Elle alimente les tensions pour retarder la transition: La junte malienne, une menace grandissante pour le Sahel
La situation au Mali est devenue l’une des plus préoccupantes de la région du Sahel, alors que la junte militaire dirigée par Assimi Goïta sacrifie manifestement les intérêts du peuple malien pour des considérations purement personnelles et des agendas étrangers suspects.
L’opposant malien Ismaël Sacko, président du Parti social démocrate africain (PSDA), n’a d’ailleurs pas hésité à dénoncer publiquement sur les ondes de Radio Ifrikya FM les agissements de ce pouvoir illégitime. « Assimi Goïta ne veut pas aller aux élections, pour se maintenir au pouvoir il cherche à créer des crises à gauche et à droite. Il est incapable de résorber la crise du nord du Mali et maintenant il s’en prend à un allié important du Mali qui est l’Algérie, » a-t-il affirmé lors d’un entretien spécial diffusé jeudi. Cette déclaration met en lumière l’utilisation cynique de la politique étrangère comme outil de diversion face aux problèmes internes du pays. La situation malienne s’est considérablement dégradée depuis la prise de pouvoir de cette junte qui, cinq ans après son coup d’État, n’a toujours pas organisé d’élections démocratiques pour rendre le pouvoir aux civils. Cette absence de légitimité démocratique est d’autant plus problématique que le pays fait face à de multiples crises sécuritaires, économiques et humanitaires.
« Climat de terreur »
Le climat politique interne est marqué par une répression systématique des voix dissidentes, comme l’atteste Ismaël Sacko lorsqu’il décrit « un climat de terreur au Mali où les voix dissonantes sont bâillonnées, avec des camarades enlevés, emmenés dans des endroits inconnus et torturés. » Cette répression s’accompagne d’une volonté manifeste « de mettre fin à l’existence des partis politiques » selon l’opposant, instaurant de fait « une dictature militaire où le peuple n’a plus son mot à dire. » Sur le plan régional, la junte malienne s’est engagée dans une politique de confrontation avec ses voisins, particulièrement l’Algérie, créant des tensions diplomatiques qui déstabilisent davantage une région déjà fragile. Les analystes politiques s’accordent à voir dans ces manœuvres une tentative délibérée de créer des diversions pour masquer l’incapacité du régime à résoudre les problèmes internes du pays. Comme l’a souligné Abdelhakim Boughrara, à la Radio algérienne, analyste politique et professeur en communication, la junte malienne « joue un rôle fonctionnel au profit de puissances étrangères qui ciblent l’Algérie, » essayant « d’attribuer tous ses échecs internes à ce pays voisin. » Cette stratégie de tension est d’autant plus dangereuse qu’elle s’inscrit dans un contexte régional marqué par la prolifération des groupes terroristes, le trafic d’armes et la migration irrégulière. Plus grave encore sont les accusations portées par Ismaël Sacko concernant la complicité présumée entre la junte et certains groupes armés : « C’est Assimi Goïta lui-même qui a recruté des mercenaires qui agissent sans loi ni foi, qui abattent et tuent, violent, volent, détruisent et assassinent des femmes et des enfants, éventrent des femmes et des enfants et sont à l’origine de la plupart des charniers au nord du Mali. » Ce qui est une violation flagrante du droit international humanitaire et des droits humains fondamentaux. Selon le docteur Rabah Larousi, professeur en sciences politiques et relations internationales, la junte malienne « cherche à mettre en œuvre des agendas étrangers, poussée par des lobbies et des acteurs de la région qui travaillent à brouiller l’Algérie. » Cette instrumentalisation du Mali par des puissances extérieures transforme progressivement le pays en un foyer d’instabilité qui menace l’ensemble de la région sahélienne. La situation est d’autant plus préoccupante que les populations civiles sont les premières victimes de cette dérive autoritaire et belliqueuse. Alors que le Mali fait face à une crise humanitaire majeure, avec des déplacements massifs de populations et une insécurité alimentaire croissante, les ressources du pays sont détournées vers des priorités militaires et des conflits artificiels avec les pays voisins. Cette politique irresponsable ne fait qu’aggraver les souffrances d’un peuple déjà durement éprouvé par des années d’instabilité. Comme l’a conclu Ismaël Sacko dans son intervention sur Radio Ifrikya FM, « Assimi Goïta est devenu un despote obscurantiste qui est mal aimé et impopulaire. » Malgré la répression, « le peuple malien a décidé de parler, de briser le silence et de plus en plus des voix s’élèvent sur les réseaux sociaux et à l’intérieur du Mali. »
Salim Amokrane