Relance des unités industrielles récupérées dans le cadre de la lutte contre la corruption : L’État accélère la cadence
Plus d’une centaine d’actifs ont été saisies dans le cadre des procès pour corruption et versés dans le patrimoine du secteur public, dont plusieurs unités industrielles, que les pouvoirs publics entendent relancer très rapidement pour leur permettre de contribuer au développement et la diversification de l’économie du pays.
Le Premier ministre, Nadir Larbaoui, a présidé hier au Palais du Gouvernement une nouvelle réunion du Conseil des participations de l’État (CPE) dédiée au processus de récupération et de valorisation des biens confisqués dans le cadre des affaires de corruption. Selon le communiqué des services du Premier ministre, « M. Larbaoui a présidé les travaux de la 193e session du CPE, consacrée à la poursuite du transfert, à titre onéreux, au profit des institutions et organismes publics, de plusieurs biens meubles et immeubles confisqués par décisions judiciaires définitives dans le cadre des affaires de lutte contre la corruption ». Au cours de cette session, « l’accent a été mis sur la nécessité d’accélérer la prise des mesures nécessaires pour garantir l’exploitation optimale des unités de production transférées au profit de la collectivité nationale, conformément aux directives du président de la République ». Cette nouvelle réunion s’inscrit dans la continuité d’un processus de grande ampleur initié ces dernières années pour récupérer et valoriser les biens issus des décisions de justice définitives prononcées contre plusieurs hommes d’affaires, notamment Ali Haddad, Mahieddine Tahkout, Hassan Larbaoui, Ahmed Maâzouz, Mourad Oulmi et les frères Kouninef. Le bilan de cette opération est particulièrement significatif : pas moins de 108 actifs ont été transférés vers des entreprises publiques économiques entre 2022 et 2024, couvrant des secteurs stratégiques tels que l’industrie, le tourisme, l’énergie, les mines et les travaux publics. L’année 2022 avait déjà marqué une première étape importante avec le transfert de 31 biens, dont 15 sociétés et 8 unités de production. Cette dynamique s’est considérablement accélérée en 2024 avec la récupération de 77 actifs supplémentaires en deux vagues successives. Le secteur industriel apparaît comme le principal bénéficiaire de cette politique avec 42 actifs transférés sur la période, des unités d’industrie agroalimentaire vers les groupes publics AGRODIV et Madar Holding et plusieurs entreprises mécaniques rattachées au groupe IMetal. L’importance économique de ces transferts est considérable : la première tranche des biens saisis en 2024, qui comprend 23 unités industrielles employant plus de 3.500 travailleurs, représente une valeur estimée à 37 milliards de dinars. Le secteur agricole a également bénéficié de cette dynamique avec la récupération de trois entreprises stratégiques : une spécialisée dans la production de viande blanche et d’œufs, désormais rattachée au groupe AGROLOG, une autre dans la production de fromages intégrée à GIPLAIT, et une société de production d’huile d’olive transférée à la DCAS. Le secteur touristique n’est pas en reste, avec le transfert au GHTT de plusieurs établissements hôteliers, dont deux à Alger intégrés à l’EGH El-Djazaïr, ainsi que des installations touristiques à Tizi Ouzou et Ouargla. Parmi les projets structurels majeurs figurent notamment une usine de tubes en acier à Oran et le complexe de trituration des graines oléagineuses de Jijel, dont la mise en service est prévue très prochainement et lequel permettra de couvrir 40 % des besoins du marché en huile de table laquelle sera intégralement produite en Algérie du champ à la bouteille. Ce projet stratégique sera complété par un complexe de de production de sucre 100% intégré Tafadis, située dans la zone industrielle de Larbatache (Boumerdès), lequel illustre parfaitement cette dynamique de redressement. Récemment récupérée dans le cadre du processus de confiscation, cette unité qui entrera prochainement en phase de production dispose d’une capacité de 2.000 tonnes par jour. Lors d’une récente visite d’inspection, le ministre de l’Industrie a d’ailleurs souligné que ce projet constituait un modèle de relance des unités industrielles récupérées. Au mois de janvier dernier il avait rappelé qu’il « appartient de relancer l’activité des biens économiques saisis et récupérés, en vue de renforcer l’action de développement économique et sociale », tout en insistant sur « l’impératif respect des échéances arrêtées pour la relance de ces projets qui auront un impact positif sur le développement économique ». Cette vaste opération de récupération et de valorisation des biens confisqués s’inscrit ainsi dans une stratégie globale visant non seulement à assainir le paysage économique national, mais aussi à préserver et créer des emplois, tout en contribuant à la modernisation de l’économie algérienne.
Samir Benisid