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Blocus pétrolier en Libye: L’ONU et Washington appellent à des pourparlers

L’ONU et les Etats-Unis ont appelé hier les acteurs politiques en Libye à une réunion « urgente » pour désamorcer la crise autour de la Banque centrale (BCL) et le blocus de la production et des exportations de pétrole.

Exprimant sa « profonde préoccupation face à la détérioration de la situation », la Mission d’appui de l’ONU en Libye (Manul) a « convoqué une réunion d’urgence de toutes les parties impliquées dans la crise de la BCL pour atteindre un consensus fondé sur des accords politiques, des lois et le principe de l’indépendance de la BCL », selon un communiqué. Résoudre la crise de la BCL « est une nécessité urgente », a souligné la Manul, mettant en garde contre un risque d' »effondrement financier et économique du pays ».

L’ambassade des Etats-Unis en Libye a qualifié cette proposition de « voie à suivre pour résoudre la crise entourant la Banque centrale ».

Cette nouvelle crise illustre la détérioration de la situation en Libye qui vit une crise majeure depuis l’assassinat de Mouammar Kadhafi en 2011 et perpétuation des divisions dans le pays, malgré les efforts menés sous l’égide de l’ONU pour une résolution de la crise. Le blocus pétrolier en Libye et la crise de la BCL sont le fruit des divisions en Libye dirigée par deux gouvernements, l’un basé à Tripoli, dirigé par Abdul Hamid Al-Dabaiba et reconnu par la communauté internationale et l’ONU, et un gouvernement parallèle à l’est, dirigé par Oussama Hammad, soutenu par le parlement de Tobrouk et les forces du seigneur de guerre Khalifa Haftar. Cette nouvelle crise a été induite par la lutte pour le contrôle de la BCL. La Banque centrale libyenne, située à Tripoli, est chargée de gérer les revenus pétroliers et le budget de l’État. Son gouverneur, Al-Siddiq al-Kabir, en poste depuis 2012, fait l’objet de critiques croissantes concernant sa gestion des fonds publics. Dernièrement, ce gouverneur était critiqué pour sa gestion de la manne pétrolière et du budget, considérée comme trop favorable au clan Haftar.

L’escalade actuelle a été déclenchée par l’entrée d’un « Comité pour la passation et la réception des pouvoirs », nommé par le Conseil présidentiel de Tripoli, dans les locaux de la Banque centrale. Le gouvernement parallèle a déclaré, en riposte l’état de « force majeure » sur tous les champs pétroliers et ports du pays. La fermeture des installations pétrolières représente un coup dur pour l’économie libyenne. Le pays, qui possède les plus grandes réserves pétrolières d’Afrique, avait récemment réussi à augmenter sa production à environ 1,2 million de barils par jour, se rapprochant des niveaux d’avant 2011 (1,5 à 1,6 million de barils par jour). Cette interruption de la production risque non seulement d’affecter les revenus de l’État libyen, mais aussi d’avoir des répercussions sur le marché pétrolier mondial, déjà tendu en raison des conflits géopolitiques en cours. En effet, les deux principaux contrats sur l’or noir, le Brent de mer du Nord et le WTI coté à New York, ont pris tous les deux, lundi, plus de 2%, à 79,78 dollars le baril pour le premier et 76,53 dollars le baril pour le second.

Lyes Saïdi

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