Culture

« Deux hommes, un destin » présenté à la Cinémathèque d’Alger : Un huis clos psychologique

Un long métrage ambitieux qui explore les profondeurs de l’âme humaine a été présenté samedi soir à la Cinémathèque d’Alger. « Deux hommes, un destin », fruit d’une collaboration internationale entre le réalisateur turc Mustafa Ozgun et le scénariste Samir Benyala, a été dévoilé en avant-première devant une salle comble, marquant ainsi une nouvelle étape dans la production cinématographique nationale. Cette œuvre de 100 minutes, produite par Tamaris-Film en partenariat avec le Centre algérien du développement du cinéma (CADC), s’inscrit dans la tradition du huis clos psychologique, tout en y apportant une touche résolument contemporaine. L’événement a rassemblé un parterre de personnalités du septième art, notamment Adel Mekhalfia, directeur de la Cinémathèque, Zineddine Arkab, à la tête du CADC, ainsi que la productrice Fatima Ouazene, accompagnés des équipes technique et artistique qui ont donné vie à ce projet audacieux. Le film nous plonge dans un univers où l’isolement devient le personnage principal, aux côtés d’Ahmed et Farid, magistralement interprétés par Ahmed Rezzag et Zakaria Karaouat. L’histoire se déploie comme une partition à deux voix dans un décor naturel oppressant : une forêt sauvage et impénétrable, véritable labyrinthe végétal où les chemins semblent n’avoir ni début ni fin. Ahmed, figure énigmatique qui a fait de cet environnement hostile son refuge depuis des années, voit son isolement volontaire bouleversé par l’arrivée impromptue de Farid, un trentenaire dont la voiture est tombée en panne alors qu’il tentait d’emprunter un raccourci à travers la région montagneuse. La mise en scène de Mustafa Ozgun excelle à créer une atmosphère de tension croissante, où chaque bruissement de feuilles, chaque ombre portée devient source d’angoisse. Le réalisateur turc parvient à transformer ce qui aurait pu n’être qu’un simple drame de la cohabitation forcée en une réflexion profonde sur la solitude, les secrets et la nécessité du lien social. La présence de « Paco », le chien fidèle d’Ahmed, ajoute une dimension supplémentaire à ce huis clos sylvestre, ses aboiements incessants servant de baromètre à la tension psychologique qui règne entre les protagonistes. Le travail remarquable de Salim Hamdi, qui cumule les fonctions d’assistant réalisateur et de compositeur de la bande originale, mérite une mention particulière. Sa partition musicale, savamment orchestrée, contribue à maintenir le spectateur en haleine, soulignant les moments de tension et accompagnant l’évolution psychologique des personnages avec une rare justesse. À l’issue de la projection, Zineddine Arkab a profité de l’occasion pour annoncer une initiative prometteuse du CADC : la programmation hebdomadaire, chaque samedi à la salle Ibn Zeydoun de l’Office Riadh El Feth (OREF), des avant-premières de tous les nouveaux films produits sous l’égide du ministère de la Culture et des Arts. Cette annonce témoigne d’une volonté affirmée de dynamiser la distribution des productions nationales et de créer un rendez-vous régulier entre le cinéma algérien et son public. « Deux hommes, un destin » s’impose ainsi comme une œuvre singulière dans le paysage cinématographique algérien contemporain. En choisissant de traiter le thème universel de la solitude à travers le prisme d’une rencontre forcée, le film pose des questions essentielles sur notre rapport à l’autre et notre capacité à surmonter nos différences. La qualité de la production, servie par une distribution talentueuse et une équipe technique chevronnée, démontre la vitalité d’un cinéma algérien en pleine renaissance, capable de porter des projets ambitieux et de nouer des collaborations internationales fructueuses.

M.S.

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