Culture

Patrimoine matériel: Relancer le processus de classement à l’UNESCO

Dans une démarche ambitieuse visant à préserver et promouvoir son patrimoine culturel exceptionnel, l’Algérie a lancé une initiative majeure pour actualiser sa liste indicative des biens culturels matériels à inscrire au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce projet, marqué par l’ouverture d’un atelier national à Alger lundi, témoigne de la volonté du pays de renforcer sa présence sur la scène culturelle internationale tout en sauvegardant son héritage unique.

L’urgence de cette initiative est soulignée par un constat frappant : la dernière mise à jour de la liste préliminaire remonte à 22 ans, tandis que la dernière inscription sur la liste du patrimoine mondial date d’il y a 32 ans, avec la Casbah d’Alger. Ce long silence ne reflète en rien la richesse et la diversité du patrimoine algérien, mais plutôt un besoin de redynamiser les efforts de préservation et de reconnaissance internationale. La ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji, en présidant l’ouverture de cet atelier, a réaffirmé l’engagement de l’État dans cette mission cruciale. « Cet atelier s’inscrit dans le cadre des efforts de l’État visant la sauvegarde de notre patrimoine national matériel et la promotion de sa valeur à l’échelle internationale », a-t-elle déclaré, soulignant l’importance de cette démarche pour l’identité nationale et le rayonnement culturel de l’Algérie. Mme Mouloudji a déclaré que « cet atelier s’inscrit dans le cadre des efforts de l’Etat visant la sauvegarde de notre patrimoine national matériel et la promotion de sa valeur à l’échelle internationale à travers son inscription sur la liste du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO », soulignant l’engagement continu de son secteur à « protéger et à valoriser notre patrimoine national, en insistant sur son rôle majeur dans notre identité et le renforcement de notre place culturelle sur la scène internationale, conformément aux directives sages du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, qui accorde une attention particulière à la préservation de notre patrimoine et de notre mémoire nationale ». Pour la ministre, l’organisation de cet atelier constitue une « étape stratégique vers l’inscription d’un plus grand nombre de nos biens culturels nationaux matériels sur la liste du patrimoine mondial » à travers « une série de mesures d’urgence, notamment l’actualisation de la liste indicative actuellement enregistrée au nom de l’Algérie, comprenant six dossiers seulement ». « Nous procéderons aujourd’hui à l’actualisation et à l’enrichissement de cette liste, sur la base des propositions des experts (au nombre de douze pour le moment) », a-t-elle ajouté, précisant que « ce nombre est appelé à augmenter en fonction des résultats de cet atelier ». Elle a fait savoir qu’un « calendrier précis a été établi pour atteindre cet objectif », à travers « la formation et l’installation de groupes de travail chargés de mettre en place un plan d’action clair conforme aux normes internationales en vigueur auprès de l’UNESCO ».

L’approche adoptée par l’Algérie pour cette mise à jour est à la fois ambitieuse et méthodique. L’atelier national marque le début d’un processus en plusieurs étapes, visant à enrichir considérablement la liste indicative actuelle, qui ne comprend que six dossiers.

La ministre a annoncé la mise en place d’un calendrier précis, comprenant plusieurs phases clés, soit la formation et l’installation de groupes de travail chargés d’élaborer un plan d’action conforme aux normes de l’UNESCO, l’organisation d’un atelier international en novembre 2024, avec la participation d’experts de l’UNESCO, pour affiner la préparation des dossiers, la finalisation et mise à jour des dossiers de la liste indicative pour décembre 2024, en vue de leur soumission à l’UNESCO et enfin l’accueil en 2025 d’experts désignés par l’UNESCO pour des évaluations sur le terrain. Cette approche structurée démontre la détermination de l’Algérie à présenter des dossiers solides et conformes aux exigences internationales, maximisant ainsi les chances de nouvelles inscriptions.

L’un des aspects les plus prometteurs de cette initiative est son caractère inclusif et pluridisciplinaire. L’atelier a réuni non seulement des experts du patrimoine, mais aussi des représentants de différents secteurs, y compris les forces de sécurité. Cette approche holistique reconnaît que la préservation du patrimoine est une responsabilité partagée qui transcende les frontières sectorielles. La participation de figures éminentes comme Toufik Hammoum, vice-président du Conseil consultatif, scientifique et technique de la Convention de l’UNESCO de 2001 relative à la protection du patrimoine culturel subaquatique, et Slimane Hachi, membre de la commission du patrimoine culturel immatériel de la convention 2023 de l’UNESCO, souligne l’expertise de haut niveau mobilisée pour ce projet. Pour sa part, le directeur de la coopération et des échanges au ministère, Nassim Mohand Amer a passé en revue les nouvelles mesures de l’UNESCO relatives à l’élaboration des dossiers de classification et les principales clauses de la Convention du patrimoine mondial de l’UNESCO de 1972, ainsi que le concept de la liste préliminaire et son importance pour la sauvegarde du patrimoine, outre les étapes pratiques pour l’actualisation de l’inscription sur la liste préliminaire de l’UNESCO. Et de préciser que « la dernière mise à jour de la liste préliminaire de l’Algérie remonte à il y a 22 ans, tandis que la dernière inscription sur la liste date d’il y a 32 ans, à savoir celle du site de la Casbah d’Alger ».

Bien que l’atelier se concentre sur le patrimoine matériel, il est important de noter que cette démarche s’inscrit dans une vision plus large de la préservation culturelle. L’Algérie possède un riche patrimoine immatériel, incluant des traditions orales, des pratiques sociales, des rituels et des savoir-faire artisanaux qui méritent également une reconnaissance et une protection internationales. La mise à jour de la liste indicative offre une opportunité unique de mettre en lumière la diversité culturelle de l’Algérie, des sites archéologiques millénaires aux expressions culturelles vivantes qui continuent de façonner l’identité du pays.

Mohamed Seghir

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