Récupération des biens détournés: Le processus d’accélère
Dans un élan déterminé pour assainir son paysage économique, l’Algérie intensifie sa lutte contre la corruption et le détournement de fonds publics. Au cœur de cette initiative, portée par le Président Abdelmadjid Tebboune, se trouve un ambitieux programme de récupération des biens mal acquis par les oligarques du régime Bouteflika déchu.
Cette démarche s’inscrit dans une vision de redynamisation du tissu industriel national en reversant les unités économiques confisquées par la justice dans le cadre des procès liés à la corruption dans le patrimoine du secteur public. Dans ce contexte, le Premier ministre Nadir Larbaoui a présidé hier 187ème session du Conseil des Participations de l’Etat, consacrée notamment à la finalisation des procédures légales relatives au règlement définitif du dossier des biens immobiliers et mobiliers confisqués par des décisions définitives de justice dans le cadre des affaires de lutte contre la corruption et le transfert de propriété, à titre onéreux, au profit d’entreprises publiques économiques. L’objectif ne s’arrête pas à la simple récupération. Il s’agit de insuffler une nouvelle vie à ces unités de production, préservant ainsi les emplois et stimulant la création de valeur ajoutée. Un communiqué des services du Premier ministre précise que « cela intervient en exécution des engagements de monsieur le Président de la République et de ses directives portant sur le traitement définitif de ce dossier à travers des modalités adaptées pour la réaffectation des fonds pillés et récupérés au profit de la communauté nationale et assurer une exploitation optimale des unités de production concernées ». Il est utile de rappeler dans ce contexte que ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, a récemment annoncé la remise en activité d’une quinzaine d’usines, dans ce cadre, illustrant l’ampleur et l’efficacité de cette initiative. Des exemples concrets témoignent déjà du succès de cette approche. L’entreprise de production de tubes de l’ETRHB Haddad à Bethioua, les unités du groupe Kouninef à Jijel et Alger, ou encore une unité industrielle à Fornaka sont autant de sites qui ont été relancées dans le cadre de cette démarche. Le président Tebboune avait révélé en mai 2022 la récupération de plus de 22 milliards de dollars de fonds et de biens pillés, citant notamment une usine à Oran évaluée à 750 millions d’euros.
Cette campagne de récupération ne se limite pas au passé. Elle s’étend aux affaires récentes, témoignant d’une volonté politique de rompre définitivement avec les pratiques de corruption. « Ces enquêtes ne se limitent pas aux anciens dossiers, mais concernent également de nouvelles affaires », avait alors précisé le Président Tebboune.
Rappelons par ailleurs que le directeur général du domaine national, Abderrahmane Kheddi a indiqué il y a quelques mois que ses services ont reçu 31 décisions judiciaires définitives relatives à la récupération de biens publics. Cela concerne un total de 319 biens fonciers, soit plus précisément 211 parcelles de terrains, 37 locaux, 29 villas luxueuses, 2 locaux commerciaux, 52 appartements, 33 habitations, deux hôtels, ainsi qu’une station d’essence et de grands centres commerciaux.
Un grand groupe de travaux maritimes créé
Sur un autre volet, la réunion du CPE a permis d’acter la création d’un grand groupe de travaux maritimes, et ce dans le cadre de la vision du président de la République, qui vise à optimiser et mutualiser les ressources et capacités de réalisation nationales pour les mettre au service des grands projets d’infrastructures en cours de réalisation ou de lancement. Selon le communiqué de la Primature, « dans le cadre de la mise en œuvre de la vision stratégique du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, relative au renforcement des capacités nationales de réalisation et d’ingénierie dans différents domaines, le Conseil a adopté le projet de création d’un Groupe de Travaux Maritimes (GTM), comme outil efficace pour la réalisation des investissements projetés dans le cadre du développement des infrastructures maritimes devant accompagner la dynamique que connait l’économie nationale, notamment dans son volet relatif à la promotion des exportations hors hydrocarbures ». Il faut dire que dans le cadre de cette démarche, un nouveau grand groupe public dédié à la construction ferroviaires a été créé et mis en place la semaine dernière, dans le cadre de la vision économique du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, visant à restructurer et développer le secteur public dans le domaine de l’étude et de la réalisation des infrastructures ferroviaires et ce, dans la perspective d’un important programme de développement du réseau ferroviaire. La création de ce groupe a été actée en mai 2024 lors de la 184e session du Conseil des Participations de l’État (CPE), présidée par le Premier ministre, Nadir Larbaoui. Une vision qui s’est également accompagnée par la création d’une grande agence nationale des équipements publics qui sera chargée des études mais aussi du suivi des grands équipements publics.
Sabrina Aziouez