Gaz : L’Algérie renoue avec la croissance de sa production
L’industrie gazière algérienne connaît un début d’année 2025 prometteur avec une production qui a atteint en janvier son niveau le plus élevé depuis mars 2023. En effet, selon les données recueillies par l’Unité de Recherche en Énergie Attaqa basée à Washington, la production de gaz naturel a enregistré une hausse significative de 539 millions de mètres cubes par rapport à janvier 2024, s’établissant à 9,75 milliards de mètres cubes. Cette performance représente également une progression de 276 millions de mètres cubes comparativement aux 9,47 milliards produits en décembre 2024. Ce rebond intervient après une année 2024 difficile durant laquelle la production nationale avait chuté de 6,5%, avec un volume total de 98,41 milliards de mètres cubes contre 105,24 milliards en 2023. Cette reprise pourrait s’avérer déterminante pour les ambitions exportatrices du pays, d’autant que la consommation intérieure est demeurée stable à environ 1,605 milliard de mètres cubes en janvier, un niveau quasi identique à celui observé un an plus tôt. Sur le front des exportations, on observe une tendance contrastée. Les ventes de gaz naturel liquéfié (GNL) ont poursuivi leur repli en janvier 2025, atteignant seulement 509 millions de mètres cubes, soit une chute drastique par rapport aux 1,4 milliard de mètres cubes exportés en janvier 2024. Cette baisse est principalement imputable aux travaux de maintenance dans les complexes de liquéfaction. Cependant, les exportations par gazoducs ont connu une évolution inverse, progressant à 3,07 milliards de mètres cubes contre 2,47 milliards un an auparavant, ce qui témoigne de la résilience de ce canal de distribution. Les premières données pour février 2025 indiquent toutefois une reprise des exportations de GNL qui ont atteint 0,68 million de tonnes (environ 925 millions de mètres cubes), marquant une amélioration par rapport à janvier bien que restant inférieures aux 0,98 million de tonnes expédiées en février 2024. Sur ce segment, la Turquie s’impose comme le principal marché avec 0,35 million de tonnes, suivie de près par la France qui a importé 0,30 million de tonnes. L’Italie complète ce podium avec des achats plus modestes de 0,03 million de tonnes. Pour soutenir cette dynamique de reprise et consolider sa position de fournisseur gazier stratégique, l’Algérie mise sur le développement de nouvelles infrastructures. Dans cette optique, le directeur général de Sonatrach, Rachid Hachichi, a effectué mercredi dernier une visite d’inspection à Illizi où sera implantée une nouvelle station de compression de gaz. Ce projet d’envergure devrait permettre de comprimer jusqu’à 40 millions de mètres cubes quotidiens et ainsi optimiser la production des champs de Guerd El-Nas. Cette zone, qui abrite 17 gisements dont celui de Hassi El Hamra, représente la deuxième plus importante région productrice de gaz du pays après le complexe de Hassi R’Mel. Au cours de sa visite, Hachichi a inspecté plusieurs installations industrielles et a souligné l’importance du respect des normes techniques et environnementales ainsi que des échéances fixées pour la réalisation du projet. Il a également saisi cette occasion pour rencontrer les équipes opérationnelles et saluer leur engagement dans le développement du secteur énergétique national. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large visant à préserver les réserves prouvées d’hydrocarbures de l’Algérie, actuellement estimées à 4,3 milliards de tonnes (équivalent à 30,5 milliards de barils de pétrole). Avec une production annuelle d’environ 200 millions de tonnes, le pays dispose d’un horizon d’exploitation de plus de deux décennies, ce qui lui confère une certaine visibilité à moyen terme. Néanmoins, face à une demande mondiale de gaz qui devrait rester soutenue, notamment en Europe où les préoccupations de sécurité énergétique se sont accentuées, l’Algérie poursuit ses investissements dans l’exploration et le développement de nouveaux gisements pour maintenir sa capacité exportatrice.
Samira Ghrib