Soudan : Plusieurs attaques meurtrières au Darfour
L’escalade dramatique de la violence au Soudan, particulièrement dans la région du Darfour, suscite une inquiétude croissante de la communauté internationale alors que le bilan humain ne cesse de s’alourdir. Au moins 114 civils ont été tués lors d’attaques perpétrées par les Forces de soutien rapide (FSR) contre des camps de déplacés à El Fasher ces derniers jours, marquant une nouvelle étape dans l’horreur d’un conflit qui dure depuis maintenant deux ans. « Plus de 100 civils ont été tués à la suite de l’attaque brutale lancée par les milices des Forces de soutien rapide sur le camp de déplacés de Zamzam hier (vendredi), et des dizaines d’autres ont été blessés », a déclaré Ibrahim Khatir, directeur général de l’autorité sanitaire de l’État du Darfour-Nord. Le responsable a précisé que le lendemain, « 14 civils ont été tués lors d’une autre attaque des milices sur le camp de déplacés d’Abu Shouk, et des dizaines d’autres ont été blessés ». Parmi les victimes du camp de Zamzam figurent neuf employés de Relief International, une organisation non gouvernementale qui gère un hôpital de campagne dans ce lieu de refuge. Le groupe de bénévoles Emergency Room a quant à lui rapporté dans un communiqué que 40 civils avaient été tués et des centaines d’autres blessés samedi suite à un bombardement intensif du camp d’Abu Shouk par les Forces de soutien rapide. Cette vague de violence ne se limite pas à la capitale du Darfour-Nord. À Um Kadadah, ville située à environ 180 kilomètres au sud-ouest d’El-Facher, les FSR ont procédé à « l’exécution des citoyens de la ville, dont le nombre a atteint 56 personnes » après avoir pris le contrôle de la localité jeudi dernier, selon des sources locales. Adam Rajal, porte-parole de la Coordination des déplacés et réfugiés au Darfour, a confirmé que les camps de déplacés « sont visés par les bombardements et attaqués par des véhicules de combat des FSR » et signalé la reprise des combats à l’intérieur d’El-Facher. Face à cette situation, la Coordonnatrice résidente et humanitaire des Nations Unies au Soudan, Clémentine Nkweta-Salami, a lancé un avertissement sévère concernant l’aggravation de la situation humanitaire dans le pays. « La population est dans une situation désespérée, » a-t-elle déclaré, appelant la communauté internationale « à ne pas oublier le Soudan, à ne pas oublier les hommes, les femmes et les enfants soudanais qui se trouvent dans une situation extrêmement difficile en ce moment critique ». Son inquiétude porte particulièrement sur le risque croissant de famine et la pénurie critique de financement pour les efforts de secours.
Depuis le déclenchement du conflit entre les forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide le 15 avril 2023, le pays a connu des destructions sans précédent. Plus de 12 millions de personnes ont été déplacées, ce qui en fait la pire crise de déplacement au monde. Selon les Forces armées soudanaises, le conflit aurait déjà fait plus de 29 600 victimes. La situation est particulièrement catastrophique au Darfour. Mme Nkweta-Salami a confirmé que la ville d’El Fasher reste assiégée et que la population civile est « confrontée à des bombardements quotidiens, à des déplacements et à une détérioration rapide de la situation humanitaire ». Elle a exprimé sa profonde inquiétude face à la famine confirmée dans le camp de Zamzam, qualifiant la situation de « catastrophique » et citant de graves pénuries de nourriture, d’eau et de fournitures médicales. « Les prix des produits de base ont augmenté de façon spectaculaire, mettant les articles essentiels hors de portée de la plupart des familles », a-t-elle souligné. La Coordonnatrice de l’ONU a affirmé que l’action humanitaire ne peut pas attendre. En l’absence de cessez-le-feu, « nous continuerons d’avancer dans la réponse humanitaire », a-t-elle déclaré. Son message à la communauté internationale est clair et urgent : « Nous avons encore besoin d’un effort massif. Nous avons encore besoin du soutien de la communauté internationale en termes de ressources, et nous avons encore besoin de davantage de facilitation de la part de tous les groupes armés impliqués dans ce conflit ». Après deux ans de violences, la coordonnatrice a exprimé sa déception : « Nous espérions pouvoir fournir une assistance humanitaire complète à tous ceux qui en avaient besoin, mais nous sommes toujours en difficulté ».
L.S.