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Bruxelles mise sur un partenariat stratégique avec l’Algérie

Bruxelles cherche à renforcer sa position stratégique face à une compétition internationale accrue. Cette semaine même, Alger a accueilli des délégations économiques russes, saoudiennes, omanaises, chinoises et malaisiennes venues signer des accords stratégiques, illustrant l’attrait croissant du marché algérien pour les puissances mondiales.

Le programme de partenariat pour l’investissement durable entre l’Union européenne et l’Algérie s’est achevé hier lors d’une conférence intitulée « Algérie-UE : Nouvelles dynamiques d’investissement et perspectives de coopération dans un monde en mutation ». Lancé en septembre 2023 avec le ministère des Affaires étrangères et l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), ce programme vise à stimuler les investissements directs européens en Algérie dans un contexte où Bruxelles cherche à renforcer sa position stratégique face à une compétition internationale accrue. Cette semaine même, Alger a accueilli des délégations économiques russes, saoudiennes, omanaises, chinoises et malaisiennes venues signer des accords stratégiques, illustrant l’attrait croissant du marché algérien pour les puissances mondiales. Cette conférence a d’ailleurs permis de mettre en avant la nature stratégique de la coopération entre Alger et Bruxelles.  « La construction d’un partenariat stratégique dans le domaine de l’investissement entre l’Algérie et ses partenaires de l’Union européenne n’est plus une option mais une nécessité, particulièrement dans le contexte des profondes transformations géo-économiques mondiales », a ainsi déclaré Omar Rekkache, Directeur général de l’AAPI, soulignant l’importance cruciale de ce rapprochement. Il a précisé que ce programme a servi de « plateforme importante pour accroître la visibilité de l’AAPI et promouvoir l’Algérie comme destination d’investissement privilégiée », tout en permettant « un dialogue stratégique et un travail de terrain pour renforcer la coopération en matière d’investissement entre les deux parties ». Le programme a abouti à des résultats tangibles avec l’élaboration d’une étude stratégique sur les chaînes de valeur à fort potentiel pour le « nearshoring » et l’organisation de 14 missions exploratoires dans les capitales européennes. Ces actions ont permis de présenter l’Algérie comme « une destination prometteuse et fiable pour les investissements directs européens, notamment dans le contexte de raccourcissement des chaînes d’approvisionnement et de renforcement de la production à proximité du marché européen », a ajouté Rekkache. Il a insisté sur la nécessité de passer désormais « de la phase de diagnostic et d’études à celle de réalisation et d’investissement effectif », transformant le dialogue en « projets concrets qui contribuent à créer de la valeur ajoutée et à renforcer la compétitivité de l’économie algérienne ».

L’impératif d’un partenariat équilibré

Stefano Sannino, Directeur pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord à la Commission européenne, a salué le succès du programme, estimant qu’il « a contribué de manière concrète à renforcer le partenariat entre l’Algérie et l’Union européenne, principal partenaire économique et investisseur du pays ». Il a annoncé que « plusieurs initiatives similaires sont en préparation en coordination avec le Ministère des Affaires étrangères et l’AAPI » visant à « attirer davantage d’investissements européens en Algérie, faciliter le commerce bilatéral et accompagner l’accès des entreprises algériennes au marché européen ». Ses propos témoignent de la volonté européenne d’intensifier ses relations économiques avec Alger dans un contexte où d’autres puissances manifestent un intérêt croissant pour le marché algérien. Toufik Djouamaa, Directeur général pour l’Europe au Ministère des Affaires étrangères algérien, a mis en évidence « la nécessité de travailler ensemble pour encourager les investissements européens en Algérie conformément aux priorités nationales algériennes et à la vision européenne pour le développement de la région méditerranéenne ». Il a souligné que « le niveau des investissements européens en Algérie reste limité par rapport au volume des échanges commerciaux, ce qui nécessite un travail conjoint pour encourager et renforcer ces investissements, d’autant que l’Algérie possède de nombreux atouts qui en font un hub régional dans les chaînes de valeur européennes ». Il a également annoncé le lancement prochain d’un nouveau programme de facilitation des investissements dans le cadre des efforts continus visant à améliorer le climat des affaires. Selon Abderrahmane Hadef, responsable du projet, 53 entreprises européennes ont déjà manifesté leur intérêt pour investir en Algérie à court et moyen terme, proposant des projets dans divers secteurs, ce qui illustre l’attrait grandissant du marché algérien pour les investisseurs européens face à la concurrence internationale. Kamel Moula, président du Conseil du renouveau économique algérien, a pour sa part évoqué « l’énorme potentiel de coopération entre l’Algérie et l’Union européenne », soulignant que « le partenariat entre les deux parties doit se faire sur la base d’une relation gagnant-gagnant, en toute transparence et sans préjudice pour aucune partie, en s’appuyant sur la consultation et la négociation pour une coopération efficace ». Un engagement qui reflète la volonté algérienne de développer des relations économiques équilibrées avec l’Europe.

Un intérêt marqué pour les énergies renouvelables et les terres rares

La coopération énergétique est une autre facette de ce partenariat stratégique. Ainsi, parallèlement à la clôture du programme de partenariat, Noureddine Yassaâ, Secrétaire d’État chargé des Énergies renouvelables, a reçu mardi Stefano Sannino pour discuter du renforcement de la coopération dans le domaine des énergies nouvelles et renouvelables. Les discussions ont porté sur « l’évaluation des progrès réalisés en matière de coopération bilatérale, notamment dans les domaines du développement de projets d’énergies renouvelables et d’hydrogène vert, ainsi que le soutien à la transition énergétique et la promotion de l’efficacité énergétique ». Les deux parties ont également abordé « des projets ambitieux en cours de développement », comme l’interconnexion électrique « Medlink » visant à renforcer la connexion énergétique entre l’Algérie et l’Europe, et le corridor sud de l’hydrogène « South H2 Corridor » pour l’exportation d’hydrogène vert via l’Italie, l’Allemagne et l’Autriche vers le marché européen. Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre du « Nouveau Pacte pour la Méditerranée » porté par l’UE.

Un point particulièrement notable de cette rencontre a été l’exploration des « possibilités d’élargir la coopération au secteur des ressources minières rares, un élément essentiel dans le développement et le stockage de l’énergie renouvelable », ainsi que l’examen des « voies et moyens de promouvoir l’investissement dans ce domaine prometteur ». Un élément qui suscite un vif intérêt de la part de l’UE qui cherche à sécuriser ses approvisionnements en terres rares qui sont une ressource stratégique aujourd’hui. Sannino a d’ailleurs salué « l’évolution positive des relations bilatérales » et reconnu le rôle de l’Algérie comme « partenaire fiable et stratégique dans la région », réaffirmant « la disposition de l’UE à poursuivre le dialogue et à renforcer la coopération dans de nouveaux domaines du secteur énergétique, dans l’intérêt mutuel des deux parties ».

Samira Ghrib

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