Les messages de Tebboune
La visite d’inspection menée jeudi par le président de la République Abdelmadjid Tebboune dans la wilaya de Béchar s’inscrit dans une stratégie globale de développement du territoire national, avec une attention particulière accordée aux régions du Sud. Entre inaugurations de projets structurants, rencontres avec la société civile et discours engagés, cette journée a été l’occasion pour le chef de l’État de réaffirmer sa vision d’une Algérie souveraine, prospère et solidaire. Au-delà des infrastructures inaugurées, c’est toute une philosophie politique qui s’est dessinée à travers les différentes étapes de cette visite, marquée par un accueil populaire particulièrement chaleureux.
Infrastructures stratégiques : un Sud connecté et industrialisé
Le projet phare de cette visite présidentielle a incontestablement été l’inauguration de la ligne ferroviaire Béchar-Abadla, un tronçon de 100 kilomètres s’inscrivant dans le cadre du mégaprojet ferroviaire Béchar-Tindouf-Gara Djebilet d’une longueur totale de 950 km. Cette infrastructure majeure représente bien plus qu’un simple moyen de transport : elle incarne la volonté de l’État d’intégrer pleinement les régions sahariennes dans le tissu économique national et de valoriser leurs immenses ressources naturelles. Lors de son discours inaugural, le Président Tebboune n’a pas caché sa satisfaction face à cette réalisation qu’il a qualifiée de « rêve devenu réalité », tout en rendant hommage aux « travailleurs et cadres ayant contribué à cette réalisation qui permettra d’exploiter ce grand gisement et ce qu’il génèrera comme activité économique ». Le chef de l’État a également exprimé son ambition de « continuer à travailler avec la même dynamique, afin d’étendre la ligne ferroviaire jusqu’à la wilaya d’Adrar, et d’El Meniâa jusqu’à Tamanrasset », esquissant ainsi une vision à long terme d’un réseau ferré saharien complet.
Dans la continuité de cette approche, le président a procédé à la pose de la première pierre du complexe de production de concentré et de boulettes de minerai de fer dans la région de Toumiat à Béchar. Ce projet industriel d’envergure s’inscrit dans le cadre de l’exploitation du gisement de Gara Djebilet, l’un des plus importants au monde, et témoigne de la volonté de l’État d’aller au-delà de la simple extraction de matières premières pour développer sur place une véritable filière de transformation créatrice de valeur ajoutée et d’emplois.
Sécurité hydrique : une nouvelle approche face aux défis climatiques
La gestion des ressources en eau constitue un enjeu crucial pour l’avenir des régions sahariennes confrontées au défi du changement climatique. La mise en service de la station de pompage Guetrani 2 et de la station d’épuration des eaux usées de Béchar illustre l’importance accordée par les autorités à cette problématique. La station de pompage, élément central du mégaprojet de transfert des eaux albiennes, représente une prouesse technique avec ses 26 puits de 550 mètres de profondeur, ses trois grandes stations de pompage d’une capacité de 926 litres/seconde et son réservoir d’eau de 20.000 m³. Ce système sophistiqué, fonctionnant grâce à un système d’exploitation automatisé basé sur la technologie de la fibre optique, garantit l’approvisionnement en eau potable des villes de Béchar, Abadla et Kenadsa.
Quant à la station d’épuration, s’étendant sur 14 hectares et dotée d’un système de traitement tertiaire utilisant une technologie de pointe, elle permet de traiter quotidiennement 55.000 m³ d’eaux usées destinées à l’agriculture. Sur ce sujet, le président Tebboune s’est montré particulièrement explicite : « Nous avons opté pour la solution des transferts des eaux, compte tenu des défis posés par l’assèchement des barrages, des défis qui se sont intensifiés et qui sont confirmés par les études internationales ». Il a également précisé sa stratégie globale : « Nous avons opté pour des solutions comme l’interconnexion des barrages afin de surmonter le problème du manque d’eau, notamment les barrages des régions Est et Centre, en sus de la solution du dessalement de l’eau de mer ». Tout en saluant la station d’épuration comme « une réalisation majeure », le président a insisté sur « la nécessité de lutter contre le gaspillage de l’eau, car l’avenir comporte de grands défis auxquels il convient de s’adapter ».
Éducation, sport et qualité de vie : des investissements pour l’avenir
La diversité des projets inaugurés lors de cette visite témoigne d’une approche globale du développement territorial. L’inauguration de la nouvelle Faculté de médecine à l’Université Tahri Mohamed de Béchar, d’une capacité de 2.000 places pédagogiques, vient renforcer l’offre d’enseignement supérieur dans la région et contribuer à la formation d’un personnel médical qualifié, essentiel pour améliorer l’accès aux soins dans ces territoires.
Le lancement d’un complexe sportif ultramoderne, premier du genre dans le Sud du pays, démontre également la volonté d’offrir aux habitants des infrastructures de qualité dans tous les domaines. Ce complexe impressionnant comprend un stade couvert de 25.000 places, une piscine semi-olympique couverte et un terrain d’athlétisme de 6.500 places, le tout doté des équipements les plus récents en matière de sécurité.
Dans une perspective d’amélioration des transports urbains, le président a par ailleurs annoncé « l’élaboration prochaine d’une étude pour la réalisation d’un projet de tramway à Béchar, comme celui de Ouargla, afin de fluidifier la circulation dans la ville », confirmant son engagement à développer des solutions de mobilité durables et adaptées aux besoins locaux.
« Il nous est interdit d’hypothéquer la souveraineté nationale »
Au-delà des aspects purement matériels, la visite présidentielle a été l’occasion de réaffirmer les principes fondamentaux qui guident l’action de l’État. Lors de sa rencontre avec les représentants de la société civile, dont il a écouté attentivement les préoccupations, le président Tebboune a réitéré son « engagement à améliorer les conditions de vie des citoyens à travers l’ensemble du territoire grâce aux projets déjà en cours et à ceux qui seront lancés », avant de préciser : « Je soutiens toute initiative de nature à faciliter la vie des citoyens ». Un accent particulier a été mis sur la souveraineté financière du pays et son impact sur la politique étrangère. « Nous agissons en fonction de nos besoins, sans avoir recours à l’endettement extérieur », a souligné le président, expliquant que ce choix permet à l’Algérie de ne pas être réduite au silence « lorsqu’il s’agit de défendre les causes justes dans le monde comme les causes palestinienne ou sahraouie ». Cette affirmation s’est accompagnée d’une mise en garde solennelle : « Il nous est interdit d’hypothéquer la souveraineté nationale ».
Sur le plan économique, le président s’est montré optimiste, rappelant que « le taux de croissance national frôle aujourd’hui les 4%, et il est éligible à la hausse », et soulignant que « la poursuite des efforts, en s’appuyant sur le dynamisme économique, réduira le taux de chômage ».
Une communion avec la population
Cette visite a également été marquée par un accueil populaire particulièrement chaleureux, les citoyens étant « allés spontanément à la rencontre du président de la République, démontrant ainsi l’adhésion des enfants de la région au projet d’édification d’un État fort et victorieux ». De leur côté, les représentants de la société civile ont affirmé que « l’Algérie, forte de son Président, de ses jeunes, de ses hommes et de ses femmes, est désormais victorieuse et souveraine dans ses décisions », tandis que les jeunes ont « fait part de leur soutien au président de la République, ainsi que de leur disposition à relever tous les défis, assurant que l’Algérie passe avant tout ».
Cette visite présidentielle à Béchar illustre parfaitement la vision d’un développement territorial équilibré, respectueux des spécificités locales et orienté vers le bien-être des citoyens. À travers les projets inaugurés et les discours prononcés, se dessine l’image d’une Algérie qui entend valoriser l’ensemble de ses ressources, humaines et naturelles, tout en préservant jalousement sa souveraineté dans un monde en mutation. Pour reprendre les mots du président Tebboune, « Ainsi, notre génération aura accompli son devoir, après que celle de la glorieuse Révolution de libération eut accompli le sien en libérant le pays ».
Hocine Fadheli