Opération de restauration de vieux édifices : Constantine renoue avec son passé
Dans les méandres de la vieille ville de Constantine, là où les siècles s’entrechoquent et où les pierres murmurent des récits millénaires, une renaissance s’amorce. Tels des phénix renaissant de leurs cendres, les édifices religieux de la cité du Rocher s’apprêtent à retrouver leur splendeur d’antan.
Le wali Abdelkhalak Sayouda a donné le la de cette vaste opération de restauration. Sous sa baguette, les mosquées Sidi Afane et El Ketania, la Madersa El Ketania, la Zaouia El Tidjania El Soufla, et la Zaouia Sayida Hafsa s’éveillent d’un long sommeil, prêtes à dévoiler à nouveau leurs secrets. Ces joyaux de pierre, témoins silencieux des époques révolues, sont les gardiens d’une mémoire collective. La mosquée El Ketania, vénérable dame du XVIIIe siècle, se dresse fièrement depuis 1776, défiant le temps de ses arcades séculaires. Chacune de ces structures est un livre ouvert sur l’histoire, dont les pages usées par les siècles méritent d’être soigneusement restaurées. L’État, conscient du trésor qui sommeille entre ces murs, a déployé un écrin financier de plus de 370 millions de dinars pour cette métamorphose patrimoniale. C’est le prix à payer pour que ces sentinelles du temps retrouvent leur lustre d’antan et continuent de veiller sur la cité.
Les artisans de cette renaissance ne sont pas de simples ouvriers, mais de véritables orfèvres du patrimoine. Armés de technologies de pointe, ils s’apprêtent à ausculter chaque pierre, chaque arabesque, avec la précision d’un chirurgien. Le scanner laser, tel un œil bienveillant, scrutera les moindres recoins de la mosquée El Ketania, révélant ses secrets architecturaux pour mieux les préserver. Le wali Sayouda veille au grain. Ses paroles résonnent comme un mantra auprès des entreprises de réalisation : respect des délais, qualité irréprochable, travail d’orfèvre. Car il ne s’agit pas simplement de restaurer des bâtiments, mais de redonner vie à l’âme de Constantine. Cette opération est bien plus qu’une simple rénovation. C’est un pont jeté entre le passé et l’avenir, une main tendue aux générations futures pour qu’elles puissent, elles aussi, toucher du doigt l’histoire de leur cité. C’est aussi une invitation lancée au monde, un appel à venir découvrir les merveilles cachées de Constantine.
Mais l’ambition ne s’arrête pas aux portes des édifices religieux. La vieille ville tout entière s’apprête à faire peau neuve. Le quartier Belle-vue, telle une toile vierge, attend les coups de pinceau des aménageurs urbains. Et là, face au lycée Abdelhamid Benbadis, à l’ombre bienveillante de la mosquée et de l’université des sciences islamiques Emir Abdelkader, un nouveau périmètre urbain s’apprête à éclore. Constantine, ville millénaire, se réinvente sans renier son passé. Elle prouve que la préservation du patrimoine n’est pas un fardeau, mais une chance. Une chance de se reconnecter à ses racines, de comprendre d’où l’on vient pour mieux savoir où l’on va. Une chance aussi de montrer au monde que l’Algérie sait chérir son histoire et la faire rayonner. Alors que les échafaudages s’élèvent et que le chant des marteaux résonne dans les ruelles tortueuses, c’est toute une ville qui retient son souffle. Dans huit mois, douze pour certains édifices, Constantine dévoilera son nouveau visage. Un visage où les rides de l’histoire auront été soigneusement lissées, sans pour autant effacer le caractère qui fait son charme. Cette renaissance n’est pas qu’une affaire de pierres et de mortier. C’est un message d’espoir, une preuve que le passé et le présent peuvent dialoguer harmonieusement. C’est aussi un pari sur l’avenir, sur le potentiel touristique d’une ville qui a tant à offrir. Ainsi, Constantine se prépare à écrire un nouveau chapitre de son histoire millénaire. Un chapitre où la préservation du patrimoine n’est pas une fin en soi, mais le début d’une nouvelle aventure. Une aventure où chaque pierre restaurée, chaque édifice rénové, chaque ruelle réaménagée raconte une histoire. L’histoire d’une ville qui, fière de son passé, regarde résolument vers l’avenir.
Mohamed Seghir