Festival du Cinéma Africain de Louxor: Le film « Frantz Fanon » primé
Le film « Frantz Fanon » du réalisateur Abdelnour Zahzah vient en effet de remporter le Prix du Jury lors de la 14ᵉ édition du Festival du Cinéma Africain de Louxor.
Le cinéma algérien continue de briller sur la scène internationale avec une nouvelle reconnaissance prestigieuse. Le film « Frantz Fanon » du réalisateur Abdelnour Zahzah vient en effet de remporter le Prix du Jury lors de la 14ᵉ édition du Festival du Cinéma Africain de Louxor, une distinction qui confirme la qualité croissante des productions algériennes. Cette récompense a d’ailleurs suscité les félicitations chaleureuses du ministre de la Culture et des Arts, M. Zohir Ballou, qui n’a pas manqué de saluer le travail remarquable de toute l’équipe du film.
Cette œuvre, fruit d’une collaboration entre le Centre algérien pour le développement du cinéma et la société Atlas Film pour les médias, avait déjà fait parler d’elle lors de sa présentation en avant-première au Festival international du film de Berlin. Les spectateurs algériens ont pu la découvrir fin octobre 2024 dans la salle Ibn Zeydoun, lors d’un événement spécial orchestré par le Centre algérien pour le développement du cinéma. Aujourd’hui, le film poursuit sa carrière dans les salles algériennes avec trois projections hebdomadaires, permettant au public de découvrir ce portrait saisissant de Frantz Fanon. Le réalisateur Abdelnour Zahzah a choisi de se concentrer sur une période particulièrement significative de la vie de son sujet : son passage à l’hôpital de Joinville à Blida. C’est là que Fanon, psychiatre passionné et figure emblématique de la révolution algérienne, a mené un combat acharné pour transformer les pratiques médicales et combattre le racisme institutionnel. L’établissement, qui ressemblait davantage à un centre d’internement qu’à un véritable hôpital, pratiquait une ségrégation stricte entre patients européens et musulmans, ces derniers étant souvent internés sur des critères plus que discutables, dans le but de les isoler du « monde civilisé ». Le film dépeint avec justesse comment Fanon, en tant que chef de service, s’est attaché à révolutionner les méthodes de traitement. Son approche novatrice, fondée sur l’ethnopsychiatrie, s’est accompagnée de la mise en place d’activités sociales et culturelles diverses : création d’un café arabe, célébration des fêtes traditionnelles, organisation d’excursions, séances de contes et de poésie. Cette démarche thérapeutique globale, ancrée dans la sociothérapie, a rapidement montré des résultats encourageants. Au-delà de son engagement médical, le film met en lumière la dimension profondément humaine de Fanon, sa proximité avec ses patients et son personnel, ainsi que son combat intellectuel et politique contre le colonialisme, l’assimilation et le racisme. Si le réalisateur a délibérément choisi de se concentrer sur l’expérience de Blida, il n’en oublie pas pour autant d’évoquer les autres facettes de ce personnage complexe : son talent d’écrivain, notamment à travers son œuvre majeure « Les damnés de la terre », sa pensée anticoloniale et son soutien indéfectible à la révolution algérienne, qu’il considérait comme profondément juste.
Le film rappelle également les mots puissants de Fanon, écrits peu avant sa mort prématurée à 36 ans en 1961 : « Le colonialisme n’est pas une machine à penser, n’est pas un corps doué de raison. Il est la violence à l’état de nature et ne peut s’incliner que devant une plus grande violence. » Cette œuvre cinématographique réussit le pari de rendre un hommage touchant à cet homme d’exception, tout en suscitant chez les spectateurs l’envie d’explorer plus en profondeur sa vie et son héritage.
Cette reconnaissance internationale du film d’Abdelnour Zahzah s’inscrit dans une dynamique positive pour le cinéma algérien, comme l’a souligné le ministre Zohir Ballou en félicitant l’ensemble des talents qui se distinguent dans les différentes compétitions nationales et internationales. Elle témoigne de la vitalité d’une production cinématographique qui sait allier qualité artistique et profondeur historique, tout en valorisant les talents algériens dans tous les métiers du cinéma.
Mohand Seghir