Niger : Une délégation de la Cédéao à Niamey pour « négocier »
Alors qu’une réunion chefs d’états-majors des pays membres de la CEDEAO s’est ouverte hier à Abuja au Nigeria, une délégation de cette organisation des États d’Afrique de l’Ouest s’est rendue au Niger pour négocier avec les putschistes.
Une délégation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) est actuellement au Niger pour « négocier » avec les putschistes, a indiqué hier l’un des responsables de la Cédéao à l’ouverture de la réunion des chefs d’état-major ouest-africains à Abuja. « Le président de la Commission de la Cédéao aurait aimé être ici, mais à l’heure où nous parlons, il se trouve au Niger dans le cadre d’une délégation de haut niveau dirigée par l’ancien chef d’Etat du Nigeria, le général Abdulsalami Abubakar, en vue de négocier », a déclaré le commissaire de la Cédéao chargé des affaires politiques et de la sécurité, Abdulfatar Musa à l’ouverture de cette réunion qui doit se poursuivre jusqu’à demain vendredi. Depuis le 26 juillet, le pouvoir au Niger est aux mains du Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP). Le général Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle s’est proclamé nouveau chef d’État, en annonçant le renversement de Mohamed Bazoum, élu en 2021. Le 1er août, le CNSP a commencé à procéder à certaines nominations et a rouvert les frontières avec cinq pays. Le Président Bazoum reste retenu à Niamey.
Le 30 juillet, la CEDEAO a émis un ultimatum forçant les autorités autoproclamées nigériennes de rétablir l’ordre constitutionnel dans le pays. Le cas échéant, la CEDEAO se laisse le droit de recourir à la force, selon un communiqué de l’organisation.
Mardi, le Nigeria a affiché sa prédisposition serait prêt à apporter son soutien militaire aux autorités démocratiques du Niger si cette organisation régionale prend une telle décision, a annoncé le 1er aout le général Christopher Musa, le chef d’état-major nigérian, à la Radio France Internationale. Si la CEDEAO le décide, l’armée nigériane interviendra au Niger, où un coup d’État s’est produit le 26 juillet, a déclaré le 1er aout le chef des armées du Nigeria, le général Christopher Musa à la Radio France Internationale (RFI). Or, le recours à une intervention militaire, qui semble avoir été évoquée sur instigation de la France, semble ni réalisable, ni souhaitable d’ailleurs au regard de l’opposition des pays voisins du Niger, notamment l’Algérie qui craint qu’une intervention n’aggrave l’insécurité dans la région déjà minée par le terrorisme et préconise des solutions pacifiques assises sur le dialogue. « Le retour à l’ordre constitutionnel doit impérativement s’accomplir par des moyens pacifiques qui éviteront au Niger frère et à l’ensemble de la région un surcroit d’insécurité et d’instabilité et à nos peuples un surcroit d’adversité et d’épreuve », a indiqué mardi un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger . « En conséquence, l’Algérie met en garde et appelle à la prudence et à la retenue face aux intentions d’interventions militaires étrangères qui sont, malheureusement, considérées comme des options envisageables et utilisables alors qu’elles ne sont que des facteurs de complication et d’aggravation de la crise actuelle », ajoute communiqué.
De son côté, la Russie a mis en garde hier contre l’éventuelle intervention militaire au Niger évoquée récemment par la CEDEAO en réaction au renversement du Président Mohamed Bazoum par les militaires. « Nous pensons que la menace de l’usage de la force contre un État souverain ne contribuera pas à désamorcer les tensions et à résoudre la situation dans le pays », a déclaré Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.
Moscou compte également sur des actions appropriées de l’Union africaine et des organisations sous-régionales pour un règlement pacifique, a dit la diplomate. Dans sa recherche d’une issue, Moscou part du principe d’ »une solution africaine aux problèmes africains », a-t-elle expliqué.
Lyes Saïdi