L’ONU avertit contre l’impact de la multiplication des conflits sur le continent : La menace terroriste plane sur l’Afrique !
L’Organisation des Nations unies se préoccupe de la diffusion de la menace terroriste en Afrique, dans un contexte marqué par la multiplication des conflits, notamment dans la région du Sahel, qui favorisent la propagation des groupes terroristes.
La question a été au cœur d’un briefing tenu vendredi au Conseil de sécurité. Une réunion au cours de laquelle deux hauts responsables de la lutte antiterroriste des Nations Unies ont présenté un point de situation sur la lutte contre le terrorisme dans le monde, et particulièrement en Afrique. Un rapport qui met en avant la menace que constitue les groupes terroristes, et plus particulièrement Daech et ses affiliés continuent de constituer notamment dans les zones de conflit et dans les pays voisins. Dans ce contexte, le chef du Bureau antiterroriste des Nations Unies (UNOCT), Vladimir Voronkov, qui a souligné que la menace terroriste demeure faible dans les zones où il n’y a pas de conflits a indiqué que « cette distinction analytique peut masquer l’aspect complexe, spécifique au contexte, et dynamique de la manière dont ces groupes opèrent et évoluent ainsi que leur impact sur la paix et la sécurité internationales ». Il a également déclaré que l’expansion continue de Daech et de ses groupes affiliés dans certaines régions d’Afrique, ainsi que le niveau croissant de violence et de menace, restent profondément préoccupants. Et d’ajouter que la filiale de Daech dans la région du Sahel « devient de plus en plus autonome » et intensifie ses attaques au Mali, au Burkina Faso et au Niger. « Les affrontements entre ce groupe et un groupe affilié à Al-Qaïda dans la région, associés à la situation incertaine après le coup d’État au Niger, présentent un défi complexe et à multiples facettes », a-t-il ajouté. Le responsable onusien a également souligné que le conflit et l’instabilité au Soudan ont également renouvelé l’attention sur la présence et l’activité de Daech et d’autres groupes terroristes dans ce pays. De même qu’il a mis en avant l’impact de cette situation sur les pays voisins qui sont eux aussi la cible de ces groupes criminels. Il a donc indiqué que les attaques se sont également multipliées en République démocratique du Congo (RDC), où quelque 500 personnes ont été tuées dans des violences terroristes dans la région instable de l’est du pays , avant de mettre en avant que la lutte contre le terrorisme et sa prévention « nécessitent un engagement à long terme ainsi que des efforts continus et coordonnés ». Il a ainsi souligné que le droit international « reste le fondement » du succès des efforts antiterroristes.
Les initiatives doivent être « fermement ancrées dans des stratégies politiques visant à résoudre les conflits qui alimentent le plus le terrorisme », a-t-il dit. Le rapport de l’ONU sur la gravité de la menace terroriste en Afrique et son rapport avec la multiplication des conflits sur le continent donne d’ailleurs matière à réfléchir sur la situation en Afrique et l’impact des actions de déstabilisation et les guerres par correspondance menées qui y sont menées, notamment dans la région du Sahel.
Sahel : épicentre du terrorisme
Cela démontre aussi clairement un fait : l’Afrique ne peut pas se permettre de supporter les conséquences d’un conflit régional qui peut plonger l’ensemble du continent dans le chaos. Cela justifie d’ailleurs la démarche prônée par l’Algérie dans la gestion de la crise politique au Niger et qui plaide pour un règlement diplomatique et politique du conflit né à la suite du coup d’État du 26 juillet dernier et qui a renversé le président nigérien Mohamed Bazoum. Un coup de force à la suite duquel la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest a menacé de recourir à la force pour rétablir à l’ordre constitutionnel. Une option qui se traduirait par une guerre par correspondance aux conséquences très graves non seulement pour le Niger, mais aussi pour le Sahel et les pays de la Cédéao, voire les pays voisins. Le cas libyen est d’ailleurs à méditer en sens, et l’Algérie qui insiste sur le respect du droit n’a pas manqué de le souligner. L’intervention multinationale en Libye en 2011 sur l’instigation de la France, a provoqué un glissement sécuritaire dans la région du Sahel, minée depuis par l’instabilité et devenue l’épicentre du terrorisme international.
Rappelons dans ce sens que le rapport 2023 de l’Institute for Economics and Peace (IEP), organisme qui établit chaque année un indice mondial du terrorisme. Selon ce document publié il y a quelques jours, le nombre de victimes d’attentats terroristes dans la région du Sahel a augmenté de plus de 2000 % au cours des 15 dernières années. « La région du Sahel, en Afrique subsaharienne, est aujourd’hui l’épicentre du terrorisme », indique le document en question, soulignant que la zone « a connu plus de morts en 2022 que l’Asie du Sud et la région du Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA) réunis ». « Dans l’ensemble du Sahel, 22.074 personnes ont été tuées dans 6408 attaques terroristes entre 2007 et 2022 », précise-t-on. Avec 43 % des décès dus au terrorisme, cette région qui est la plus touchée au monde, affiche une hausse de criminalité terroriste impressionnante, puisqu’en 2007, ce chiffre était de seulement 1%. Des groupes terroristes tels que l’EI et le JNIM qui poursuivent, à ce jour, des campagnes violentes dans la région, sont la cause de 43 % des décès dus au terrorisme dans le monde en 2022, contre seulement 1 % en 2007.
Lyes Saïdi