Blanchiment d’argent : 3000 déclarations de soupçon reçues chaque année
Le phénomène du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme continue de représenter une menace majeure pour l’économie nationale, comme l’ont souligné les participants à une journée d’étude organisée hier par la Cour d’Alger. Cette rencontre, qui a rassemblé des représentants d’organismes et d’établissements financiers, économiques et sécuritaires, visait à renforcer la coordination entre les différents acteurs impliqués dans la lutte contre ces crimes. Le président de la Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF), Mohamed Saoudia, a révélé lors de cette journée que « la cellule reçoit chaque année 3.000 déclarations de soupçons de blanchiment d’argent », un chiffre qui témoigne de l’ampleur du problème et de l’importance des mécanismes de lutte mis en place. M. Saoudia a également insisté sur « l’importance de la coordination entre les différents intervenants dans leur traitement et lutte » contre ces crimes financiers. La présidente de la Cour d’Alger, Mme Douniazed Guellati, a évoqué dans son allocution d’ouverture « les efforts inlassables » consentis par la justice algérienne pour assurer « un climat économique sûr pour tous les acteurs de ce domaine », ainsi que les actions des « autres secteurs concernés par le développement de l’environnement de l’investissement, la lutte contre la corruption et la restitution des revenus de ses crimes de manière périodique ». Elle a rappelé que les crimes de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme font partie des « crimes complexes constituant une menace directe pour l’économie nationale, la sécurité des individus et des sociétés ». Selon Mme Guellati, la lutte contre ce type de criminalité « repose sur une approche globale garantissant la complémentarité entre la justice, le contrôle financier, la formation et la sensibilisation ». Elle a souligné que l’Algérie a réalisé « de grands pas » en matière de lutte contre les crimes financiers, notamment par « le renforcement de la conformité de la législation nationale aux normes internationales, notamment en ce qui a trait au renforcement des mécanismes de prévention, d’enquête et de confiscation, ainsi que l’élargissement des prérogatives de la cellule de renseignement financier ». Le procureur général près la Cour d’Alger, Mohamed El Kamel Ben Boudiaf, a quant à lui mis l’accent sur l’évolution de ces crimes, notant que « les auteurs de ces crimes ont désormais recours à des méthodes innovantes et aux outils technologiques ». Pour faire face à cette sophistication croissante, il a indiqué que l’Algérie a adopté « une approche multidimensionnelle reposant sur le renforcement du cadre législatif et réglementaire, conformément aux normes internationales ». M. Ben Boudiaf a également relevé la nécessité de « poursuivre les efforts de lutte contre cette forme de criminalité, en collaboration avec la société civile, en matière de sensibilisation ». À l’issue de cette journée d’étude, plusieurs recommandations ont été formulées par les participants, notamment « l’appel à la création d’un réseau national unifié chargé de recouper les informations financières » et « la formation d’un réseau national regroupant des analystes financiers et des experts dans ce domaine », des mesures qui visent à renforcer l’efficacité du dispositif national de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Amar Malki