Premier tour de manivelle du feuilleton télévisé « Ilan Ntemedurth »
Une série en langue chaouie pour le Ramadan 2026
La région des Aurès s’apprête à faire son entrée remarquée dans le paysage audiovisuel algérien avec le lancement du tournage d’une série en langue chaoui. Le feuilleton « Ilan Ntemedurth » (Les tournants de la vie), dont le premier tour de manivelle a été donné ce samedi à Batna, marque une étape significative dans la valorisation des langues et cultures régionales algériennes.
Cette production ambitieuse de l’Entreprise publique de télévision (EPTV) s’inscrit dans une dynamique plus large de décentralisation culturelle, comme l’a souligné Mohamed Baghali, directeur général de l’EPTV, présent lors du lancement aux côtés du wali de Batna, Mohamed Benmalek. Le feuilleton, qui compte 30 épisodes, sera diffusé pendant le Ramadan 2026, rejoignant ainsi deux autres séries actuellement en tournage à Ghardaïa et dans le Djurdjura. L’initiative témoigne de l’engagement concret de la télévision nationale envers la promotion de Tamazight, langue nationale et officielle. « Cette langue est au cœur du service public et figure dans le cahier des charges de la télévision algérienne », a rappelé M. Baghali, qui annonce par ailleurs une intensification de la production dramatique au-delà de la période du Ramadan, dans l’objectif de dynamiser le secteur audiovisuel algérien.
Le scénario, signé Messaoud Hedjira et mis en scène par Abdelhak Mehdi, met en lumière le patrimoine culturel des Aurès à travers une distribution alliant talents locaux et figures nationales. On retrouve ainsi des comédiens emblématiques de la région comme Kamel Zerara, Mabrouk Feroudji et Ali Djebbara, aux côtés d’artistes reconnus tels que Dounia El Djazaïria, Mohamed Zaoui et Loubna. L’intrigue, qui se déroule dans un village isolé des montagnes aurésiennes, suit le parcours de Slimane, un jeune homme adopté durant son enfance par une famille montagnarde. Après avoir achevé ses études supérieures, le protagoniste entreprend une quête identitaire pour retrouver ses parents biologiques, un périple qui servira de fil conducteur pour explorer les traditions et le patrimoine matériel et immatériel de la région. Le tournage, qui se déroulera entre les zones montagneuses des Aurès et les communes de Batna et d’Oued El Ma, bénéficie d’un soutien logistique important des autorités locales. Le wali Mohamed Benmalek a d’ailleurs assuré que tous les moyens nécessaires ont été déployés pour permettre à l’équipe de respecter les délais de production avant le Ramadan, soulignant au passage le potentiel cinématographique exceptionnel de la région.
Cette première série en dialecte chaoui représente bien plus qu’une simple production télévisuelle : elle incarne la reconnaissance institutionnelle de la diversité culturelle algérienne et ouvre la voie à de nouvelles perspectives dans la création audiovisuelle régionale. Un pari ambitieux qui pourrait bien redéfinir les contours du paysage télévisuel algérien tout en contribuant à la préservation et à la diffusion du patrimoine culturel des Aurès.
Mohand Seghir