, l’ensablement, les vents de sable, etc. ». Il a aussi rappelé que bien que le continent africain ait le moins contribué au réchauffement climatique, il en subit les conséquences les plus graves et recommande ainsi que le continent se prenne en charge et organise sa propre COP, d’autant plus que les risques climatiques vont s’aggraver à l’avenir. Admettant que ce que traverse la terre comme vagues de chaleur n’est « qu’un avant-goût » de ce que nous allons endurer davantage à l’avenir, M. Chalghoum avertit que la GEC + Green Energy Cluster + prévoit une augmentation de la température de 1,5°C d’ici 2050 », pratiquement autant que le 1,5°C de plus subi entre 1850 et 1900, et dont nous subissons, présentement, les effets néfastes de par la canicule et son corollaire fait d’un cortège de catastrophes naturelles.
En effet, poursuit l’intervenant, « les pays industrialisés sont les parties les plus impliquées et n’assument pas leur responsabilité ». Et de nommer : les Etats-Unis, la Chine, l’Europe et le Brésil, comme les gros pollueurs. Alors que les pays pauvres ne sont impliqués qu’à hauteur de 4%, dans les effets de serre que ce soit pour l’émission de gaz carbonique ou le méthane. « En 2015, lors de la COP à Paris (France), il a été question de mettre en place un Fonds pour l’environnement de 100 millions de dollars en aide à tous les pays africains, dont l’Algérie qui est la plus touchée par la désertification, la sécheresse, la canicule et les vents de sable », a-t-il rappelé. Des COP ont été organisées depuis, dit-il, sans dépasser les recommandations qui sont restées lettre morte. L’expert de l’Université Houari Boumediène fait constater que toutes les COP, de Paris à Charm el-Cheikh (Egypte), en passant par Glasgow (Ecosse), ont échoué. « Ils n’ont pas mis des Comités intergouvernementaux de suivi des risques majeurs sur le terrain », a argumenté le Président du Club algérien des risques majeurs, indiquant pour raison qu’« ils ne veulent pas mettre la main dans la poche » C’est pour cela, ajoute-t-il, que le représentant américain au changement climatique, John Kerry, est parti la semaine passée en Chine à l’objet de chercher une solution multilatérale concertée à ce problème du réchauffement de la terre. Face à ce statu quo, imposé par les pollueurs, M. Chalghoum suggère que les pays victimes doivent se regrouper pour organiser une COP dédiée à l’Afrique. « Je ne vois pas pourquoi il n’y a pas une COP dédiée à l’Afrique, par exemple ? », s’est-il interrogé. « Il faut une politique agressive, frontale, de la part de ces pays qui doivent être écoutés avant de voir les choses se compliquer pour eux à l’avenir», assène l’invité de la chaîne 3, rappelant que ces pays sont nombreux.
Hocine Fadheli