Un colloque international dédié ouvre le mois du patrimoine: L’IA au service de la valorisation du patrimoine national
L’Algérie affiche l’ambition de préserver son héritage ancestral tout en s’inscrivant résolument dans la modernité technologique du XXIe siècle, faisant ainsi du patrimoine non pas un vestige figé du passé mais un vecteur dynamique d’innovation et de développement culturel.
La convergence entre préservation du patrimoine culturel et technologies numériques de pointe a été au cœur d’un colloque international qui s’est ouvert ce samedi à Alger, marquant le lancement officiel du mois du patrimoine 2025. Cette rencontre d’envergure, intitulée « Le patrimoine culturel à l’ère de l’IA : entre sauvegarde et innovation », réunit experts algériens et étrangers pour explorer les opportunités offertes par l’intelligence artificielle dans la protection et la valorisation du patrimoine national. C’est dans le cadre emblématique de l’École nationale supérieure d’intelligence artificielle (ENSIA) de Sidi Abdellah que se déroule cet événement, symbole de l’engagement de l’Algérie vers la modernité technologique. Le ministre de la Culture et des Arts, M. Zouhir Ballalou, a présidé la cérémonie d’ouverture en présence de nombreux représentants ministériels et d’institutions spécialisées, soulignant l’importance stratégique de cette initiative qui s’inscrit dans une vision nationale ambitieuse.
Dans son allocution inaugurale, le ministre a rappelé le cadre constitutionnel qui guide l’action de l’État en matière de patrimoine : « L’Algérie, sous la direction éclairée du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, accorde une grande importance à la protection du patrimoine culturel, conformément à l’article 76 de la Constitution, qui dispose que l’État protège le patrimoine culturel national matériel et immatériel et œuvre à sa sauvegarde. » Aussi, face aux mutations technologiques contemporaines, M. Ballalou a souligné l’inévitabilité de l’adoption des nouvelles technologies : « Le monde d’aujourd’hui connaît de grandes transformations technologiques, où l’IA s’impose désormais comme une nécessité inéluctable. » Le ministre n’a pas manqué de mettre en exergue « les progrès substantiels » déjà réalisés par l’Algérie dans plusieurs domaines numériques essentiels, notamment « en matière de numérisation, de généralisation des services numériques et de construction de bases de données sécurisées. » La dimension concrète de cet engagement technologique s’illustre par un programme ambitieux de transformation numérique dans le secteur culturel. « Le secteur de la culture a inscrit 12 projets dans le Plan national de numérisation, » a révélé le ministre, précisant que « certains ont déjà été concrétisés tandis que d’autres sont en cours de réalisation. » Cette approche progressive mais déterminée montre la volonté des autorités de faire de la numérisation un levier efficace pour la préservation et la diffusion du patrimoine. Au-delà des aspects techniques, M. Ballalou a tenu à rappeler la finalité profondément sociale et culturelle de ces innovations : selon lui, la transformation numérique est « un moyen qui permet d’atteindre un noble objectif : la démocratisation de la culture pour que toutes les catégories de la société puissent y accéder. »
L’intégration des efforts sectoriels dans une stratégie nationale cohérente a également été soulignée par le ministre, qui a précisé : « Conformément aux orientations du président de la République, le ministère de la Culture et des Arts, à l’instar des autres départements ministériels, est engagé dans la Stratégie nationale de l’intelligence artificielle selon un plan reposant sur plusieurs axes principaux, dont le soutien à la recherche scientifique dans le domaine de l’IA, l’encouragement de la création de start-up et la mise à contribution des universités, des centres de recherche et de la société civile. » Cette approche écosystémique, mobilisant recherche, entrepreneuriat et société civile, illustre la volonté de créer un environnement favorable à l’innovation dans le domaine patrimonial. L’organisation de ce colloque en collaboration avec l’ENSIA, institution de référence en matière d’intelligence artificielle en Algérie, témoigne d’une démarche interdisciplinaire ambitieuse. Les communications programmées durant cette rencontre internationale explorent diverses applications de l’IA dans la documentation, la restauration, la numérisation 3D et la valorisation touristique du patrimoine culturel algérien. Les discussions aborderont également les enjeux éthiques et les défis techniques liés à l’utilisation de ces technologies avancées dans un domaine aussi sensible que celui du patrimoine.
Ce colloque international, qui s’étend sur deux jours, constitue l’événement phare du lancement du mois du patrimoine, période traditionnellement riche en manifestations culturelles à travers tout le territoire national. Il reflète la double ambition de l’Algérie de préserver son héritage ancestral tout en s’inscrivant résolument dans la modernité technologique du XXIe siècle, faisant ainsi du patrimoine non pas un vestige figé du passé mais un vecteur dynamique d’innovation et de développement culturel.
Mohand Seghir