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Soudan: 56 personnes tuées par les FSR en deux jours à Darfour

Au moins 56 personnes ont été tuées par les Forces de soutien rapide (FSR) entre vendredi et samedi dans la ville d’Umm Kadada, dans l’Etat du Darfour-Nord, dans l’ouest du Soudan, selon des informations rapportées dimanche par des sources locales. D’après la Coordination des comités de résistance dans la capitale de l’Etat, El Fasher, ces personnes ont été « exécutées sur une base ethnique » après que les FSR ont pris jeudi le contrôle de la ville. Cette même source a identifié toutes les victimes comme étant des civils et a accusé la milice de « commettre des violations généralisées, de déplacer de force les résidents et de couper tous les réseaux de communication ». Cette information a été corroborée par la Sudanese Emergency Lawyers Initiative (Initiative soudanaise d’urgence des avocats), un autre groupe de bénévoles, qui a confirmé dans un communiqué que les FSR avaient tué 52 civils, incendié des habitations et pillé des biens deux jours après leur entrée à Umm Kadada. Selon ce même communiqué, « les FSR ont également pris d’assaut l’hôpital local, agressé les patients et exécuté quatre membres du personnel médical, dont le directeur de l’hôpital ».

Ces événements surviennent dans un contexte de crise humanitaire majeure qui frappe le Soudan depuis le déclenchement du conflit en avril 2023. En effet, selon les données communiquées lundi par la représentation soudanaise de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 12 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur foyer au Soudan depuis le début des hostilités. Un représentant de l’OIM a précisé qu’au moins 5 millions d’entre elles avaient été contraintes de fuir la région du Darfour, dans l’ouest du pays, pour se réfugier dans d’autres zones du territoire soudanais. Le même responsable a également signalé qu’un retour massif de réfugiés vers la capitale Khartoum était observé depuis plusieurs semaines, et ce malgré une situation sécuritaire toujours instable et un accès limité voire inexistant aux services essentiels nécessaires à une vie décente.

Le conflit qui déchire le Soudan depuis maintenant deux ans a éclaté à la mi-avril 2023, opposant les Forces armées soudanaises aux Forces de soutien rapide sur fond de rivalité entre le président du Conseil de souveraineté, organe dirigeant provisoire, et commandant en chef de l’armée, Abdel Fattah al-Burhan, et le chef des Forces de soutien rapide, Mohammed Hamdan Dagalo. Les combats ont initialement éclaté le 15 avril 2023 dans les villes de Merowe et Khartoum, avant de s’étendre progressivement à d’autres régions du pays, dont le Darfour qui connaît une intensification des violences ces derniers mois.

Selon l’Armed Conflict Location and Event Data, un groupe de surveillance des crises cité par les Nations Unies, ce conflit dévastateur a déjà coûté la vie à plus de 29.600 personnes. Les événements survenus à Umm Kadada ces derniers jours s’inscrivent dans la continuité d’un conflit qui ne cesse de s’aggraver et dont les conséquences humanitaires atteignent des proportions dramatiques, avec plus d’un quart de la population soudanaise désormais déplacée.

La situation au Darfour, région déjà marquée par des décennies de conflits, reste particulièrement préoccupante, comme en témoignent les récentes violences perpétrées par les FSR à Umm Kadada. Les exactions commises contre les civils, le ciblage délibéré du personnel médical et la destruction des infrastructures essentielles aggravent encore davantage une crise humanitaire d’une ampleur sans précédent. Le retour de certains déplacés vers la capitale Khartoum, malgré les conditions difficiles qui y prévalent, illustre le désespoir de populations prises en étau entre différentes zones de conflit et contraintes à des choix impossibles pour assurer leur survie.

L.S.

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