Culture

Festival international d’Oran du film arabe : Coup d’envoi des projections en compétition officielle

La ville d’Oran s’anime une fois de plus au rythme du septième art arabe avec l’ouverture de la 12e édition du Festival international d’Oran du film arabe (FIOFA). Cet événement culturel majeur, qui se déroule du 5 au 10 octobre 2024, promet une semaine riche en découvertes cinématographiques, en rencontres artistiques et en formations pour la nouvelle génération de cinéastes.

Le coup d’envoi des projections en compétition officielle a été donné avec la catégorie des documentaires longs métrages. L’honneur d’inaugurer cette section est revenu au film algérien « Zinet, Alger, le bonheur » du réalisateur Mohamed Latreche. Ce documentaire, produit en 2023 et projeté pour la première fois en Algérie, rend un vibrant hommage à Mohamed Zinet (1932-1995), figure emblématique du cinéma algérien. Le film retrace le parcours militant de Zinet et l’influence considérable de son unique long métrage, « Tahia Ya Didou » (1971), devenu une œuvre culte du cinéma algérien. Mohamed Latreche, le réalisateur, a annoncé son intention d’organiser une tournée à travers l’Algérie en collaboration avec le Musée du Cinéma, afin de faire découvrir ce patrimoine cinématographique aux nouvelles générations. Cette projection s’inscrit dans une démarche plus large de préservation et de mise en valeur du patrimoine audiovisuel algérien. Le ministère de la Culture et des Arts a d’ailleurs entrepris la restauration du film « Tahia Ya Didou », dont la copie restaurée sera également présentée durant le festival. Le FIOFA offre un panorama riche et varié de la production cinématographique arabe récente. Dans la catégorie des longs métrages, le public a pu découvrir en avant-première africaine « Mandoub Elil » (2023) du réalisateur saoudien Ali Keltoumi. Ce film dresse le portrait d’un trentenaire perturbé errant dans les rues nocturnes de Riyad, confronté à la perte de ses repères dans un monde qu’il peine à comprendre. La soirée s’est poursuivie avec la projection de « Incha Allah Walad » (Si Dieu le veut, un garçon) du réalisateur jordanien Amdjad Rachid. Ce film aborde avec sensibilité les difficultés d’une veuve luttant pour conserver son foyer face aux pressions familiales. La compétition des courts métrages, qui réunit 14 œuvres en lice pour le prestigieux « Wihr d’or », a débuté avec la projection de « Youm » du réalisateur bahreïni Ahmed Akbar. Ce film en noir et blanc, d’une durée de 6 minutes, offre une réflexion poignante sur la solitude et le passage du temps à travers le portrait d’un septuagénaire. Parmi les autres œuvres présentées, on peut citer le film algérien « Kora » (ballon) de Malek Saifi, tourné en langue tamazight, qui nous plonge dans le quotidien d’un village kabyle. Le film tunisien « Lini Africa » de Marwan Labib aborde quant à lui la question brûlante de la migration à travers l’histoire d’un prêtre en quête de migrants africains perdus dans le désert libyen. La diversité des sujets abordés et des approches cinématographiques témoigne de la vitalité et de la créativité du cinéma arabe contemporain, capable de traiter avec finesse des enjeux sociétaux complexes.

Au-delà des projections, le FIOFA accorde une place importante à la formation des jeunes talents. Quatre ateliers sont proposés en marge du festival, couvrant différents aspects de la création cinématographique. Un atelier consacré à la création de podcasts sur le cinéma, animé par le journaliste et producteur tunisien Habib Trabelsi, permet à cinq jeunes cinéastes de s’initier à ce format en plein essor. Deux ateliers de comédie, dirigés respectivement par le comédien algérien Abbes Rahmani et l’acteur égyptien Fathi Abdelouahab, offrent à une vingtaine de participants l’opportunité de perfectionner leur jeu. Enfin, le réalisateur algérien Rachid Benhadj partage son expertise lors d’un atelier dédié au montage vidéo. Ces initiatives de formation témoignent de la volonté du festival de contribuer au développement de l’industrie cinématographique arabe en accompagnant les talents de demain. La compétition des documentaires longs métrages, qui réunit dix films, est supervisée par un jury présidé par le réalisateur irakien Abbes Fadhel, garantissant un regard expert et avisé sur les œuvres en compétition. Avec sa programmation riche et variée, ses initiatives de formation et son engagement en faveur du patrimoine cinématographique, le 12e Festival international d’Oran du film arabe s’affirme comme un rendez-vous incontournable du cinéma arabe. Il offre une vitrine précieuse à la création contemporaine tout en œuvrant à la transmission et à la préservation d’un héritage cinématographique riche et complexe. Alors que le festival bat son plein, cinéphiles et professionnels du cinéma ont encore de nombreuses découvertes en perspective jusqu’à la cérémonie de clôture le 10 octobre.

Mohamed Seghir

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