Le hashtag « Tebboune, ne va pas en Irak » devient viral
Un phénomène secoue les réseaux sociaux depuis le début de la semaine. Le hashtag « Tebboune, ne va pas en Irak » s’est propagé comme une traînée de poudre, révélant une inquiétude collective rarement exprimée concernant la sécurité du Président en prévision d’un déplacement en Irak pour le sommet arabe prévu à la mi-mai. « Ammi Tebboune, n’allez pas en Irak » s’est rapidement propagé sur la plateforme X (anciennement Twitter) et d’autres réseaux sociaux, créant un phénomène viral.
La télévision algréienne a ainsi livré hier une analyse de ce mouvement spontané, soulignant que ce hashtag ne traduirait pas une opposition à la participation de l’Algérie au sommet arabe, mais exprimerait plutôt « l’unité du peuple autour de son président » et constituerait « une preuve éclatante du soutien populaire aux décisions et positions du président Tebboune ». Le média souligne par ailleurs que cette mobilisation en ligne témoigne de l’inquiétude sincère des Algériens pour la sécurité de leur dirigeant « dans une conjoncture régionale complexe », tout en rappelant « l’estime particulière » que porte le peuple algérien au peuple irakien.
La télévision souligne d’ailleurs que ce phénomène reflète un « élan populaire spontané » qui démontre la « solide relation entre le président et son peuple » – un lien que « plusieurs responsables à travers le monde ne peuvent plus revendiquer ».
Cette mobilisation intervient dans un contexte régional effectivement tendu. L’Irak, malgré des efforts de stabilisation, reste confronté à des défis sécuritaires importants avec la présence de groupes armés et les tensions géopolitiques qui traversent le Moyen-Orient.
En arrière-plan de cette campagne digitale se dessine aussi la mémoire douloureuse de l’attentat qui avait visé le cortège présidentiel du défunt président égyptien Hosni Moubarak lors d’un déplacement en Éthiopie en 1995, un événement qui avait marqué les esprits dans la région.
Les inquiétudes ne se limitent pas aux souvenirs douloureux. Pour de nombreux commentateurs, l’Irak contemporain représente une « zone grise » où s’affrontent les services de renseignement du monde entier. « Quand le président algérien entre sur le territoire irakien, il ne pénètre pas dans un État pleinement souverain, mais dans une région où s’affrontent les agences de renseignement mondiales sous la table », écrit un internaute.
« De Washington à Téhéran, de Tel-Aviv à Ankara… chacun y plante ses espions. Chacun possède la gâchette. Et chacun cherche une séquence en direct qui pourrait embraser le Moyen-Orient », poursuit-il.
Fait notable, cette campagne virtuelle ne traduit aucune hostilité envers l’Irak, bien au contraire. Comme le soulignent plusieurs observateurs, l’Irak demeure « le pays arabe le plus cher aux Algériens après la Palestine ». Le président irakien Abdel Latif Jamal Rachid figurait d’ailleurs parmi les premiers dirigeants à participer au sommet d’Alger en 2022, et était également présent au sommet du gaz organisé en Algérie en mars 2024.
Les Algériens insistent : leur appel à décliner l’invitation irakienne s’appuie uniquement sur « des circonstances régionales extrêmement difficiles aux risques incalculables », rendant le déplacement présidentiel « aventureux ».
Chokri Hafed