Culture

Le recteur de Djamaâ El Djazaïr y présente une conférence: L’héritage universel de l’Émir Abdelkader illumine l’université d’Oxford

Dans le cadre prestigieux de l’université d’Oxford, le recteur de Djamaâ El Djazaïr, Cheikh Mohamed Maâmoun Al Kacimi Al Hoceini, a livré ce lundi une conférence remarquable sur la pensée universelle de l’Émir Abdelkader, figure emblématique de l’histoire algérienne du XIXe siècle.

Invité par le Centre pour les études islamiques d’Oxford, le Cheikh Al Kacimi a présenté devant un parterre d’universitaires et de chercheurs une réflexion approfondie sur la pertinence contemporaine des valeurs portées par cette personnalité historique. En présence de l’ambassadeur d’Algérie au Royaume-Uni, M. Nourredine Yazid, et du directeur du Centre d’Oxford pour les études islamiques, Dr Farhan Nizami, cette intervention a mis en lumière une approche humaniste particulièrement pertinente dans notre monde troublé. Le recteur a centré son propos sur « le système de valeurs et de positions qui a guidé la vie et le parcours de l’Émir Abdelkader », soulignant que la pensée de cette grande figure « peut encore éclairer la façon d’aborder les défis de notre époque dans un monde aux équilibres perturbés, chargé de crises ». Dans un contexte international marqué par les tensions et les conflits, cette réflexion résonne avec une acuité particulière, proposant une « approche inductive, éthique et spirituelle de la paix comme concept global ». L’originalité de la conférence tient notamment à l’analyse du parcours multidimensionnel de l’Émir Abdelkader. Selon Cheikh Al Kacimi, « son destin n’était pas d’être simplement un savant, un penseur ou un soufi, mais également un chef de guerre et un stratège hors pair dans le contexte de l’épopée de résistance à l’invasion française ». Cette complexité fait de l’Émir une figure d’autant plus inspirante qu’elle transcende les catégories simplistes. Le recteur a ainsi souligné la profondeur de vision de l’Émir qui « avait compris, dès le début, que la résistance à l’occupation n’était pas seulement une bataille militaire, mais aussi une résistance spirituelle, morale et culturelle ». Cette conception holistique de la résistance s’accompagnait d’une éthique rigoureuse, l’Émir croyant fermement que « la victoire ne s’obtenait pas seulement par la force, mais aussi par la justice, la discipline et la maîtrise des éléments de supériorité ». « L’insistance de l’Émir sur le traitement humain des prisonniers, sur le respect des non-musulmans et même sur la protection des civils en temps de guerre, avait suscité l’admiration de tous ceux qui le connaissaient, directement ou par réputation, y compris ses adversaires européens », a-t-il ajouté. Le recteur a ainsi affirmé que « son respect du droit humanitaire, même avant que ce concept n’existe dans les lois internationales positives modernes, lui a valu une place éminente dans la conscience de l’Histoire ». Cette dimension précurseur du droit international humanitaire constitue sans doute l’un des héritages les plus significatifs de l’Émir pour notre temps. Le conférencier a également abordé la conception du djihad selon l’Émir, un point particulièrement important dans le contexte contemporain. Il a ainsi expliqué que la vision de l’Émir « corrige sa véritable signification et le libère des stéréotypes qui ne font pas la distinction entre l’Islam comme référence et ses utilisations dans différents contextes ». Selon le recteur, l’Émir considérait que « le djihad en Islam n’a été prescrit que pour repousser l’agression, protéger la liberté des patries, sécuriser la croyance et préserver la dignité humaine ». Cette conception défensive et respectueuse de la dignité humaine constitue un antidote puissant aux interprétations extrémistes qui circulent aujourd’hui. Un autre épisode marquant évoqué par le Cheikh Al Kacimi concerne l’intervention de l’Émir lors des violences sectaires à Damas en 1860. Alors installé en Syrie après sa résistance contre la France, l’Émir entreprit de protéger des milliers de chrétiens menacés, y compris le consul britannique et sa famille, ce qui lui valut la reconnaissance de la reine Victoria. Cet acte d’humanité transcendant les clivages religieux illustre parfaitement la grandeur morale de cette figure historique. En conclusion de son intervention, le recteur de Djamaâ El Djazaïr a exprimé sa conviction que « l’héritage de l’Émir Abdelkader dans la construction de la paix reste d’une pertinence remarquable pour notre monde contemporain ». Il a évoqué une vision de la paix non pas comme « une fin ultime, mais comme une dynamique continue, un engagement personnel et collectif qui se renouvelle et s’adapte constamment, et qui exige une perspicacité et un courage moral non moins importants que le courage politique ». Cette conception dynamique et exigeante de la paix offre une réflexion précieuse dans un monde où la recherche de solutions durables aux conflits contemporains demeure un défi majeur.

Mohand Seghir

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