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Le néocolonialisme et le révisionnisme de l’extrême-droite dénoncés

La montée des tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie, exacerbée par une récente campagne de désinformation menée par l’extrême droite française et certains membres du gouvernement, suscite une vague de protestations et de dénonciations de part et d’autre de la Méditerranée. Au cœur de cette nouvelle escalade se trouve une série de déclarations controversées émanant notamment du ministre français de l’Intérieur, dont les propos ont été vivement critiqués par plusieurs personnalités politiques aussi bien en Algérie qu’en France.

Le Bureau du Conseil de la nation, présidée par Salah Goudjil, a ainsi fermement condamné, hier à l’issue d’une réunion tenue hier, les manœuvres du courant d’extrême droite en France, accusé d’entretenir « un climat de parades qui reflète sa haine viscérale envers tout ce qui est Algérien ». Le Bureau a particulièrement dénoncé les tentatives de manipulation de l’opinion publique française à travers des « campagnes tendancieuses », notamment concernant de prétendues aides financières octroyées à l’Algérie.

Dans une déclaration particulièrement cinglante, le Bureau du Conseil de la nation a interpellé « ceux qui occupent les devants de cette campagne empreinte d’analphabétisme historique et politique et ceux qui agissent dans l’ombre », rappelant que « l’Algérie, depuis la Guerre de libération, a toujours refusé de s’inscrire dans un langage de haine et d’inimité, comme il a toujours distingué entre le peuple français et le colonialisme français ». « Cette extrême droite toute souillée de son passé infâme s’est alliée au colonialisme makhzenien et sioniste, car leurs intérêts s’entrecroisent et tendent vers les mêmes vils objectifs focalisant sur la tentative de porter atteinte à l’Algérie et sa stabilité », relève la même source. « Ces comportements malsains et ces agendas obséquieux ne se sont pas limités à l’Algérie, mais ils ont été étendus à plusieurs nations africaines aidés en cela par leurs suppôts originaires de ces pays outrepassant toutes les traditions, us et coutumes en matière de politique, d’économie et d’intérêts communs ».

Le Bureau a également critiqué « le double discours du président français actuel », qui reflèterait selon lui « l’influence du néo-colonialisme odieux sur la scène politique française oscillant entre reconnaissance des crimes coloniaux passés et tergiversations concernant des actes concrets liés à la mémoire et à la coopération bilatérale ». Toutefois, l’instance a salué « les déclarations responsables de certains acteurs politiques français favorables à un dialogue constructif ». Le Bureau élargi a également exprimé « sa reconnaissance envers le rôle crucial et les efforts appréciables de tous les diplomates algériens et de l’équipe de la mission permanente auprès des Nations unies ». « Cela intervient alors que l’Algérie assure la présidence tournante mensuelle du Conseil de sécurité de l’ONU, marquant son empreinte dans les instances onusiennes et défendant fermement les bases d’une paix durable par la négociation et le rejet de l’usage de la force dans le règlement des conflits »,

LFI charge Bruno Retailleau

Il faut dire que de nombreuses voix qui s’élèvent en France contre les provocations de certains responsables politiques à l’encontre de l’Algérie. La présidente du groupe parlementaire « La France insoumise », Mathilde Panot, s’est particulièrement distinguée dans cette opposition lors du débat sur la politique générale du gouvernement. S’adressant directement au Premier ministre François Bayrou, elle a fermement condamné les provocations du ministre de l’Intérieur français envers l’Algérie. « Votre ministre de l’intérieur s’est illustré par ses déclarations racistes en qualifiant une partie de nos concitoyens de français de papiers », a-t-elle déclaré, avant d’ajouter qu’il « s’improvise en diplomate avec l’Algérie, mais n’est en finalité qu’un piètre agitateur ». La députée a particulièrement pointé du doigt l’attitude de Bruno Retailleau, s’interrogeant ouvertement : « Pour qui se prend Bruno Retailleau à vouloir provoquer une tension insupportable pour des millions de Français, qui vivent une relation directe d’affection et de fraternité respectueuse avec le peuple algérien? » Cette intervention reflète l’inquiétude grandissante face à la détérioration des relations franco-algériennes et ses répercussions sur la cohésion sociale en France.

Intervenant sur un plateau de télévision, Catherine Tricot, directrice de la revue Regards a rappelé les contraintes légales entourant les expulsions : « La question des OQTF (obligation de quitter le territoire) est compliquée. On n’expédie par les gens sans avoir un accord avec le pays vers lequel la personne est expédiée ». Cette précision technique souligne les limites concrètes des postures politiques agressives adoptées par certains responsables français. Catherine Tricot a également appelé à une approche plus mesurée et respectueuse des relations internationales : « Il faut considérer avec un peu plus d’attention et de respect le reste du monde, et arrêter d’imaginer en montrant nos biceps et en tapant du poing sur la table ». Elle a particulièrement insisté sur l’importance spécifique des relations franco-algériennes, rappelant que « près d’un quart des français ont des relations avec l’Algérie » et que « le nombre de gens qui ont vécu et qui ont des relations d’amour, d’histoire avec l’Algérie est très important. Ca ne peut pas être une question parmi d’autres ». Cette campagne de désinformation contre l’Algérie a provoqué une mobilisation significative au sein de la classe politique française. L’ancienne ministre Ségolène Royal a notamment évoqué la « dette morale » de la France envers l’Algérie, faisant directement référence aux crimes commis durant la période coloniale. Cette prise de position s’inscrit dans un effort plus large de reconnaissance et de responsabilité historique, contrastant fortement avec le révisionnisme promu par l’extrême droite. La Fédération franco-algérienne de consolidation et du renouveau (FFA) s’est également positionnée dans ce débat, exprimant sa « plus vive indignation face à la campagne politico-médiatique, dirigée contre l’Algérie et les Algériens ». Cette réaction traduit l’inquiétude de la société civile face à la montée des tensions et à leurs potentielles répercussions sur la communauté franco-algérienne. Les réactions vigoureuses contre les provocations de l’extrême droite et de certains membres du gouvernement démontrent l’existence d’une opposition forte à toute tentative de révisionnisme historique ou d’instrumentalisation politique des relations franco-algériennes. La multiplication des voix s’élevant contre cette campagne de désinformation témoigne d’une prise de conscience croissante de l’importance de préserver des relations respectueuses et équilibrées entre les deux pays.

Hocine Fadheli

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