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L’UE annonce une riposte au tarifs douaniers américains: Guerre commerciale : l’escalade !

Face à la récente offensive protectionniste américaine qualifiée par certains observateurs comme la plus importante depuis les années 1930, l’Union européenne a annoncé une riposte graduelle à l’encontre des États-Unis.

Selon les déclarations du commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, une première vague de droits de douane européens sur les importations en provenance des États-Unis entrera en vigueur dès le 15 avril, suivie d’une seconde vague prévue pour le 15 mai. Cette réaction intervient en réponse aux surtaxes américaines sur l’acier et l’aluminium récemment imposées par l’administration Trump. Lors d’une conférence de presse tenue ce lundi, Maros Sefcovic a précisé l’ampleur des mesures protectionnistes américaines, soulignant que « les droits de douane réciproques annoncés mercredi dernier par le président américain Donald Trump affectent pour 380 milliards d’euros d’exportations européennes vers les États-Unis ». Un montant considérable qui illustre l’importance de l’enjeu pour l’économie européenne et la gravité de la situation. Dans une tentative d’apaiser les tensions, le commissaire européen a également indiqué que « l’Union européenne proposait aux États-Unis une suppression réciproque des droits de douane sur l’automobile et tous les biens industriels ». Cette proposition témoigne de la volonté européenne de privilégier une approche négociée plutôt qu’une escalade des mesures de rétorsion, bien que l’UE se prépare néanmoins à toutes les éventualités. Le contexte de cette crise commerciale s’inscrit dans la nouvelle politique économique mise en place par Donald Trump depuis son retour à la Maison Blanche. Le président américain a en effet décidé « d’imposer un taux universel de 10% de taxe douanière sur tous les produits importés aux États-Unis », une mesure entrée en vigueur ce samedi. Plus préoccupant encore pour l’Europe, ce taux va être « relevé, dès mercredi, pour plusieurs dizaines de partenaires commerciaux majeurs, notamment l’Union européenne (20%) et la Chine (34%) ».

50 pays veulent négocier

Du côté américain, l’administration Trump affiche sa détermination tout en laissant la porte ouverte à des négociations. Le ministre américain des Finances Scott Bessent a déclaré dimanche que « plus de 50 pays ont approché le gouvernement au sujet d’une réduction de leurs barrières douanières, de leurs droits de douane et l’arrêt de leur manipulation de changes ». Il a ajouté que Washington allait « voir si ce qu’ils ont à proposer est crédible », tout en prévenant que « ce n’est pas le genre de chose que vous pouvez négocier en quelques jours ou quelques semaines ».  Le ministre américain du Commerce Howard Lutnick s’est montré plus catégorique en avertissant que « les droits de douane arrivaient et ne feraient pas l’objet, dans l’immédiat, d’exemptions négociées ». Une position ferme qui semble indiquer que l’administration américaine entend maintenir la pression sur ses partenaires commerciaux pendant les éventuelles négociations. Kevin Hassett, principal conseiller économique de la Maison Blanche, a pour sa part estimé que les pays qui ont proposé d’ouvrir des discussions « le font parce qu’ils comprennent qu’ils vont subir une bonne partie de ces droits de douane ». Cette analyse laisse entendre que Washington perçoit ces initiatives de dialogue comme un signe de faiblesse des partenaires commerciaux face à la détermination américaine.

Changement de paradigme

Face à cette situation, les ministres du commerce extérieur de l’Union européenne se sont réunis ce lundi au Luxembourg pour coordonner leur réponse. À cette occasion, Maros Sefcovic a souligné que l’Europe devait s’adapter à « un changement de paradigme du commerce mondial ». Il a précisé que cette discussion servait à « préparer la réponse européenne à l’augmentation de taxes douanières américaines, à s’assurer que les entreprises européennes reçoivent un soutien adéquat et à accélérer des négociations de libre échange avec le reste du monde ». Les représentants des 27 États membres ont affiché leur unité face à cette menace de guerre commerciale. Benjamin Dousa, ministre suédois du commerce extérieur, a déclaré à la presse que « nous voulons plus de commerce et plus de coopération avec les États-Unis […] Nous sommes en faveur d’une solution négociée ». Il a toutefois ajouté que « toutes les options sont sur la table », plaidant pour une réponse de l’UE « bien ciblée » afin « de ne pas nuire davantage aux entreprises européennes qu’aux entreprises américaines ». Ces propos reflètent la volonté européenne de trouver un équilibre entre fermeté et ouverture au dialogue. Le ministre allemand de l’économie, Robert Habeck, a adopté une position plus offensive en déclarant que « l’Europe devait être prête à utiliser son bazooka – l’instrument anticoercition – contre les États-Unis ». Cette référence à l’instrument adopté par l’UE en 2023 témoigne de la détermination européenne à ne pas se laisser intimider. Jamais utilisé jusqu’à présent, cet outil de dissuasion, conçu pour être activé après épuisement des voies diplomatiques, « autorise différents types de représailles : gel de l’accès aux marchés publics, blocage d’autorisations de mise sur le marché de certains produits, ou encore un blocage d’investissements ». Un arsenal juridique et économique que l’Europe pourrait mobiliser si les négociations n’aboutissaient pas. La Commission européenne, tout en préparant ces mesures de rétorsion, continue néanmoins de privilégier la voie diplomatique en tentant de négocier avec Washington. Cette approche à deux niveaux vise à maintenir ouverts les canaux de communication tout en démontrant la détermination européenne à défendre ses intérêts économiques. Cette crise commerciale intervient dans un contexte international déjà tendu, marqué par des incertitudes géopolitiques et une reconfiguration des échanges mondiaux. L’offensive protectionniste de Donald Trump, qualifiée par certains experts comme la plus importante depuis près d’un siècle, pourrait avoir des répercussions significatives sur l’économie mondiale et les relations internationales. Les enjeux dépassent largement le cadre des relations commerciales entre les États-Unis et l’Union européenne. Cette confrontation pourrait en effet redessiner les contours du commerce international et remettre en question le multilatéralisme commercial construit depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. La remise en cause des règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) par l’administration Trump constitue un défi majeur pour l’ordre économique international établi. Pour l’Union européenne, cette crise représente également un test d’unité et de cohésion. La capacité des 27 États membres à coordonner leur réponse et à parler d’une seule voix face à Washington sera déterminante pour l’efficacité de leur stratégie. Les divergences d’intérêts économiques entre pays européens pourraient compliquer l’élaboration d’une position commune, certains États étant plus exposés que d’autres aux mesures américaines en fonction de la structure de leurs exportations.

Lyes Saïdi

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