Plusieurs mesures pour réduire les prix des pommes : Les spéculateurs dans le viseur
Les pouvoirs publics s’attaquent à la spéculation sur le marché des pommes avec détermination.
Dans un effort concerté pour freiner la hausse des prix et lutter contre les pratiques spéculatives, le Gouvernement a lancé une série de mesures pour réguler le marché des pommes. Ces initiatives, annoncées par le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations, visent à court-circuiter les intermédiaires et à rétablir un équilibre sur un marché longtemps perturbé par des fluctuations de prix injustifiées. Au cœur de cette stratégie novatrice se trouve une opération de vente directe de pommes. Désormais, les agriculteurs producteurs de pommes sont encouragés à vendre leurs produits directement aux détaillants dans les marchés de gros, une approche qui vise non seulement à réduire les prix pour le consommateur final mais aussi à éliminer la chaîne souvent coûteuse des intermédiaires. Pour faciliter cette transition, le gouvernement a mis en place des espaces commerciaux gratuits dédiés aux producteurs de pommes, une initiative qui témoigne de l’engagement des autorités à soutenir concrètement cette nouvelle approche. L’impact de cette mesure s’est fait immédiatement sentir, notamment au marché de gros de fruits et légumes de la société « Magros » à Attatba, dans la wilaya de Tipasa. Ici, les pommes sont désormais proposées à des prix variants entre 80 et 220 dinars par kilogramme, selon la qualité, une fourchette de prix nettement inférieure aux tarifs précédents qui témoigne de l’efficacité potentielle de l’approche. Cette opération a suscité une mobilisation nationale impressionnante, avec la participation de producteurs venus de diverses régions du pays, notamment des wilayas de Blida, Médéa, Ain Defla, Tizi Ouzou, Batna et Sidi Bel Abbès. Cette large participation souligne non seulement l’ampleur du problème mais aussi la volonté collective de trouver une solution durable. Il est important de noter que ces mesures ne sont pas le fruit du hasard, mais le résultat d’une réflexion approfondie et d’une collaboration interministérielle. Elles font suite à une réunion conjointe entre les ministères du Commerce et de la Promotion des exportations et de l’Agriculture et du Développement rural, qui a permis de définir une stratégie globale pour endiguer la hausse des prix de ce fruit essentiel au panier de la ménagère. Au-delà de la vente directe, le plan d’action comprend plusieurs volets complémentaires qui témoignent de l’approche multidimensionnelle adoptée par les autorités. Plus de 144 points de vente ont été mis à la disposition des agriculteurs pour commercialiser leurs produits directement aux consommateurs, y compris dans les grandes surfaces, une mesure qui vise à augmenter la disponibilité des pommes à des prix abordables dans tout le pays. Parallèlement, la société algérienne de régulation des produits agricoles « SARPA » et la société « Frigomedit » ont été mandatées pour acheter la récolte de pommes auprès des agriculteurs, dans le but de constituer un stock de régulation sans marge bénéficiaire. Cette initiative permettra d’intervenir sur le marché en cas de nouvelle tentative de spéculation, assurant ainsi une stabilité des prix à long terme. Pour faciliter l’acheminement des produits et réduire davantage les coûts, le gouvernement a mis en place un système de transport gratuit des pommes depuis les exploitations vers les marchés de gros. Cette mesure vise à alléger le fardeau logistique pour les producteurs, ce qui devrait se traduire par des prix plus bas pour les consommateurs.
Les chambres froides recensées
Dans le cadre de cette lutte contre la spéculation, un recensement exhaustif des chambres froides et des espaces de stockage de pommes a été ordonné. Cette mesure vise à déterminer avec précision les quantités stockées, qu’elles soient déclarées ou non, afin de lutter efficacement contre les pratiques spéculatives qui ont longtemps perturbé le marché. Un calendrier de déstockage progressif sera également établi en fonction des besoins du marché, assurant ainsi un approvisionnement régulier et évitant les pénuries artificielles qui ont souvent été à l’origine des flambées des prix. Ces mesures s’inscrivent dans un contexte plus large de lutte contre la spéculation et les pratiques commerciales déloyales, une priorité affirmée au plus haut niveau de l’État. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a personnellement ordonné l’application de sanctions sévères contre les spéculateurs, pouvant aller jusqu’à la fermeture immédiate des entreprises impliquées et le retrait de leurs registres de commerce. Cette prise de position ferme témoigne de l’importance accordée à cette question et de la détermination du gouvernement à protéger le pouvoir d’achat des citoyens.
Samir Benisid