Le « Canon de la médecine » d’Avicenne inscrit au patrimoine mondial: Un trésor médical millénaire
Un colloque scientifique d’envergure s’est tenu dimanche à Alger, réunissant chercheurs et spécialistes autour du manuscrit d’Avicenne « Le Canon de la médecine », récemment inscrit au prestigieux « Registre de la Mémoire du monde » de l’UNESCO. Cette reconnaissance internationale vient couronner les efforts de l’Algérie qui avait porté cette candidature en 2023, dans le but de valoriser l’importance et l’impact scientifique exceptionnel de ce document historique conservé à la Bibliothèque nationale d’Algérie.
Lors de cet événement organisé au siège de la Bibliothèque nationale, les participants ont unanimement souligné la portée scientifique, historique et civilisationnelle de ce manuscrit médical rare qui représente un jalon fondamental dans l’histoire de la médecine mondiale. Le directeur général de la Bibliothèque nationale, M. Mounir Behadi, a particulièrement mis en exergue l’importance de cet « ouvrage scientifique précieux qui représente un témoignage exceptionnel de l’évolution de la médecine au Moyen âge », ajoutant que ce manuscrit rare « tire sa valeur scientifique et historique de son contenu médical et de la notoriété de son célèbre propriétaire, Muwaffaq al-Din Ibn al-Mutran (Assaad ibn Ilyas ibn Jirjis), médecin personnel du sultan Salah al-Din al-Ayyubi (1138–1193) ». M. Behadi a également rappelé que cet ouvrage qui est une composante du patrimoine documentaire algérien « revêt une portée historique, civilisationnelle et humaine ». La responsable du département des manuscrits et ouvrages rares à la Bibliothèque nationale, Mme Fatouma Ben Yahia, n’a pas manqué de souligner l’exceptionnelle valeur de ce document, précisant que ce manuscrit est considéré comme l’un des plus fiables du « Canon de la médecine », ayant été révisé par Ibn al-Mutran lui-même, figure éminente de la médecine médiévale et médecin personnel du célèbre Salah al-Din al-Ayyubi.
Le quatrième volume du « Canon de la médecine », œuvre majeure d’Avicenne (Ibn Sina, 980-1037), philosophe et médecin persan, constitue une encyclopédie médicale qui a révolutionné la pratique de la médecine pendant près de cinq siècles, tant en Orient qu’en Occident. Traduit en latin dès le XIIe siècle, ce traité a servi de référence dans les universités européennes jusqu’au XVIIe siècle, témoignant de l’influence déterminante de la science arabo-musulmane sur le développement des connaissances médicales modernes. L’exemplaire conservé en Algérie revêt une importance particulière en raison de son authenticité, de son état de conservation et de sa provenance illustre.
Cette inscription au Registre de la Mémoire du monde représente une reconnaissance internationale de la richesse du patrimoine documentaire algérien et souligne l’engagement du pays dans la préservation et la valorisation de ses trésors historiques. Elle offre également une occasion précieuse de mettre en lumière la contribution significative des savants musulmans à l’histoire des sciences médicales, à une époque où les échanges de connaissances entre les civilisations ont permis des avancées considérables dans de nombreux domaines scientifiques.
Le colloque d’Alger reflète ainsi les efforts la valorisation de ce patrimoine inestimable et ouvre la voie à de futures recherches sur ce manuscrit exceptionnel, désormais reconnu comme patrimoine commun de l’humanité. Cette reconnaissance devrait également encourager d’autres initiatives visant à préserver et à mettre en valeur d’autres trésors documentaires conservés dans les bibliothèques et archives algériennes, témoins silencieux mais éloquents d’une histoire riche et d’un héritage culturel et scientifique millénaire.
Mohand Seghir