Accord d’association Algérie-UE : Ce qu’il faut attendre de la prochaine révision
Depuis sa signature en 2005 jusqu’à 2023, l’Accord d’association a généré près de 1000 milliards de dollars dans le commerce des marchandises et produits européens en Algérie contre 13 milliards de dollars en termes d’investissements lesquels ont donné lieu à 12 milliards de dollars de dividendes rapatriés.
L’Accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne devrait être révisée en cette année 2025. Un accord qui demeure très déséquilibré et qui ne répond pas aux ambitions d’industrialisation et de diversification des exportations de l’Algérie. Au-delà de l’important manque à gagner en matière de taxes et de droits de Douanes induit par le démantèlement tarifaire, l’accord n’a pas répondu aux aspirations de l’Algérie en matière de rééquilibrage des échanges commerciaux avec un déficit commercial abyssal en faveur de l’Union européenne, en sus de ne pas avoir répondu aux ambitions en matière d’investissement. Autant de facteurs qui font dire au ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, que l’accord d’association est « Un boulet au pied de l’économie nationale ». Ahmed Attaf n’est pas allé par trente-six chemins pour fustiger, la semaine dernière, l’attitude de l’Union européenne vis-à-vis de l’Algérie d’une part et sa gestion de l’Accord d’association d’autre part.
Le chef de la diplomatie algérienne a saisi l’occasion d’une conférence de presse animée pour présenter le bilan des activités diplomatiques en 2024, pour revenir sur cet accord et la politique menée jusque-là par l’Union européenne en matière de coopération avec l’Algérie dans divers domaines et rappeler les facteurs qui justifient aujourd’hui la révision de cet accord. Et pour cause, Ahmed Attaf a déclaré que « l’Union Européenne se comporte avec l’Algérie comme si l’économie s’est arrêtée en 2005, à tel point que le développement industriel du pays est considéré comme une atteinte à l’accord d’association avec l’UE, qui utilise, à chaque fois, le système de quotas pour nous bloquer ». Plus explicite, le ministre des Affaires étrangères a expliqué : « nous avons, actuellement, des quotas de produits industriels destinés à l’exportation vers les pays européens jusqu’à 2026 mais ils sont bloqués par notre partenaire européen notamment après la mise en place de la taxe du carbone ». Ce qui amène le ministre Ahmed Attaf à affirmer que l’accord d’association Algérie-Union européenne est en défaveur de notre pays, estimant que cet accord est déséquilibré et constitue « un boulet au pied de l’économie algérienne » parce que depuis sa signature en 2005 jusqu’à 2023, il a généré près de 1000 milliards de dollars dans le commerce des marchandises et produits européens en Algérie contre 13 milliards de dollars en terme d’investissements durant la même période dont 12 milliards de dollars de rapatriement de dividendes . Ainsi, l’Algérie n’a gagné qu’un milliard de dollars durant la période 2005 à 2023, dira-t-il, tout en soulignant : « je fais part de cette réflexion aux responsables de l’Union européenne en leur affirmant que l’accord d’association est un boulet au pied de l’économie algérienne et je le pense personnellement ». Une opinion partagée par le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune qui ordonné la révision de cet accord article par article parce qu’il n’est pas en faveur de l’Algérie ni de l’économie nationale.
Cette révision devrait tendre, selon le Président Tebboune, vers un accord de partenariat plus équilibré basé sur la règle gagnant-gagnant. Ce qui n’est pas le cas, aujourd’hui, alors que ledit accord demeure en faveur d’une seule partie, en l’occurrence l’Union européenne, qui excelle dans l’adoption de barrières non-tarifaires pour bloquer l’accès des produits algériens au marché européen. A cela s’ajoute, les restrictions imposées par les pays membres de l’Union européenne à la libre circulation des citoyens et des opérateurs économiques algériens qui souhaitent se rendre dans ces pays et ce sous couvert de la politique des quotas de l’octroi des visas d’entrée à l’espace Schengen sachant que cet accord garantit la libre circulation des personnes et des biens entre les deux parties signataires, soit l’Algérie et l’Union européenne. Le Président Tebboune a d’ailleurs annoncé au mois d’octobre dernier la révision de cet accord duranrt cette année 2025. Rappelons dans ce contexte que le nouvel ambassadeur de la mission de l’Union européenne (UE)) à Alger, M. Diego Mellado Pascua, avait affirmé au terme de la cérémonie de remise de ses lettres de créance au Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, que l’Algérie est un partenaire privilégié, essentiel et fondamental de l’UE, ajoutant au passage que « nous sommes conscients que nos destins sont liés, nous souhaitons continuer à travailler ensemble et nous assurer que les économies algérienne et européenne soient intégrées et que le dialogue politique puisse continuer à travailler dans le cadre de la solidarité européenne et de tous les Etats membres de l’UE avec l’Algérie qui est un partenaire privilégié, essentiel et fondamental de l’Europe». Sachant que le diplomate européen a abordé avec le Président de la République les relations entre l’Algérie et l’UE qui sont riches, intenses et diversifiées, citant notamment les échanges commerciaux et les investissements, révélant avoir évoqué, également, avec le Président de la République, l’Accord d’association entre l’Algérie et l’UE, ainsi que les voies et moyens d’élargir les liens d’amitié forts entre les deux parties.
L’Algérie, un partenaire stratégique pour l’UE
Mercredi, l’ambassadeur de l’Union européenne en Algérie, Diego Mellado Pascua, a dressé un bilan optimiste des relations entre l’UE et l’Algérie lors d’une rencontre avec la presse nationale à Alger. Il a notamment souligné le rôle crucial que jouera l’Algérie en 2025 dans la réindustrialisation européenne, annonçant une année placée sous le signe de l’apaisement et du renforcement des échanges bilatéraux. Les chiffres témoignent déjà de cette dynamique positive, avec un volume d’échanges commerciaux historique de 50 milliards d’euros en 2023, dépassant largement la moyenne des deux dernières décennies qui oscillait entre 30 et 40 milliards d’euros. L’Europe confirme sa position de premier partenaire de l’Algérie, particulièrement dans le secteur gazier, tandis que les investissements européens dans le pays atteignent désormais 23 milliards d’euros.
Pour le diplomate européen, cette évolution remarquable ouvre la voie à une coopération mutuellement bénéfique, tant sur le plan économique que commercial, témoignant d’une amélioration constante des relations entre les deux rives de la Méditerranée. Le diplomate européen semble mettre en avant une prise de conscience quant au rôle stratégique de l’Algérie pour l’Europe notamment sur le plan énergétique et son aspiration à un partenariat consolider. Toutefois, l’évolution de ce partenariat reste tributaire d’échanges plus équilibrés qui transcendent le schéma qui a prédominé jusque-là les échanges. Dans ce sens L’ambassadeur de l’UE en Algérie, Diego Mellado Pascua, a salué les efforts de réindustrialisation et de diversification économique entrepris par l’Algérie, exprimant la volonté européenne de soutenir cette dynamique. Il a notamment annoncé le lancement en 2025 du Pacte pour la Méditerranée, une initiative majeure visant à renforcer l’appui aux pays de la rive sud méditerranéenne dans leur développement économique et la gestion des défis régionaux.
Ce nouveau cadre de coopération ambitionne de repenser en profondeur les relations bilatérales pour établir un partenariat plus structuré et pérenne. L’ambassadeur a souligné l’importance de tirer les leçons des accords précédents pour élaborer une feuille de route plus efficace, axée sur des résultats concrets.
Dans cette optique, une révision de l’Accord d’association Algérie-UE est prévue début 2025. Les consultations techniques veilleront à prendre en compte les intérêts algériens, avec pour objectif principal de faciliter l’accès des produits algériens au marché européen. Pour M. Mellado, l’Algérie, en tant que puissance régionale émergente, a vocation à renforcer significativement sa présence sur le plus grand marché commercial mondial.
Hakim Aomar