Développement de la Recherche scientifique : Un budget qui a plus que doublé en deux ans
Dans un contexte mondial où l’innovation technologique est devenue un puissant levier de développement économique, l’Algérie intensifie ses efforts pour repositionner sa recherche scientifique vers des applications concrètes génératrices de richesse.
Cette orientation stratégique a été mise en lumière ce dimanche par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari, lors d’une intervention dans l’émission « L’invité du jour » diffusée sur la Chaîne 3 de la Radio algérienne. Cette sortie médiatique intervient au lendemain d’une avancée technologique majeure pour le pays : la conception d’une première micropuce utilisée dans les cartes électroniques, réalisée par des chercheurs du Centre de développement des technologies avancées (CDTA). Une réalisation qui illustre parfaitement la nouvelle trajectoire empruntée par la recherche scientifique nationale et qui démontre la capacité des chercheurs algériens à maîtriser des technologies de pointe. « L’Algérie s’oriente vers une recherche utile qui crée de la valeur ajoutée », a affirmé sans ambiguïté le ministre, traçant ainsi clairement la voie que doit suivre désormais le secteur. Dans sa vision, la recherche algérienne doit non seulement contribuer au rayonnement scientifique du pays, mais également servir directement le développement économique et social en produisant des innovations susceptibles d’être industrialisées et commercialisées.
Le projet de micropuce développé par le CDTA s’inscrit précisément dans cette logique. À ce propos, Kamel Baddari a souligné : « La maîtrise de cette technologie avancée nous permettra d’aller vers une véritable rencontre entre la science et le marché, c’est-à-dire, commercialiser ces produits de recherche et transformer toutes ces idées innovantes en produits industrialisables et commercialisables ». Cette déclaration révèle l’ambition du Gouvernement de structurer une véritable économie de la connaissance, où les avancées scientifiques se traduisent concrètement en produits à forte valeur ajoutée, capables de générer des revenus et de créer des emplois qualifiés.
Pour concrétiser cette ambition, le ministre a rappelé l’engagement ferme des pouvoirs publics, à commencer par celui du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en faveur de la recherche scientifique. Cet engagement se traduit notamment par une augmentation substantielle des moyens financiers alloués au secteur : « Le budget dédié à la recherche scientifique a augmenté de 107% entre 2020 et 2022 », a précisé M. Baddari, soulignant ainsi la priorité accordée à ce domaine stratégique malgré un contexte économique mondial difficile. Cette politique volontariste s’accompagne également d’une stratégie d’ouverture et de mobilisation des compétences algériennes établies à l’étranger. Interrogé sur la contribution de la diaspora scientifique algérienne, le ministre a évoqué les partenariats déjà établis avec de nombreux chercheurs et experts algériens expatriés : « Nous travaillons sur des sujets sensibles avec nos concitoyens. Notre objectif est d’exploiter le savoir-faire de nos compatriotes pour le bien de la société et pour faire de l’Algérie un pays émergent en matière d’innovation », a-t-il affirmé, mettant ainsi en exergue la dimension inclusive de la stratégie nationale d’innovation.
En parallèle de ces efforts pour dynamiser la recherche scientifique orientée vers l’économie, le ministère prépare activement la prochaine rentrée universitaire 2025-2026. Kamel Baddari a annoncé l’introduction de plusieurs mécanismes d’amélioration, notamment le recours au data mining (exploration de données) via l’intelligence artificielle. Cette approche innovante permettra aux nouveaux bacheliers de bénéficier d’une orientation plus pertinente, en adéquation avec leurs compétences et les besoins du marché du travail, contribuant ainsi à réduire l’inadéquation chronique entre formations universitaires et besoins économiques.
La nouvelle orientation de la politique scientifique, telle que présentée par le ministre Baddari, s’inscrit dans une perspective plus large de diversification économique, visant à réduire la dépendance du pays aux hydrocarbures en développant des secteurs à forte valeur ajoutée, fondés sur l’innovation et l’économie du savoir. Dans cette optique, l’université algérienne est appelée à jouer un rôle central, non seulement comme lieu de transmission des connaissances, mais également comme incubateur d’innovations et catalyseur de développement économique.
Samir Benisid