Le pétrole s’oriente vers les 100 dollars
Les mesures d’encadrement prises par l’Opep+, notamment les membres les plus influents que sont que sont l’Arabie saoudite et la Russie permettent de redresser les cours.
Vendredi les prix du brut sont montés vers un nouveau plus haut boostés par la contraction de l’offre sur le marché dans le sillage des restrictions décidées par l’Opep+, mais aussi par des indicateurs économiques positifs en Chine, plus gros importateur de pétrole au monde, et aux États-Unis et qui mettent en avant des perspectives positives en matière de demande. Les cours ont ainsi clôturé une nouvelle semaine de cotation en hausse. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre s’est porté à 93,93 dollars, en hausse de 0,24%. Plus tôt, il a frôlé le seuil symbolique de 95 dollars, à 94,63 dollars. Quant au prix de son équivalent américai, le West Texas Intermediate (WTI) , avec échéance en octobre, il a gagné 0,67%, à 90,77 dollars.
Depuis fin août, le WTI a connu 13 séances positives sur 16 journées de cotation, et son cours a grimpé de 15%. En Chine, la production industrielle et les ventes de détail sont ressorties, en août, bien au-dessus des attentes des économistes. Après être descendues, en juillet, au plus bas depuis la fin de la politique zéro Covid les ventes de détail ont ainsi rebondi, témoignant d’un redémarrage de la consommation. Aux États-Unis, la banque centrale américaine (Fed) a indiqué que la production industrielle avait augmenté de 0,4% en août sur un mois, soit davantage que le 0,1% anticipé par les économistes.
Des indicateurs qui poussent les prévisionnistes à envisager un cours à 100 dollars pour le Brent. « Le seuil symbolique des 100 dollars est de nouveau envisagé » pour le Brent, a commenté Sophie Lund-Yates, d’Hargreaves Lansdown, sous l’effet des récentes prévisions de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui table sur un déficit de l’offre par rapport à la demande à 3,3 millions de barils par jour. « Nous restons sceptiques » quant à ce scénario, « car les inquiétudes sur la demande et la conjoncture économique vont empêcher les prix d’aller trop haut », ont fait valoir, dans une note, les analystes de Commerzbank.
« On ne peut pas aller beaucoup plus loin », abonde Mark Waggoner, d’Excel Futures. « La demande va ralentir aux États-Unis car les raffineries vont entamer leurs opérations de maintenance », traditionnelles à cette époque après la saison d’été. « Le marché du pétrole va rester tendu encore un moment, mais il nous faudra sans doute un nouveau catalyseur pour qu’on voit un Brent à trois chiffres », a estimé Edward Moya.
Un baril à 107 dollars en 2024
Notons que la banque américaine d’investissement Goldman Sachs a publié la semaine dernière une analyse prévoyant que les prix du pétrole pourraient atteindre 107 dollars d’ici la fin de l’année 2024. Une prévision qui reste tributaire de la prolongation des restrictions de l’Opep+ sur le l’offre en 2024 notamment.
Notons que la semaine énergétique a été également été marquée par une nouvelle passe d’arme entre l’Opep et l’Agence internationale de l’énergie, organisation qui défend les intérêts de l’OCDE. L’Opep a ainsi critiqué l’AIE qui annonce un pic de la consommation du pétrole et le gaz atteindra avant la fin de la décennie, qualifiant une telle narration d' »extrêmement risquée », « impraticable » et « idéologiquement motivée ».
« De telles narrations ne font que préparer le terrain à un échec spectaculaire du système énergétique mondial. Elles aboutiraient à un chaos énergétique à une échelle potentiellement sans précédent, avec des conséquences désastreuses pour les économies et des milliards de personnes à travers le monde », a déclaré le secrétaire général de l’OPEP, Haitham al-Ghais.
L’OPEP a déclaré que les prédictions antérieures concernant le pic de la demande de combustibles fossiles n’avaient pas été réalisées, « et ce qui rend de telles prédictions si dangereuses », était qu’elles étaient souvent accompagnées d’appels à cesser d’investir dans de nouveaux projets pétroliers et gaziers. L’organisation des pays exportateurs de pétrole a déjà exhorté l’IEA à être « très prudente » pour ne pas compromettre les investissements de l’industrie. « Consciente du défi auquel le monde est confronté pour éliminer la pauvreté énergétique, répondre à la demande croissante d’énergie et garantir une énergie abordable tout en réduisant les émissions, l’OPEP ne rejette aucune source d’énergie ou technologie, et estime que toutes les parties prenantes devraient en faire autant et reconnaître les réalités énergétiques à court et à long terme », a déclaré al-Ghais. Ce n’est pas la première fois que l’Opep dénoncent les déclarations irresponsables de l’AIE. Il y a quelques mois l’organisation a vivement critiqué les appels de l’AIE à investir dans le pétrole et le gaz, soulignant que cela compromet l’équilibre du marché énergétique en affectant les capacités de production d’énergie susceptible de répondre à la demande croissante. L’Opep prévoit en effet que le pétrole continuera à répondre à 23% de la demande mondiale d’énergie en 2045.
Samira Ghrib