Le symptôme de la complicité zélée du Makhzen avec l’entité sioniste
Ce jeudi, le tribunal de première instance de Salé, au Maroc, jugera treize membres du « Front marocain de soutien à la Palestine et de lutte contre la normalisation ». Ces militants sont poursuivis pour leur participation à un rassemblement en novembre 2023, organisé pour protester contre les activités d’une entreprise internationale au Maroc qui soutient l’entité sioniste.
Le rassemblement en question, qui s’est tenu le 25 novembre 2023 à Salé, visait à exprimer l’opposition du Front aux activités de cette entreprise au Maroc. Selon les déclarations du Front, la manifestation était pacifique. Cependant, les autorités ont comme d’habitude utilisé la force contre les participants. Des équipements, notamment des haut-parleurs, ont été confisqués, tandis que des banderoles et des drapeaux palestiniens ont été saisis ou détruits!
Le secrétariat national du Front a vivement condamné ce procès « politique ». Cette action judiciaire vise, souligne-t-il, à entraver les efforts continus de soutien à la cause palestinienne et l’opposition des Marocains à la normalisation avec l’entité sioniste. Le Front affirme que le seul tort de ses membres est d’avoir participé à un rassemblement solidaire en soutien au peuple palestinien. L’organisation met en avant le contexte régional tendu, faisant référence au conflit en cours à Ghaza. Elle souligne que ce procès intervient à un moment où la situation humanitaire dans la bande de Ghaza est particulièrement préoccupante, tout en critiquant la poursuite du processus de normalisation des relations entre certains pays arabes et l’entité sioniste. Concernant l’entreprise au cœur de la controverse, le Front l’accuse d’investir dans des territoires palestiniens occupés et d’apporter un « soutien économique tangible et important » à l’occupation. L’organisation va jusqu’à évoquer des « scandales » liés à des dons en faveur de l’armée d’occupation qui mène une guerre d’extermination et un génocide contre les Palestiniens. Face à ces accusations, une organisation de défense des droits associée au Front a exigé l’abandon des charges contre les militants. Elle invoque le droit à la solidarité internationale avec le peuple palestinien comme justification de leurs actions.
Ce procès souligne d’ailleurs de degrés de complicité du régime marocain avec l’occupation sioniste criminelle qui commet des massacres quotidiens en Palestine occupée et mène actuellement une agression sanglante contre le Liban. Une complicité qui pousse le Makhzen à chercher à étouffer toute voix qui s’opposerai au Maroc aux crimes de l’occupant et à la connivence du régime marocain.
Contexte social explosif
Ce procès se tient dans un contexte plus large marquée par d’importantes tensions sociales et politiques. La rue gronde au Maroc. Des manifestations massives se sont tenues la semaine dernière pour dénoncer la misère et les conditions sociales insupportables, la semaine dernière, alors que de nouveaux rassemblements sont prévus le 5 octobre prochain. Il faut dire que le taux de chômage parmi les jeunes marocains âgés entre 15 et 24 ans a poursuivi sa tendance haussière durant le deuxième trimestre 2023 et 2024, poussant les autorités à alerter contre une véritable « bombe à retardement », particulièrement après les tentatives de milliers de jeunes de cette tranche d’âge d’entrer illégalement dans les enclaves espagnoles, Ceuta notamment. Lors d’une conférence de presse à Rabat, le gouverneur de la Banque centrale marocaine Bank al Maghrib (BAM), Abdelatif Juahri, a fait savoir, selon un compte rendu du site d’informations espagnol « elfradoceuta » que « le taux de chômage parmi les jeunes (15-24 ans) est passé de 46, 1 à 48,8% entre le deuxième trimestre 2023 et 2024 », qualifiant cette situation de « point noir ». » A rappeler que des dizaines de milliers de jeunes marocains avaient pris d’assaut ces derniers jours les enclaves espagnoles, notamment Ceuta, à partir de la ville frontalière de Fnideq. En effet, des vidéos diffusées par des militants marocains et des médias locaux ont montré les forces de sécurité à Fnideq (nord du Maroc) pourchassant de jeunes migrants clandestins en quête d’une vie meilleure sur l’autre rive après avoir tenté vainement de vivre dignement dans le Royaume. Selon des médias locaux, de nombreuses familles marocaines se sont rendues, tard dans la soirée de dimanche, au point de passage terrestre pour rechercher leurs proches et s’enquérir de leur sort, se demandant s’ils étaient dans des postes de police, s’ils avaient été déportés vers d’autres villes, ou s’ils avaient réussi à traverser, alors que des dizaines de jeunes continuaient de se cacher dans les montagnes attendant le moment opportun pour franchir la frontière.
Chokri Hafed