Mandats d’arrêts contre Netanyahu et Gallant : Un acte symbolique « très forts »
L’occupation israélienne persiste à poursuivre son nettoyage ethnique dans la Bande de Ghaza, malgré la décision du procureur de la CPI d’émettre des mandats s’arrêts internationaux contre Benjamin Netanyahu et son ministre de la défense Yoav Gallant. Les Israéliens qui continuent d’ignorer les décisions de la communauté internationale, les résolutions du Conseil de sécurité et les arrêts de la CIJ se met au banc de cette communauté et s’isole. Les réactions qui ont suivi l’annonce de la CPI, y compris au sein des alliés de l’entité sioniste, confirment ce tournant.
La décision du Procureur de la Cour pénale internationale de demander l’émission de mandat d’arrêt internationaux a été saluée par de nombreux pays. L’Afrique du Sud et la Colombie qui ont soutenu les procédures contre l’entité sioniste ont salué cette décision. Même si les Etats-Unis, qui ne sont d’ailleurs pas partie prenante du statut de Rome, ont exprimé leur mécontentement d’autres alliés de l’entité sioniste ont réagi de manière favorable à la décision de la CPI. C’est le cas notamment de la France qui, par le biais de son ministère des Affaires étrangères a assuré soutenir « la Cour pénale internationale, son indépendance, et la lutte contre l’impunité dans toutes les situations ». Pour les spécialistes du droit, la décision du procureur de la CPI constitue un tournant historique. Pour Olivier Corten, professeur de droit international à l’Université Libre de Bruxelles (ULB), les mandats d’arrêt réclamés contre Netanyahu et Gallant, pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis dans la bande de Ghaza est un acte « très fort » sur le plan symbolique. « Sur un plan symbolique, c’est très fort », a-t-il déclaré à la chaine de Radio-Télévision belge (RTBF), estimant que « le pari de la Cour, c’est de délivrer des mandats d’arrêt y compris à l’encontre de personnes dont on sait que ce sera difficile de mettre en œuvre ce mandat ». « Mais au moins, si les juges suivent les requêtes du procureur, on ne pourrait plus critiquer la Cour pour son deux poids deux mesures, cette politique très frileuse qui a consisté jusqu’ici à ne jamais s’attaquer à des personnes qui étaient fortement soutenues par les Etats occidentaux », a-t-il ajouté. Ce spécialiste du droit international a indiqué, dans ce contexte, que pour qu’un mandat d’arrêt soit délivré, « il faut que la Cour, autrement dit les juges, se prononce ». « Le procureur a fait une demande et a établi un dossier. Il a rendu un rapport assez détaillé qui montre que, selon lui, tous les éléments sont réunis pour délivrer des mandats d’arrêt » contre les dirigeants sionistes, a-t-il souligné, expliquant que « c’est aux juges de se prononcer et de délivrer ou non le mandat d’arrêt en s’appuyant sur le rapport qui leur est soumis ». Selon ce professeur de l’ULB, « il n’y a pas d’obligation du tout pour les juges de donner suite. C’est justement leur prérogative ». Mais, a-t-il poursuivi, « au vu du contenu de ces rapports qui sont quand même assez détaillés et au vu du sérieux qui a entouré l’élaboration de ces rapports, on peut quand même penser que les juges vont prendre une décision favorable à la délivrance de mandats d’arrêt et donc à la poursuite ensuite des enquêtes et, à terme, d’éventuels jugements ». Il a tenu à préciser, à ce titre, que l’arrestation ne pourrait être réalisée que par les Etats parties au statut de Rome de la Cour pénale internationale. « L’entité sioniste, les Etats-Unis, la Russie et la Chine n’en font pas partie. Ca veut dire que tous ces Etats restent en dehors du système et qu’il suffit aux personnes qui sont visées par les mandats d’arrêt d’éviter de voyager dans d’autres Etats que ceux-là pour échapper aux conséquences de l’édiction du mandat d’arrêt. Ce sont les limites du système », a-t-il regretté. Interrogé sur l’absence d’accusation de génocide dans le réquisitoire du procureur de la CPI contre les dirigeants sionistes, Olivier Corten a affirmé que cela « peut se comprendre à partir du moment où, en parallèle, il y a une action devant la Cour internationale de justice entre des Etats cette fois-ci et qui portent sur cette question du génocide ».
La CPI « a été créée pour les Africains »
Il faut dire que les magistrats de la CPI ont également dû faire face à d’importantes pressions de la part des alliés de l’entité sioniste qui essaient d’empêcher l’émission de ces mandats. Dans ce sens, le procureur de la CPI, Karim Khan a déclaré dans une interview avec la CNN, avoir reçu des menaces alors qu’il menait des enquêtes contre de hauts responsables sionistes.
Karim Khan a déclaré : « Certains dirigeants élus ont pris langue avec moi et ont été très virulents. ‘Cette Cour a été créée pour l’Afrique et pour des voyous comme Poutine’, m’a dit l’un d’entre eux ». Nous ne procédons pas de cette manière », a-t-il affirmé, avant d’ajouter : « Cette Cour devrait être le triomphe du droit sur le pouvoir et la force brute : prendre ce que l’on peut, prendre ce que l’on veut, faire ce que l’on veut ». « Personne n’est au-dessus de la loi », a-t-il ajouté.
Sur le terrain, malgré la décision de la CPI les forces d’occupation poursuivent leurs massacres. Selon les autorités sanitaires palestiniennes, l’armée d’occupation sioniste a commis 5 massacres au cours des dernières 24 heures dans la bande de Ghaza, faisant 85 martyrs et 200 blessés. Le bilan de l’agression génocidaire sioniste contre la bande de Ghaza s’est ainsi alourdi à 35.647 martyrs et 79.852 blessés, depuis le 7 octobre dernier.
Lyes Saïdi