Un agenda chargé pour la diplomatie algérienne en 2025
Dans un contexte international marqué par des tensions croissantes, notamment au Moyen-Orient et en Afrique, la diplomatie algérienne s’apprête à jouer un rôle majeur sur la scène internationale en 2025.
Lors d’une conférence de presse tenue le 30 décembre 2024 à Alger, le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, a dressé le bilan de l’année écoulée et présenté les perspectives pour 2025, année qui s’annonce particulièrement chargée pour la diplomatie algérienne. Un bilan qui répond aux instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a fait de la transparence le mot d’ordre, souligne d’ailleurs Attaf. Ainsi, l’année 2024 a été caractérisée, selon les mots du ministre, par « la recrudescence et l’exacerbation des conflits et des guerres dans un contexte tendu, sans pareil, depuis la guerre froide ». Face à cette situation, M. Attaf a souligné que l’Algérie a dû « s’adapter aux mutations survenues aux niveaux, régional et international », poursuivant ses efforts « pour préserver les intérêts de notre pays et renforcer son rôle aux niveaux, arabe et africain, dans le monde musulman tout comme en Méditerranée et en dehors de ces appartenances ».
La présidence algérienne du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui débutera le 1er janvier 2025, constitue un moment clé pour la diplomatie du pays. Cette responsabilité intervient dans un contexte particulièrement sensible, notamment en ce qui concerne la situation à Ghaza et la question palestinienne. À cet égard, le ministre a annoncé que « l’Algérie organisera une réunion ministérielle au Conseil de sécurité des Nations Unies sur l’évolution de la question palestinienne et la situation au Moyen-Orient ». Cette initiative s’inscrit dans la continuité de l’engagement algérien en faveur de la cause palestinienne, rappelant que l’Algérie a déjà « présenté de nombreux projets de résolution et de déclarations au Conseil de sécurité, dans le but de freiner l’agression sioniste contre Ghaza ». Sur le plan régional, l’Algérie poursuit son engagement en faveur de la stabilité du Maghreb. Le ministre a notamment évoqué le renforcement de la coopération trilatérale avec la Tunisie et la Libye, annonçant que « la proposition de l’Algérie de créer un mécanisme trilatéral de consultation et de coopération a été approuvée par la Tunisie et la Libye, et a abouti à des projets concrets pour prendre en charge les problématiques de ces pays ». Dans cette perspective, « nous préparons actuellement le troisième sommet à Tripoli au début de la nouvelle année », a précisé M. Attaf. La question du Sahara occidental demeure également au cœur des préoccupations diplomatiques algériennes. Sur ce dossier, le ministre a réaffirmé que la position de l’Algérie « tire sa force et sa légitimité de constantes historiques irréfutables, car il s’agit d’une question de décolonisation dont le processus est inachevé ». Il a notamment insisté sur le fait que « l’occupation marocaine ne peut être acceptée en tant que fait accompli » et que « toute solution à la question du Sahara occidental en dehors de la décolonisation est une mystification, à l’image de l’autonomie ».
Concernant la crise syrienne, l’Algérie maintient une position équilibrée et constructive. M. Attaf a souligné que « notre ambassade en Syrie est pleinement opérationnelle » tout en précisant que « la Syrie est un pays qui peut accueillir tout le monde, et l’avenir de la Syrie doit être façonné par tous les Syriens ». La position algérienne repose sur trois principes fondamentaux : « l’intégrité territoriale de la Syrie et l’unité de son territoire », le fait que « la Syrie appartient à tous », et l’importance que « le dialogue doit se dérouler sous l’égide des Nations Unies ».
Candidature de l’Algérie à la vice-présidence de l’Union africaine
Sur le plan africain, l’Algérie nourrit des ambitions importantes. Le ministre a révélé qu’une mission lui a été confiée par le Président de la République auprès de plusieurs pays africains, comprenant notamment la candidature de l’Algérie à la vice-présidence de l’Union africaine. Il a également souligné qu' »il y a un large consensus pour accorder à l’Afrique deux sièges permanents au Conseil de sécurité de l’ONU, et c’est ce sur quoi nous échangeons en tant qu’Africains ». Il a également souligné que l’Algérie mettra l’accent lors de sa présidence du CS sur « la lutte contre le terrorisme en Afrique », en organisant une réunion ministérielle du Conseil consacrée à l’expansion et à la propagation de ce fléau à travers le continent.
Dans le domaine énergétique, l’Algérie entend jouer un rôle prépondérant. M. Attaf a affirmé que « l’Algérie est un acteur clé dans la résolution du dossier de la sécurité énergétique », comme elle l’a démontré notamment à travers l’organisation du sommet du Forum dea pays exportateurs de gaz au mois de mars dernier et la participation du Président de la République au dernier sommet G7. Enfin, l’Algérie poursuit son engagement en faveur de la réforme de la Ligue des États arabes. Le ministre a indiqué que « notre pays continue de plaider en faveur de la réforme de la Ligue des États arabes, qui reste l’une des plus anciennes organisations intergouvernementales au monde sans avoir connu de réels changements ou ajustements au cours de son histoire ». Cette position s’accompagne d’un renforcement des relations bilatérales avec plusieurs pays arabes, comme en témoignent les visites officielles du président Abdelmadjid Tebboune en Tunisie, en Égypte et au Sultanat d’Oman.
L’année 2025 s’annonce ainsi comme une année cruciale pour la diplomatie algérienne, qui devra naviguer entre ses responsabilités au Conseil de sécurité, ses engagements régionaux et son rôle croissant sur la scène internationale. La présidence du Conseil de sécurité en janvier 2025 offre à l’Algérie une plateforme unique pour porter ses positions sur les grandes questions internationales, particulièrement celles concernant le monde arabe et le continent africain.
Hocine Fadheli